Zendaya incarne "Rue" dans la série Euphoria crée par Sam Levinson.

Euphoria – Les (très esthétiques) tourments d’adolescents, entre addiction et quête de soi

Publié le 20 juillet 2022 par Lisa

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Cet article parle de : #addiction #consentement #culture #fictions #drama #series #milieux-festifs

Euphoria est une série dramatique américaine créée par Sam Levinson, coproduite par Drake et diffusée par HBO depuis 2019, qui dresse le portrait d’une adolescente en proie à de sérieux problèmes d’addiction et de ses camarades d’école, qui se débattent avec leurs propres problèmes.

« Après un séjour dans un centre de désintoxication, Rue Bennett fait son retour au lycée. Le jour de la rentrée, elle fait la rencontre de Jules, une jeune adolescente trans, avec qui elle commence à tisser des liens très forts. Les deux jeunes femmes, ainsi que leurs camarades de classe et amis, évoluent dans un univers où la jeunesse n’a presque plus de tabous : les relations amoureuses se défont aussi vite qu’elles se font, les réseaux sociaux sont omniprésents, les névroses et secrets de chacun sont exposés aux yeux de tous et la drogue est facile d’accès. » Wikipédia

La direction artistique est démente : que ce soit l’épisode pilote et son couloir psychédélique, le final musical de la saison 1, l’intense tête-à-tête de l’épisode de Noël, les maquillages, le travail des couleurs, le montage, etc. Tout vaut le détour, tout est quali, d‘une beauté plastique sidérante et travaillée. Alerte sexe en gros plans : c’est une série HBO donc faut pas avoir froid aux yeux.

Chaque épisode commence par une « rapide » scène d’exposition qui explore le passé, les névroses et les enjeux de chacun des personnages principaux. C’est clipesque à souhait, mais c’est diablement efficace et dynamique. Et c’est particulièrement éclairant d’avoir ce regard sur les personnages avec la voix-off d’une Rue omnisciente.

Addiction, harcèlement, amour et sexualité

Le drame est peut-être un peu poussif. Pas facile de s’identifier à ces adulescents qui sont tous.tes des bombes atomiques qui roulent en grosses cylindrées et sont mieux fringué.es que les célébrités le soir de la montée des marches du festival de Cannes. Néanmoins, avec un scénario un peu plus réaliste et naturaliste, la réalisation clinquante perdrait certainement de sa pertinence. Les thématiques abordées sont donc l’addiction, le harcèlement, l’amour et la sexualité au temps des réseaux sociaux et l’accomplissement de soi-même. Avec supplément trafic de drogues, violences et pédopornographie. 

La série n’y va pas avec le dos de la main morte. Loin s’en faut, les pratiques décrites sont particulièrement borderline, et l’héroïne fait plusieurs surdoses qui pourraient lui être fatales. Aucun dispositif de réduction des risques ou de prévention n’est abordé dans la série. Alors ce n’est pas un reportage et des mouvements de réduction des risques relatifs aux drogues existent en vrai, mais la série n’en fait pas cas. Les personnages sont livrés à eux-mêmes dans un monde où les adultes sont dépassés.

On pourrait être tenté de comparer Euphoria avec Skins mais ce n’est pas très pertinent. Même si Skins avait son lot de personnages aux pratiques dangereuses et de drames sordides, l’ambiance était tout à fait différente : la direction artistique n’a rien de comparable en termes de moyens et d’ambitions (HBO sait aligner les thunes) et l’ambiance était plus hétérogène chez Skins où chaque épisode était musicalement marqué par les personnages sur lesquels ils étaient centrés.

Rue s’initie aux produits en piochant dans les médicaments de son père mourant. Ce sont les fameuses « prescription drugs ». Des antidouleurs et narcotiques divers et variés, qui représentent une véritable porte d’entrée vers d’autres usages et mésusages, notamment avec la crise des opioïdes qui touche les États-Unis depuis la fin des années 1990. On estime à 100 000 le nombre de morts d’overdose d’opioïdes et opiacés aux USA entre avril 2020 et avril 2021. La série raconte donc une certaine réalité à laquelle nous ne sommes pas pour le moment confrontés.

 

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