Julia Savage et son dragon dans le film australien « Blaze » (2022) réalisé par Del Kathryn Barton
Julia Savage et son dragon dans le film australien « Blaze » (2022) réalisé par Del Kathryn Barton

Blaze – Onirisme traumatique

Publié le 12 juin 2024 par Maxime

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Cet article parle de : #culture #fictions #films #drama

Un film particulièrement visuel sur l’impact émotionnel et psychiatrique des violences et des traumatismes.

La jeune Blaze vit avec son papa, du haut de ses 12 ans, elle kiffe la vie et profite de chaque instant comme le font les enfants de cet âge-là. Un jour, elle se balade dans son quartier et au détour d’une ruelle peu fréquentée, elle assiste, impuissante, à une agression. Une agression dans ce que cela peut avoir de plus sordide, d’abord du harcèlement sexuel puis de la violence physique, suivis d’un viol et d’un homicide. TW pour cette scène qui est très visuelle, quasiment en temps réel et dont on voit tout. Hannah, la victime est laissée là, puis Blaze s’en retourne chez elle sans vraiment comprendre ce qu’il vient de se passer. Il y a une petite ellipse durant laquelle on comprend que sans réussir à assimiler les événements dont elle a été témoin, son cerveau a comme disjoncté. Une partie de la réalité dans laquelle se trouve une violence trop dure pour être comprise est éloignée au profit d’un imaginaire réconfortant. Elle traverse un épisode dépressif mutique puis témoigne au procès du coupable. L’avocate de la défense est particulièrement horrible et la jeune fille fait face à des questions particulièrement déplacées pour une enfant (elle lui parle notamment de bondage en mettant son inexpérience sexuelle au service d’une incompréhension de la scène dont elle a été témoin). Le procès est ajourné puis il est décidé que la jeune fille fera son témoignage en vidéo sans être de nouveau confrontée à l’auteur de ce crime. 

En même temps, la jeune fille décroche à l’école, traque le coupable sur les réseaux sociaux, s’enferme de plus en plus dans un imaginaire qui ne lui fait pas forcément du bien, galère dans ses relations avec son père, se rapproche des enfants de Hannah… 

Le film s’arrête juste avant la reprise du procès, avec une voix off de Blaze qui explique, ragaillardie et remontée, qu’elle va tout dire au procès. Une fin qu’on interprète de manière plutôt positive. 

Pas assez explicite pour faire comprendre l’indicible

Une des premières choses qu’on peut dire sur ce film, c’est que c’est beau à regarder. Malgré la violence évidente de ce qui est mis en scène. L’équipe du film, et notamment la réalisatrice et scénariste, met l’emphase sur le vécu et le ressenti de la jeune fille, elle n’a pas les clefs pour tout comprendre, ce qui se traduit à l’écran par pléthore de métaphores visuelles et de scènes très mélancoliques. C’est à la fois un truc cool car c’est vraiment l’empathie qui est sollicitée, et même si on ne s’identifie pas totalement au personnage principal, on peut quand même vivre avec elle les émotions qui la traversent. Néanmoins, il y a presque un peu trop de scènes oniriques. Malheureusement, sur 1h40 de film, l’ensemble souffre de problèmes de rythme, il aurait aisément pu être amputé d’une vingtaine de minutes sans que cela ne gêne la compréhension de l’histoire.

C’est pour le coup un film qui ne parlera qu’aux personnes qui sont sensibles à ces sujets et ne pourra pas servir d’outil de médiation sur l’impact des violences : il n’est pas assez explicite pour pouvoir faire comprendre l’indicible. Le spectateur lambda se dira « mais où on va avec ces scènes stylées qui n’ont ni queue ni tête ? C’est long bordel ». Pour autant, ces scènes sont vraiment belles, on y apprécie une direction artistique originale et créative. On a plus l’impression d’être devant un clip musical que devant un film qui parle du traumatisme. Peut-être qu’avec un soupçon de vulgarisation psychologique, ne serait-ce qu’en voix off ou lors d’échanges entre d’autres personnages, ç’aurait été plus clair. 

 

Blaze est un film australien d’une durée de 101 minutes, écrit et réalisé par Del Kathryn Barton, sorti en 2022 mettant en scène Julia Savage dans le rôle-titre. On vous le conseille, il est disponible sur la plateforme de streaming Filmo.

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