La peur de voir son ingénue progéniture tomber sous le joug de la Drogue avec un grand D est un des leviers utilisés par les politiques pour gratter des voix. La presse et son ton toujours mesuré et l’industrie cinématographique avec ses gros sabots ont fini d’enfoncer dans l’inconscient collectif plusieurs idées fausses ou fallacieuses qui desservent à peu près tout le monde. Petit survol d’œuvres abordant ces thématiques en essayant d’en extraire dix conseils pour parents inquiets et mal renseignés.
Les années 1960 ont apporté leur lot de bouleversements sociétaux, en matière de drogue et de sexualité notamment. On se souvient du côté Flower Power, de la libération sexuelle ainsi que de Woodstock. Mais les 60’s aux USA et en Europe, c’est aussi la French Connection, la guerre froide, l’Indochine, le Vietnam, le mur de Berlin, les révoltes de mai 68 et les premières discussions qui allaient entraîner la guerre aux drogues et aux drogués grâce à Nixon et à la loi Mariani. Dès lors la pop-culture s’est faite outil de prévention presque malgré elle avec des discours parfois bancals.
Attention, Spoilers.
N’hésitez pas à faire tourner à vos proches ou à nous écrire sur nos réseaux sociaux si jamais vous avez d’autres idées de films, livres, séries auxquels on ferait bien de s’intéresser.
Ne laissez pas votre enfant se dépatouiller seul avec son orientation sexuelle et ne laissez pas vos propres addictions lui donner un mauvais exemple, comme dans Moonlight…
Dans ce film (auréolé de l’Oscar du meilleur film, du meilleur acteur et du meilleur scénario adapté en 2016) qui raconte la vie de Chiron à trois étapes de sa vie (enfant, ado et jeune adulte). C’est un jeune homme homosexuel qui traverse de manière compliquée ses premieres expériences et qui n’est pas aidé par sa maman dépendante à la cocaine basée (crack). À la fin du film, Chiron, adulte, est devenu dealer après un passage en maison de redressement.
Ne jetez pas vos enfants à la rue, comme dans le film Basketball Diaries…
Le film Basketball Diaries est porté par le jeune Leonardo DiCaprio, dont le personnage évolue dans un milieu pauvre avec une mère très croyante. À peu près au moment où il est agressé sexuellement par un adulte en qui il avait confiance, il découvre la drogue et se met à faire de plus en plus de bêtises. Sa mère le jette rapidement hors de son foyer, il enchaîne alors la petite criminalité et les usages de drogue de plus en plus dangereux à une époque où l’épidémie de VIH fait de nombreux morts.
Soutenez les victimes de violences sexuelles, pas comme dans le film Les Chatouilles…
Les chatouilles, c’est un film français sorti en 2018 qui est réalisé, joué et adapté du spectacle lui-même issu de l’expérience personnelle de la réalisatrice Andréa Bescond. On y suit Odette à la fois adulte en quête de reconstruction et enfant alors que son enfance est démolie par un adulte qui l’agresse sexuellement pendant des années. Ami de la famille, le coupable s’en sort bien jusqu’à ce que la jeune femme décide de porter plainte. On y suit ses nombreux échanges avec sa psychologue ainsi que des flashback entremêlés de scènes de rêveries où Odette adulte console son double encore enfant. Lors de la révélation de l’histoire aux parents, la mère (incarnée par Karin Viard – impeccable et détestable à la fois) accuse sa fille d’en faire trop et se ferme avec violence. Odette, du temps où elle gardera le secret, vivra de nombreux tourments avec les drogues et les conduites addictives.
Ne laissez pas traîner les médicaments, comme dans la série Euphoria…
Euphoria met en scène les tribulations d’une dizaine d’adolescent·es (incarnés par des comédiens au moins dans la vingtaine). C’est une série américaine très graphique à l’univers visuel hyper léché qui laisse la part belle au réalisme émotionnel. La personnage principale incarnée par Zendaya est dans la tourmente avec une forte dépendance aux drogues et médicaments. Dépendance entamée avec les médicaments antidouleur de son père mourant non surveillés. On sait que c’est une porte d’entrée commune dans les états de conscience modifiés et les conduites addictives. Une fois la source tarie et l’envie grandissante, il est très simple pour des ados malins de trouver des fournisseurs de drogues illégales. Si la série souffre de certains écueils (comme l’hypersexualisation de ses personnages féminins), elle reste une belle illustration (spectaculaire et sensible) de certaines préoccupations de jeunesse mixées avec les drogues.
Soyez vigilant·es et conscient·es du harcèlement (scolaire, sexuel) et si votre progéniture est concernée, soutenez-la ! Pas comme dans le livre L’Herbe Bleue…
Ce livre est une immense arnaque intellectuelle, nous y avons d’ailleurs consacré une vidéo, mais dans les années 1970 et les décennies qui ont suivi, il était un outil de prévention très utilisé pour effrayer les jeunes générations. Dans ce livre en forme de faux journal intime, la narratrice (sans nom) raconte différents épisodes de sa vie. Dont le déracinement, le deuil, le harcèlement scolaire, le harcèlement scolaire qui déborde dans la vraie vie, la peur, une tentative d’empoisonnement, le viol, puis la mort… L’accent mis sur les drogues sert d’argument à toutes ces péripéties comme si la narratrice l’avait bien mérité. Ce qu’on pense, c’est que les drogues et les expériences limites servent d’exutoire à une jeune fille perdue et dans la tourmente. Les parents bienveillants ne semblent rien faire activement pour la soustraire au danger qui la guette. Intéressez-vous à vos mômes, surtout si ça ne va pas à l’école. Une bouteille de vodka et une barrette de shit sont plus faciles à trouver que du soutien, de l’écoute ou des actions concrètes pour sortir de la merde.
