Il existe plusieurs manières de consommer un produit, on parle de mode de consommation ou de « Route of Administration » (ROA). La façon de consommer va conditionner la rapidité, l’intensité et la durée des effets. Chaque mode de conso comporte également des risques propres. Penchons-nous ici sur l’ingestion.
Voici quelques raisons évoquées par les consommateur.ices pour l’usage de l’ingestion :
- éviter l’irritation des muqueuses provoquée par le sniff ;
- éviter le goût désagréable de certaines substances ;
- plus de discrétion lors de la prise ;
- pouvoir doser soi-même la quantité que l’on souhaite consommer (contrairement aux gélules ou comprimés déjà fabriqués dont on ne connaît pas toujours le dosage) ;
- avoir un effet retardé et plus long (même si les données pharmacocinétiques sont contradictoires sur le sujet : la durée de libération dépendrait beaucoup de ce qui enveloppe le produit et de la consommation ou non d’alcool en parallèle).
Ingérer ses produits est donc une manière de consommer qui n’abîme ni les veines ni les cloisons nasales. En revanche, ça ne concerne pas tous les produits : certains voient leurs effets modifiés lorsqu’ils sont ingérés (la kétamine, par exemple, perd son côté psychédélique). D’autres sont carrément dangereux pour la santé, même à faible dose (le poppers, par exemple). C’est cette histoire de biodisponibilité. Grossièrement, c’est la proportion du produit qui finit dans le sang selon la manière de la consommer.
Gober ses produits peut avoir un effet non négligeable sur la durée et l’intensité des effets. Ainsi, gober a une incidence sur le délai d’action du produit : empruntant les muqueuses du système digestif, le trajet jusqu’au cerveau via le sang est plus long qu’avec tous les autres modes de consommation.
Toujours espacer ses prises
Et ce temps est aussi conditionné par d’autres facteurs. Comme ce que tu as mangé avant de consommer (si tu es à jeun ou pas) ou bu (difficile d’évaluer la force d’un trip au LSD avec 4 grammes dans le sang). Mais aussi en fonction des autres produits que tu auras consommés à ce moment-là. Par exemple, si tu fais des mélanges entre produits antagonistes, alors les effets s’annulent et tu seras sûrement tenté de consommer beaucoup pour des effets minimum (voire nuls).
Le conseil généralement appliqué à ce mode de conso, c’est toujours d’espacer ses prises. Le plus longtemps possible, c’est le mieux. Surtout en cas de première prise d’un produit, pour ne pas être surpris par les effets. De nombreux fêtards se voient mis hors-jeu plusieurs heures durant par une montée trop forte due à un gobage trop rapide ou trop chargé. C’est dommage quand-même, non ?
« Prudence » est mère de sûreté, mais « Lenteur » aussi. Regarde toujours l’heure à laquelle tu gobes pour ne pas reprendre au bout d’une demi-heure en pensant que ça fait deux heures depuis la première prise. On sait que le temps se dilate et se contracte à gogo dans les soirées (le temps passe vite quand on s’amuse !). S’il le faut, écris-toi l’heure à laquelle tu as consommé sur l’avant-bras pour ne pas l’oublier, pas très classe mais pratique.
Autre point négatif, l’ingestion fait passer le produit dans le système digestif ce qui peut le perturber et l’endommager durablement (foie, estomac, reins…). Les avantages et les inconvénients des modes de consommations varient donc selon les vulnérabilités de chacun et les effets recherchés, mais aucun n’est sans risque !
