Couverture du livre "Chems" écrit par Johann Zarca aux éditions le livre de poche + complétion IA générative adobe.
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Chems – Descente aux enfers caricaturale d’un Parisien branché

Publié le 22 mars 2023 par Lisa

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Cet article parle de : #ghb-gbl #nps-rc #addiction #chemsex #pratiques-sexuelles #culture #fictions #livres

Chems est un livre français écrit par Johann Zarca, sorti en 2021 aux éditions Grasset, qui explore la descente aux enfers du narrateur, pris dans la spirale du chemsex

Zède, un journaliste parisien branché et habitué aux milieux undergrounds qui découvre le chemsex à l’issue d’une interview avec Jérôme Dumont, ancien artiste très présent sur la scène gay des années 1980. Cette initiation vire rapidement à l’obsession et nous assistons à la déchéance rapide et brutale du narrateur. Dans un style très familier et très cru, l’auteur décrit à la première personne l’envie irrépressible de reconsommer, l’impossibilité croissante d’envisager une sexualité sans produit, l’isolement social progressif et la paranoïa qui s’installe.

Le récit est divertissant et on se laisse facilement aspirer avec Zède dans ses tribulations nocturnes. C’est facile et agréable à lire, avec un style trash et direct, dans une langue argotique qui rend la narration très dynamique. On sent que l’auteur s’est bien renseigné sur la question : les descriptions des produits utilisés, de la législation qui les entoure, des effets recherchés et indésirables, des modes de consommation, etc., sont plutôt bien documentées. L’auteur est familier des milieux festifs et des substances qu’on y trouve, ce qui crédibilise le récit. On ne sait plus vraiment où s’arrête le réel et où commence la fiction, la frontière entre auteur et narrateur est floue, de même que celle entre enquête journalistique et invention romanesque.

Descente précipitée et caricaturale

En revanche, cette descente aux enfers nous semble parfois précipitée et caricaturale. Le trait paraît forcé, à la fois dans la description des effets des produits, des pratiques qu’ils engendrent et surtout dans la rapidité avec laquelle ils précipitent le narrateur dans le gouffre de l’addiction et de l’autodestruction. La déchéance du personnage est très violente et semble irréversible. Le roman ne laisse aucune place à la rémission, il fonctionne comme une mise en garde ou un avertissement. Il offre, somme toute, une vision assez morale et classique des questions de substances et de consommation. Par ailleurs, le personnage principal, un trentenaire hétéro, parisien et branché, peut être très agaçant par moment. Le côté petit bourgeois autoproclamé « underground », qui s’encanaille en dehors de ses milieux habituels peut en effet questionner. Heureusement, le narrateur fait preuve d’autodérision et d’autocritique, sans quoi il aurait pu devenir véritablement insupportable.

On trouve des conseils avisés sur certaines interactions de produits (attention au mélange alcool et GBL, par exemple) et des infos utiles sur les dosages, les modes de conso, etc. Cependant, le véritable conseil semble se situer du côté de l’abstinence, puisque le personnage semble condamné dès la première prise. 

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