Ne laissez pas vos enfants être violés, ou au moins prenez soin d’eux, pas comme dans le film Mysterious Skin…
Dans le merveilleux et terrible film de Gregg Araki, deux jeunes hommes doivent gérer les conséquences d’agressions sexuelles subies par des adultes et l’absence d’aide de leurs parents. Adapté du livre du même nom et largement autobiographique de Scott Heim, le long-métrage met en image les troubles et les heurts provoqués par ce genre de violence. Deux personnages principaux, Neil et Brian, vivent de deux manières différentes les conséquences de ces actes : usage de drogues, mise en danger, reproduction des violences, prositution, rupture parentale (de parents négligents)…
Protégez vos enfants des prédateurs sexuels et ne les battez pas, comme dans le livre Moi, Christiane F., 13 ans, droguée prostituée…
Ce livre culte a marqué toute une génération et a donné plusieurs adaptations. Le livre est écrit par deux journalistes qui interviewent la jeune Christiane, une adolescente victime de pédocriminalité, en enquêtant sur le phénomène des mineurs toxicomanes sans domicile de la station de métro Zoo de Hambourg. La jeune Christiane F. captivera tant les reporters qu’un simple article finira édité en roman de plus de 200 pages. À travers le récit qui est fait, on comprend les abus, les violences, les négligences et les mécanismes d’influence qui profitent à la prédation et à la mise en danger des enfants. Christiane est toujours vivante et a publié la suite de son histoire dans son autobiographie en 2014.
Ne répétez pas à vos enfants qu’ils sont une immense déception, comme dans le film (et le livre) Zones Humides…
Le film allemand qui adapte le roman éponyme publié par Charlotte Roche est très beau mais à réserver aux spectateurs avertis. Des scènes un peu dégueues parsèment le récit de vie d’une jeune fille qui passe son temps à explorer les limites de son corps et de l’hygiène. Cela peut paraître abstrait mais au visionnage, c’est très clair. Pour autant, malgré un emballage un peu choc, c’est finalement l’histoire d’une jeune fille qui rêve de l’amour et notamment de voir ses parents dysfonctionnels s’aimer à nouveau pour former la parfaite famille à laquelle elle n’a jamais eu droit. Les déséquilibres parentaux et les murs d’une maison peuvent marquer pour toujours des esprits en construction. Nous n’avons pas lu le livre pour le moment, mais le film appuie vraiment sur l’idée qu’Helen provoque le sort dans le seul but que ses parents lui donnent enfin de l’attention et de l’amour.
Soyez attentifs à l’observance des traitements de vos enfants, pas comme dans la série Dopesick…
Portée par Michael Keaton et Rosario Dawson, la série américaine Dopesick retrace quinze ans de méfaits de la société Purdue Pharma sur le sol états-unien. Où comment le capitalisme dans sa plus vile expression a mis à mal (et pour longtemps) l’entièreté d’une société. La série suit plusieurs personnages qui ont affaire avec la société et l’Oxycontin®. L’exemple qu’on prendra ici est celui de la jeune Betsy Mallum. C’est une jeune femme qui bosse dans les mines dans une région rurale et ouvrière qui se blesse au travail et se voit préscrire un formidable antidouleur par son médecin de famille. Un antidouleur garanti sans accoutumance par le laboratoire (commerciaux à l’appui), alors au début, personne ne se méfie. Mais comme la durée d’action n’est pas très longue mais surtout que l’accoutumance est très rapide, Betsy augmente vite les doses. Et à mesure que les doses augmentent, les producteurs proposent des comprimés à plus haut dosage. Au moment où tout le monde capte que Betsy déraille (mais éprouve toujours les mêmes douleurs), l’accès au traitement lui est retiré. Sauf que le chaos fait bien les choses et qu’elle trouve rapidement de qui étouffer son manque avec des produits de la rue.
Soyez des adultes fonctionnels, équilibrés, présents et soutenants, et soignez vos propres blessures et conduites autodestructrices, pas comme dans la série Skins…
Skins est une série anglaise diffusée entre 2007 et 2013, qui a marqué plus d’une génération en décrivant le quotidien d’adolescent·es ayant des vies particulièrement compliquées. Avec 7 saisons d’une dizaine d’épisodes chacune, la série présente 3 générations d’ados. Une grande variété de personnages, riches et attachants qui ont quasiment tous et toutes pour point commun d’avoir des parents dysfonctionnels. Si la série est poussive, impossible de ne pas s’attacher à ces jeunes gens en rupture avec des modèles inexistants.
D’autres conseils
Comme ça, plus ancrés dans la vie réelle et moins dans la fiction :
- laissez vos enfants dormir correctement ;
- apprenez-leur à se fixer des limites et à comprendre la notion de danger ;
- permettez-leur de développer un esprit critique ;
- gardez-les en bonne santé mentale, ne les soumettez pas à du stress d’adulte ;
- offrez-leur de bon modèles de personnes qui veulent le meilleur pour elleux ;
- expliquez-leur à quel point la dépendance à quelque chose peut être pénible ;
- offrez-leur du réconfort ;
- Ne leur faites pas goûter au champagne, au vin ou à la bière, peu importe les occasions.
Conclusion : leur expérience de la drogue ne sera pas forcément un enfer, c’est promis !
Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’en auront pas.