
Attention ! Ce film risque de faire exploser les plus réactionnaires… Monde de la nuit, trafic de drogues et transidentité sont au programme de ce petit film qui se suit avec plaisir (dispo ici !)
Pour les besoins d’une enquête sous couverture, la direction de Robert lui demande de faire équipe avec son ex. Mais pas n’importe quelle ex : Leni vient de passer 12 mois en prison pour trafic de speed. Au cours de sa détention, elle a entamé une transition de genre. L’aventure de Robert et Lenart (le deadname de Leni) est donc de l’histoire ancienne ! Afin de s’approcher de leur cible (Victor, un patron de boîte de nuit qui semble réussir à ne pas déclarer au fisc des sommes faramineuses d’argent), ils se rendent à un cours de danse fréquenté par cet homme et sa femme Monika. Les deux femmes deviennent rapidement copines et l’enquête suit son cours, Victor proposant à Robert de travailler pour lui.
On peut se le dire direct : Robert est un sacré connard avec Leni. D’ailleurs, la policière qui la sort de prison est aussi maltraitante dans la mesure où elle lui promet une remise de peine qu’elle n’est pas autorisée à lui donner ! Entre transphobie et rapport de domination plus ou moins assumée, Robert est le bel exemple de l’ex toxique. Alors qu’elle vient de passer 12 mois dans une prison pour hommes, il ne manque pas une occasion de lui rappeler qu’elle a juste « une cellule plus grande ». La galerie de personnages qui nous est offerte n’est pas des plus mémorables et on a douté plusieurs fois de la crédibilité de ce jeune homme à mèche aux yeux cernés de noir en flic undercover.
S’il n’a pas le rythme d’un Guy Ritchie ou le style d’un Martin Scorsese, c’est quand même un film qu’on a pris plaisir à regarder. Ses sujets très contemporains et son approche frontale et non sensationnaliste du trafic de drogue nous ont plu. Quitte à inserer au forceps une histoire d’amour random dans un film pas vraiment fait pour ça, on a trouvé novateur et frais qu’il s’agisse d’une histoire contrariée entre homosexualité masculine et transféminisme. C’est d’ailleurs un plaisir de voir une actrice concernée dans le rôle de la personne trans. D’ailleurs, la pauvre Leni encaisse beaucoup dans ce film et c’est pour elle qu’on a eu le plus d’empathie.
La jeune actrice trans Thea Ehre, ici dans son premier rôle au cinéma, a gagné le prix de la meilleure performance dans un second rôle à la Berlinale 2023 (le film avait été sélectionné pour le Teddy Award mais c’est All the Colours of the World Are Between Black and White de Babatunde Apalowo qui a eu le prix). Le film a reçu des notes moyennes sur les plateforme de cinéphiles (3,1/5 sur Allociné et 5,4/10 sur IMDB), au vu de son pitch haut en couleurs et de son parti pris politique – celui de la normalisation des identités de genre et des sexualités –, ce n’est pas non plus étonnant. Formellement, on note de joli cadres malgré une lumière très terne qui nuit à la lisibilité du dernier acte.
Jusqu’au bout de la nuit (Bis ans Ende der Nacht) est un long-métrage du réalisateur Allemand Christoph Hochhäusler. Sorti en 2023 et d’une durée de 1h55, il est disponible sur Arte.tv jusqu’au 05 mai.