La pauvre Mia remplis son journal de désintox dans le petillant "Evil dead" réalisé par Fede Alvarez.

Evil Dead – Démons maléfiques et sevrage forcé

Publié le 27 juillet 2022 par Lisa

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Cet article parle de : #culture #films #pour-se-marrer

Evil Dead est un film d’horreur de Fede Alvarez, sorti en 2013, qui raconte l’histoire de cinq amis qui libèrent par inadvertance des forces surnaturelles maléfiques qu’ils devront combattre pour s’en sortir. 

« Mia a déjà connu pas mal de galères dans sa vie et elle est décidée à en finir une bonne fois pour toutes avec ses addictions. Pour réussir à se sevrer de tout, elle demande à son frère David, sa petite amie Natalie et deux amis d’enfance, Olivia et Eric, de l’accompagner dans la cabane familiale perdue au fond des bois. Dans la cabane isolée, les jeunes gens découvrent un étrange autel, et surtout un livre très ancien, dont Eric commet l’erreur de lire un passage à haute voix. Les plus épouvantables des forces vont se déchaîner sur eux… » Allociné.

Ce reboot version 2013 du classique de Sam Raimi rompt complètement avec l’opus original en proposant une version vraiment énervée et premier degré du cauchemar dans la forêt à base de livre maudit et de démons sadiques. En 1981, The Evil Dead est le tout premier long métrage de Sam Raimi (qui a 20 ans à l’époque) et est tourné avec 350 000 $ de budget. C’est un divertissement fauché qui souffre des affres inhérentes à son faible budget. Il n’en demeure pas moins éprouvant à regarder, tant les personnages hurlent et souffrent à l’écran. Eh bien la version 2013, c’est tout ça, gonflé par un budget confortable, une actualisation du sujet bienvenue et des moyens techniques suffisants pour secouer le spectateur dans tous les sens pendant une heure et demie.

Flippant à souhait

Mia est une usagère de drogues qui tente d’en finir avec ses addictions. C’est le point de départ du film, tentant un sevrage brutal avec ses amis et son frère. Avec une infirmière dans la bande, « tout devrait bien se passer » essaie de nous faire croire le film. Ce serait le cas si les personnages lui faisaient un peu plus confiance. Vos proches savent mieux que vous ce qui est bon pour vous, en somme. Ma foi, leurs espoirs vont vite être douchés. Après, ça part en cacahuète vitesse grand V, notamment grâce à l’intervention d’Eric qui ouvre puis lit consciencieusement (à voix haute) toutes les incantations cryptiques en langues mortes qui sont dans le livre môôôdit (entre deux « ne lisez pas ce livre », « laissez ce livre tranquille », « reposez ce livre où vous l’avez pris », etc.). Pour le coup, on admire la détermination des personnages à rester dans un lieu aussi badant. Belle opiniâtreté, mal placée cependant.

Alors, comme on le disait plus haut : les moyens sont là pour permettre une direction artistique aux petits oignons. Et c’est effectivement le cas, en dépit d’un scénario un peu vu et revu (bah ouais, The Evil Dead premier du nom date de 1981 et comme ça a été un succès re-ten-ti-ssant à l’époque, enrichi de deux suites, il a un peu marqué de sa patte le cinéma d’horreur). Pour une personne qui a l’habitude de ce genre de mécanique, le scénario paraît un peu lourdingue jusqu’à ce que le démon soit libéré.

Et alors là, ça n’y va pas avec le dos de la main morte ! L’horreur (et surtout la viande) sont filmées de face, en gros plan. On n’est pas timide, on sait ce que veut le spectateur quand il regarde ce genre de film et on le lui donne. Et comme tout est très premier degré, malgré des personnages aux mœurs un peu erratiques, on est quand même touché par ce qui leur tombe sur le coin de la tronche.

La cabane est bien flippante comme il faut, le décor est crasseux, on sent presque l’odeur de charogne monter du plancher tellement le visuel est parlant. La caméra est souple, virevoltante, elle ne tremble pas. Les plans sont beaux : c’est bien cadré comme il faut, rien n’est de travers, rien ne dépasse ou sort du cadre. Les FX sont ultra qualitatifs. Les maquillages qui recouvrent les personnages possédés sont  flippants à souhait (même si les lentilles se voient un peu trop), les prothèses ne se voient pas, les membres qui sautent semblent vrais, les coups qui pleuvent font mal. Il n’y a pas grand- chose qui soit épargné aux personnages. Ils et elles en prennent littéralement plein la gueule. Le plan de la fin avec la cabane en feu et la pluie de sang est juste magnifique, c’est saisissant qu’un « vulgaire » slasher bénéficie d’une aussi belle production.

Relents de toxicophobie

Alors, quel rapport avec la réduction des risques ? Le film nous rejoue une version du conte Pierre et le loup avec de bons relents de toxicophobie. On ne croit pas Mia car elle est sûrement en pleine crise de manque. Sous prétexte qu’elle a fait une surdose l’an passé, on prévoit de la garder de force « pour son bien », pour « ne pas qu’elle rechute ». Tout ça se discute dans son dos et en dépit de son consentement. On ne force pas quelqu’un au sevrage. Si la volonté n’est pas l’outil ultime pour faire fi de ses addictions, c’est en tous cas une composante indispensable à la guérison.

On ne retient pas quelqu’un contre sa volonté.

Les problèmes d’addiction ont des racines profondes, et ils ne se solutionnent pas d’un coup d’un seul. En plus, un sevrage brutal peut amener un tas de complications en plus des crises de manque. Par exemple, un sevrage brutal d’alcool peut entraîner un delirium tremens (voir dans les liens en bas de publication) ou pour d’autres produits, des illusions, des hallucinations, des idées de persécutions, l’envie d’en finir et d’autres troubles physiques en plus des psychologiques. On n’osera pas dire que le démon est une métaphore de l’addiction… Cela serait de mauvais goût à tous les niveaux, mais c’est sûr que certains y penseront. On le redit, un sevrage doit être supervisé par un médecin (a minima) pour aider à réduire les doses en toute sécurité.

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