Un film qui raconte un premier voyage à la mescaline sans émettre de jugement moral mais avec des personnages, disons, particuliers.
Jaimie est un jeune américain amateur de drogues. Il est au Chili et prévoit de s’encanailler à la plage avec ses amis locaux et de la mescaline. Mais pour l’heure, c’est la fête et ça sniffe à droite à gauche dans une grosse maison noire de monde. Au milieu de la piste de danse, Crystal Fairy se déhanche en rythme sur la musique. D’un œil attentif, Jamie trouve qu’elle se fout de la honte, et ne manque pas de le lui dire. Comme Jamie est passablement bourré entre deux méchancetés gratuites, il l’invite à participer au road trip prévu les jours suivants.
Elle se joint aux quatre garçons et partage ces quelques jours avec eux. Entre incompréhensions et aventures psychédéliques, ils finissent par trouver le mythique san pedro et procèdent à l’extraction de mescaline en bord de mer. À tête reposée, Jamie a un gros problème avec Crystal Fairy, il ne sait pas vraiment quoi mais son malaise dégouline sur tout ce qu’il touche, le trip risque d’être moins agréable que prévu avec cet imprévu.
Qu’on se le dise, le personnage interprété par Michael Cera est absolument détestable. Tout lui est dû, il donne son avis sur tout, veut tout contrôler et ne s’arrête jamais de geindre. Pile-poil le genre de personne avec qui il vaut mieux éviter de consommer des psychédéliques, surtout si c’est la première fois pour tout le monde. Il est également banalement sexiste, et irrespectueux des cultures locales, un parfait compagnon de défonce, on vous dit !
Cactus, Set and Setting
Contrairement à la promesse du titre, il ne faut surtout pas s’attendre à des visions chimériques de trips psychédéliques. Tourné caméra à l’épaule et visiblement sans grosse postproduction, le film ignore largement l’aspect visuel de la mescaline pour concentrer son propos sur l’importance du Set and Setting et des dynamiques de groupes qui s’organisent autour de la prise de drogue.
On y observe l’importance du Set and Setting en voyant le bad qui secoue Jamie au début de son trip, sûrement consécutif à ses nombreuses vexations des jours précédents et à ses insécurités personnelles. Son collègue Champa a heureusement le bon réflexe pour le faire sortir de la boucle dans laquelle il s’empêtre (et qui était en passe d’emporter ses camarades de défonce).
On peut aussi y observer tout ce qu’il ne faut pas faire lors d’un trip partagé, comme laisser divaguer sans surveillance ses amis avec une nature hostile et un soleil de plomb. Heureusement, le film n’est pas un drame et donc rien de grave n’arrive aux personnages. D’ailleurs, Crystal Fairy qui se soustrait au groupe, vit son meilleur trip à poil dans les dunes, bien loin des garçons occupés à faire de la réassurance.
Enfin, que dire de la longue scène où le groupe fait pression sur Pilo pour qu’il boive lui aussi la tisane magique alors qu’il formule depuis la veille le souhait de ne pas en consommer ? Heureusement que Crystal Fairy lui permet de trouver une astuce pour respecter sa volonté, vu la tournure de certains évènements.
Beaucoup de malaises et d’agacements nous ont remués pendant le visionnage de ce film, souvent à cause du personnage incarné par Michael Cera. En dépit de ça, il ne s’agit ni d’un bon ni d’un mauvais film. C’est vraiment une proposition de cinéma indépendant qui raconte une histoire sans s’attacher au sacro-saint cahier des charges typique du cinéma.
« Crystal Fairy & The Magical Cactus » est un film chilien de Sebastian Silva (réalisateur de « Rotting in the sun » dont nous vous parlions ici) sorti en 2013 et disponible sur Mubi, il dure 1 heure et 39 minutes.
