Ce court essai a pour but de nous présenter de manière objective les conséquences néfastes pour la démocratie (et la société) que la consommation de cannabis et les choix des gouvernements provoquent en France.
Sorti en 2020, le livre raconte à peu près tous les maux que provoque le cannabis en France, sans omettre la gestion calamiteuse des gouvernements successifs sur cette question. On pourrait craindre que ce soit l’argumentaire de Gérald Darmanin qui soit déroulé et argumenté dans les grandes lignes, mais en fait non. Ouf ! Cependant le réquisitoire est aussi à charge contre les consommateurs. Mais pas seulement (tant mieux).
Il y a une certaine vision sociologique du phénomène qui prend le temps de décortiquer les structures de pouvoir presque féodales qui s’installent autour des réseaux de trafic ainsi que l’inversement des structures familiales dans lesquelles ce sont les plus jeunes et les plus têtes brûlées qui font désormais vivre leur famille avec de l’argent « sale ».
Comment l’État peut-il laisser proliférer un marché souterrain qui génère plusieurs centaines de millions d’euros par an et qui a les moyens de corrompre les riches et de séduire les pauvres ? Pourquoi l’État s’acharne-t-il opiniâtrement à axer sa politique à ce sujet uniquement sur un volet punitif ? Pourquoi ne pas réaliser que les Français sont soumis aux règles les plus dures d’Europe mais restent paradoxalement les plus gros fumeurs ? Pourquoi vouloir traiter des symptômes qui sont amenés à se reproduire au vu du terreau social et des inégalités en France ? Pourquoi s’acharner à dépenser des sommes faramineuses dans des heures de travail effectives pour des procédures inefficaces ? Que pourrait-on faire de tout cet argent qui sert à « surveiller » le cannabis, est-ce que faire moins de contrôles au faciès injustes (disons–le, racistes) et, dans une immense majorité des cas inefficaces, redorerait l’image de la police ?
ULTRA CAPITALISME ILLÉGAL
Aux yeux de l’auteur, si le consommateur est tenu pour complice de la situation de paupérisation des quartiers populaires et de la violence qui va avec le trafic, c’est surtout l’État qui est pointé du doigt. En sous–texte, c’est pas simplement un appel à la légalisation du cannabis, loin s’en faut, mais carrément une invitation à repenser toute la politique étatique au sujet du cannabis.
Appel du pied qui est resté lettre morte au vu des dernières déclarations de nos ministres. Le livre n’est pas du tout partisan, il tire à tout–va, n’offre pas de grille de lecture RdR, et enfonce certains poncifs. L’auteur a un avis tranché sur la question qu’il étaye par différentes sources auxquelles il se réfère (telle que l’enquête Cannavid, par exemple, qui mesurait l’impact du confinement sur les consommateurs et consommatrices de cannabis).
Quoi qu’il en soit, et parce que je ne sais pas où le placer, il est bon de rappeler que, bien qu’illégale, l’industrie du cannabis est une industrie comme les autres qui répond à tous les critères de l’ultra capitalisme agressif, comme son statut illégal lui permet de l’être.
« Cannabis : faut-il légaliser pour contrôler ? », C à vous (05/05/2021)
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« Hasch, la honte de la République » est un court essai de Bruno Laforestrie paru en 2020 aux éditions JC Lattès. On vous encourage à le lire, car il offre un point de vue sourcé et nuancé qui peut bousculer un peu nos habitudes et peut permettre d’avoir plus d’outils de réflexion sur un sujet épineux qui concerne de près ou de loin plus de 20 millions de Français et Françaises.
