Hedi (Hedi Bouchenafa) et Cokeman (Nassim Lyes) dans le film "En passant pécho" réalisé par Julien Royal sur Netflix.

En passant pécho – Ni queue ni tête, bête et méchant !

Publié le 13 juillet 2022 par Lisa

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Cet article parle de : #politique-des-drogues-drogues-illegales #culture #fictions #films #pour-se-marrer

En passant pécho est un film de Julien Royal, sorti en 2021 qui suit les tribulations de deux dealers parisiens déjantés et complètement incompétents. 

« Hedi et Cokeman sont les deux pires dealers de Paris. Arnaqueurs à la petite semaine, ils survivent en faisant passer des carambars pour des barrettes de shit. C’est la Hess !!! Fatigués de ce train de vie, leur quotidien va considérablement s’éclaircir lors du mariage de Zlatana, la petite sœur d’Hedi, avec un grand baron de la drogue : Arsène Van Gluten. Ce dernier, sous la pression de sa nouvelle femme, leur fournira plusieurs kilos de Mojo Mango, du cannabis de toute première main. Hedi et Cokeman ont enfin l’opportunité d’ouvrir leur propre réseau. Persuadés que cela signifie pour eux la fin de la galère, ils ignorent encore que ce n’est que le début des problèmes… » Allociné

Tourné fin 2019, post-prod début 2020, Covida qui ferme les cinémas, le film s’offre une sortie Netflix juste avant le premier confinement. Fort des 30 millions de vues de la série sur Youtube, on ne doute pas de la foi de Netflix dans le potentiel du film. C’est réalisé par Julien Royal, le fils de François Hollande et de Ségolène Royal, qui était déjà une des têtes pensantes derrière la série.

Au niveau du contexte, on est en plein milieu du mandat d’Emmanuel Macron. 2021, c’est l’année où Darmanin dit que « la drogue c’est de la merde », « on ne va pas légaliser cette merde », « légaliser serait une lâcheté » ou encore que l’État se dispute encore sur l’autorisation de la vente libre des fleurs de CBD. La guerre contre la drogue semble avoir encore de beaux jours devant elle.

Un ovni qui ne plaira pas à tout le monde

C’est complètement déjanté, ça n’a ni queue ni tête, c’est d’une violence et d’une bêtise sans nom, donc, c’est absolument génial. Le scénario développe une vraie histoire, il n’était pas gagné que le format web-série de 10 minutes par épisode donne lieu à un scénario qui tienne la route et en fait le fil rouge du film fonctionne plutôt bien. Attention, les gens qui luttent ardemment contre les discriminations ne trouveront pas leur compte dans ce film qui n’y va pas avec le dos de la main morte en blagues très très limites.

Nassim Lyes est en roue libre, ose tout, n’a peur de rien. Ce mec est un génie de l’absurde ! La rapidité avec laquelle il passe du rire à la menace (en manteau de fourrure à demi-ouvert) dans le même plan est saisissante. Et même si le personnage est loin d’être le héros bienveillant et repenti des films de trafic consensuels, c’est vraiment réjouissant de le voir faire le con et empirer sans cesse les situations dans lesquelles lui ou ses collègues se trouvent.

À un moment du film s’opère une bascule d’une dizaine de minutes complètement surréaliste (on ne peut pas trop en dire plus pour ne pas spoiler). Un pas de côté est fait dans le scénario, pour une garantie malaise + incompréhension plutôt balèze. Comme c’est complètement inattendu, c’est très réussi. Ça rappelle sans mal les moments les plus « what the fuck » du film « réalité » de Quentin Dupieux (Mr Oizo, un autre classique à voir avec le génial Alain Chabat). Par contre, c’est vraiment un ovni qui ne plaira pas à tout le monde (et les personnages crient beaucoup trop, ça finit par faire mal aux oreilles).

Alors, est-ce qu’on y retrouve des éléments de réduction des risques ? Non, non et non ! Dans les premières minutes du film, Cokeman vend un pochon de placoplatre en poudre à un client qui fait une overdose dans son salon. Et c’est le début de la grande balade de Cokeman qui laisse le malheureux dans son vomi. Ce n’est donc pas d’un brin RdR, la question ne se pose même pas. Au contraire, bien au contraire ! Et si par malheur des gens trouvent les prouesses de Cokeman et sa bande tentantes, il est toujours bon de rappeler aux plus jeunes (ou aux plus « têtes brûlées ») que la magie du cinéma ne se reproduit pas à la maison !

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