Ah, la fameuse descente de MD ! Tristesse, sentiment de vide, fatigue physique et émotionnelle, voire anxiété : comment expliquer cette déprime des lendemains qui peut être très désagréable ?
La descente de la MDMA, c’est un grand sujet. Quand les effets s’arrêtent, beaucoup de consommateurs disent qu’ils se sentent plus tristes qu’avant la prise. C’est non seulement une descente (fin des effets) mais aussi un contre-coup, comme si l’euphorie était suivie d’une déprime équivalente. Il est courant que ce contrecoup ne survienne pas à la première prise, mais apparaisse et s’empire avec la répétition des consommations.
Mais à quoi c’est dû ? On pourrait penser que c’est la faute de la MDMA elle-même, comme si elle nous vidait un peu de notre joie de vivre. Pourtant, cette hypothèse a été investiguée en laboratoire, et pour l’instant, on n’a pas réussi à reproduire le contrecoup en donnant juste de la MDMA à des gens. Par exemple, il y a des études cliniques où on a donné entre 75 mg et 125 mg de MDMA, donc l’équivalent de petits à gros paras, à des gens souffrant de traumatismes. Ensuite, on mesurait les effets indésirables jusqu’à sept jours après la prise, en comparant avec des personnes n’ayant pas pris de MDMA. L’association MAPS, qui mène ce genre d’études aux États-Unis, concluait qu’il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes en ce qui concerne l’humeur, l’anxiété et la fatigue. Pour autant, on ne peut pas nier le ressenti des gens qui vivent un contrecoup après une prise de MDMA.
Plusieurs facteurs
Du coup, qu’est-ce qui pourrait en être la cause ? D’abord, il ne faut pas oublier le problème des dosages : les expériences en labo ne vont pas au-delà de 125 mg par personne, et peut-être que des dosages plus hauts donneraient des résultats différents. Ce sont aussi des études sur une seule prise, donc sans redrop et sans en reprendre chaque week-end. Et puis l’étude dont on a parlé était dans un cadre calme, au frais, en journée, sans mélange, avec de l’eau à disposition et en excluant les personnes avec des troubles psychiatriques ou dépressifs. On est donc très loin des soirées bondées, mal ventilées, ou au contraire dans un champ par -10°, avec de l’alcool et un manque de sommeil.
Alors, en plus de la MDMA elle-même, peut-être que le contrecoup est le résultat d’une combinaison de facteurs. Par exemple la fatigue : après une soirée à balle, on a besoin de récupérer, et une teuf n’est pas forcément le meilleur endroit pour ça. L’effet coupe-faim de la MDMA pourrait renforcer la déprime, parce que forcément on se sent moins bien si on n’a pas mangé. La déshydratation joue aussi son rôle en épuisant le corps, surtout s’il y a eu des mélanges avec d’autres produits. Ne pas respecter l’espacement de 6 à 8 semaines entre chaque prise pourrait empirer les choses, parce que le cerveau n’a pas le temps de se remettre. Et enfin, il ne faut pas sous-estimer la simple déception de ne plus être sous effets, parce que le contraste peut être très brutal ! En particulier si on ne va pas très bien en ce moment.
Bref, si au lieu de la simple descente vous ressentez un fort contrecoup, ça peut être l’occasion d’entamer une réflexion sur la façon dont vous consommez. Peut-être que vous forcez sur les dosages, faites des mélanges, et vous épuisez. Il faudrait peut-être prévoir un cadre sécurisant pour vos descentes, qui soit confortable et familier. Peut-être aussi que vous auriez besoin de faire une pause. Et parfois ce n’est simplement pas de chance, car il semblerait qu’il y ait des personnes plus sensibles que d’autres.