Les poumons pleins d’eau est un livre de Jeanne Beltane, sorti en 2022 aux éditions des Équateurs, qui nous raconte l’histoire d’une femme et de son papa qui a décidé de mettre fin à ses jours.
« Sans qu’elle ait pu s’y préparer, elle traverse à toute vitesse une surface liquide. Elle se débat dans un fluide baveux et chaud qui lui rappelle le ventre de sa mère. Elle n’a bientôt plus d’oxygène et peine à remonter à la surface quand ses yeux croisent un regard. Son père ! »
Le père de Claire s’est suicidé. Confrontée aux vérités étouffées et aux facettes douces-amères de cet homme fantasque, elle tente de faire le deuil. Quelque part entre le monde des vivants et celui des morts surgit soudain la voix de ce père-chimère, qui observe sa fille se démener pour le retrouver. Depuis ce territoire impalpable, il sent peu à peu Claire se rapprocher… Dans ce premier roman sous forme d’une quête hallucinée, Jeanne Beltane raconte la perte et lui redonne chair en interrogeant la porosité des frontières entre les royaumes du réel et du sensible. Par son verbe tranchant et son goût pour l’absurde, elle nous transporte dans un univers onirique, teinté d’un humour noir salvateur.
Jeanne Beltane raconte la vie et le départ de son père avec beaucoup de pudeur, d’humour et de tendresse. Jamais misérabiliste, elle jongle avec les points de vue et dessine en creux le portrait d’une relation complexe entre un père et sa fille. C’est émouvant et parfois drôle, mais c’est surtout très agréable à lire ! L’écriture de Jeanne Beltane court comme un ruisseau duquel on a du mal à sortir le nez une fois plongé dedans !
Les produits sont omniprésents dans cette relation. Pour elle comme pour lui, l’Alcool et le shit jalonnent le cours de leur relation, et c’est agréable la façon de le lire : même quand elle est destructrice, ce n’est pas le produit le problème mais ce qui en est fait dans le contexte par les personnes. Sans jugement, elle est là.
Le père de Claire parle de son rapport à la drogue et à l’alcool avec tant de sincérité qu’on est obligé à un moment de se projeter, d’engager un dialogue avec soi-même et nos propres consos.