Berlin Calling est une comédie dramatique allemande de Hannes Stöhr, sortie en 2008, qui dresse le portrait d’un DJ au sommet de sa gloire qui se retrouve à l’hôpital psychiatrique après avoir consommé différentes substances illicites en trop grande quantité.
On ne sait pas vous, mais on a tellement l’habitude de voir des films anglophones qu’on est dépaysés dès que l’action s’éloigne de New-York et de Londres. Si le film se joue essentiellement en intérieur, quelques plans larges bien sentis, ou vues des transports en commun suffisent à filer des frissons à toute personne qui a déjà été à Berlin (on entretient le mythe pour les autres). D’ailleurs la VO du film, tout en allemand, flatte les oreilles de par la singularité de la langue. Ça change, ça fait plaisir.
Impossible de parler du film sans parler de la bande son composée par Paul K, sachant que c’est le disque qui a réellement lancé sa carrière à l’international. Ce qui est marrant par contre, c’est que peu importe où sont les personnages, les figurants se dandinent invariablement sur la musique de Paul K comme s’il était omniprésent dans tous les clubs de Berlin.
Rien n’est grandiloquent, tout est traité très humainement, même les pétages de plombs. C’est très pudique, la teuf, la drogue, le sexe, même s’ils sont montrés sans fard, très frontalement, c’est jamais over-dramatisé. On ne cherche pas à nous faire ressentir du pathos dégoulinant. Ça fait plaisir, on est loin des excès sans fin des Skins Parties, loin de la dégringolade des WC de Trainspotting, loin de la légèreté de Human Traffic, et pourtant, on ne cherche pas à nous prendre pour des cons en essayant de provoquer des émotions faciles à grands renforts de violons. Et vu le sujet du film, c’était pas gagné d’avance.
Taper ses traces avec des billets…
C’est surtout le personnage de Mathilde, manageuse et petite amie de Ickarus, qui tire son épingle du jeu. Elle a la tête sur les épaules et reste digne même accablée par les frasques de son ami. Même dans le malheur, celle-ci garde la tête haute (vous reprendrez bien une part de charge mentale ?) Impossible de ne pas parler du père d’Ickarus, organiste dans une église. Il a à peine 10 minutes, 2 scènes dans le film, mais il régale complètement. Sa tirade à propos des dangers du réchauffement climatique est particulièrement troublante treize ans après la sortie du film, alors qu’un peu partout le monde est secoué par les dérèglements du climat. Surtout que celle-ci s’inscrit sans mal dans la continuité du film, sans dépareiller, alors qu’on est très trèèèès loin du sujet de base du film.
Alors, est-ce qu’on retrouve une démarche de réduction des risques dans le récit ? Ickarus se met mal en consommant tout et n’importe quoi à des dosages dangereux. D’ailleurs, dans le film, tout le monde tape ses traces avec des billets qu’ils s’échangent sans vergogne. Le dealer d’Icka se sert de lui comme cobaye pour tester ses nouveautés, on voit bien qu’il est aussi largué qu’il en a l’air d’ailleurs. Pas RdR, me direz-vous. Oui mais à côté de ça, Mathilde (encore elle) s’inquiète pour son ami, récolte des cachets en vue d’analyse. Elle va voir Icka à l’hôpital, lui parle, ne le juge pas, mais le met face à quelques douloureuses vérités. Une fois informée du contenu des cachets, Mathilde continue son opération pour se débarrasser d’un dealer peu scrupuleux avec ses clients et ses produits. Elle va jusqu’à en parler au patron du club où l’incident a eu lieu. D’ailleurs, la porte de sortie d’Icka, c’est de se remettre au travail, de se remettre en selle, d’avoir des interactions sociales vertueuses, d’entamer des projets. Pas de rester inactif noyé sous des tonnes de problèmes. Ça rappelle l’expérience du Rat Park, non ?
Le film est disponible gratuitement sur Youtube (pour le moment) :
https://youtu.be/808vPBk_ufA?si=aRHCDFORn2EdcAqm