Pourquoi boit-on de l’alcool ou consomme-t-on des produits ? Qu’est-ce qui nous pousse ou nous freine à consommer une certaine quantité d’une substance ? Il n’est pas toujours facile de répondre précisément à ces questions, mais on renvoie souvent à trois facteurs qui jouent un rôle et s’influencent mutuellement en se basant sur le triangle du Docteur Olievenstein. Il s’agit de la personne, du produit et du contexte.
Le triangle multifactoriel est un concept élaboré par un psychiatre français, le docteur Claude Olievenstein, spécialisé dans le traitement de la toxicomanie et précurseur de l’addictologie contemporaine. On le surnommait le « psy des toxicos ».
Ce triangle est un outil qui permet d’appréhender la consommation des produits (au sens large, c’est-à-dire légaux ou pas) dans une vision globale, en tenant compte à la fois de l’individu qui consomme et de ses caractéristiques personnelles, de la nature du produit et enfin du contexte dans lequel cette consommation a lieu.
En articulant les trois axes du triangle, on peut déterminer le sens que peut revêtir la consommation. L’usager d’un produit est-il plutôt dans une consommation expérimentale ? Festive ? Autothérapeutique ? Pathologique ?… Il devient alors possible de déterminer si le consommateur est dans une consommation problématique ou pas, et d’évaluer les risques liés à sa consommation au travers de l’analyse de facteurs de risque liés à chacun des éléments de ce triangle.
Il sera possible de proposer une stratégie d’intervention unique, évitant ainsi l’écueil de la stigmatisation et permettant de donner du sens à la consommation, sachant que celle-ci peut évoluer dans le temps sur un continuum allant de l’abstinence à la consommation chronique, et donc à la dépendance.
Il existe toujours plusieurs « portes d’entrée » pour comprendre une consommation. Le triangle multifactoriel permet d’intégrer différents courants d’influence qui déterminent notre manière de voir les choses. Ainsi, l’intégration de l’approche médicale, psychologique et sociologique apporte un éclairage plus global et plus nuancé sur la question des dépendances. Une approche centrée uniquement sur le traitement médical risque de passer à côté d’autres éléments tout aussi importants, et donc de diminuer l’efficacité de la prise en charge de l’usager de drogues.
