kétamine article libération il y a trente ans
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Kétamine : on en disait quoi il y a trente ans ?

Publié le 7 juillet 2023 par Lisa

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Cet article parle de : #drogues-illegales #ketamine

La drogue, c’est comme la mode, c’est cyclique. Certains produits occupent le devant de la scène pendant un temps, puis on en entend moins parler et ils reviennent plus tard, souvent légèrement modifiés ou avec l’apparition de nouveaux usages. Alors, quels retours d’expérience avaient à nous partager les consommateurs de kétamine de la première heure ?

K-hole, K-hole, tu es si versatile… Accident de parcours pour certains, nirvana suprême pour d’autres. Qu’est-ce qu’on peut raconter sur toi ? Pour une fois, on va se contenter de tirer les meilleurs morceaux de journalistes concernés (lol) qui ont écrit sur la kétamine à l’aube de son arrivée dans le milieu festif français, j’ai nommée : l’année 1995 ! Oui oui, cet article de Libération est sorti le 03 août 1995, et si ce qui y est dit paraît aujourd’hui farfelu, est-ce que les primo-consommateurs qui sont parmi nous peuvent confirmer ou infirmer les affirmations qu’on va copier/coller ici ?

AFFIRMATION n°1 :

« La kétamine est une molécule connue des vétérinaires comme anesthésiant puissant pour animaux. Développée dans les années 60 sous la marque Ketalar par le géant pharmaceutique Parke-Davis, la vitamine K était alors uniquement connue des hippies privilégiés. Sur l’homme, c’est un antidouleur efficace, qui ne procure pas d’accoutumance, mais possède des effets hallucinogènes rapides. Il est encore utilisé aujourd’hui en chirurgie, mais accompagné de Valium pour ne pas laisser au patient la mémoire de visions traumatisantes. »

AFFIRMATION n°2 :

« Le but du Special K est de maximaliser la puissance de l’ecstasy. L’utilisateur prend un X (autre nom de l’ecstasy), ce qui le met sur la vague requise, puis il sniffe du Special K pour maintenir l’effet pendant plusieurs heures. En combinaison avec l’exaltation quasi épiphanique de l’ecstasy, le Special K paraît être une drogue plus égoïste, qui sépare le consommateur du reste du monde, lui donnant une image myope de ce qui l’entoure tout en clarifiant radicalement sa conscience. »

[Qui utilisait sérieusement le mot « MAXIMALISER » en 1995 ?]

AFFIRMATION n°3 :

« Cette poudre s’achète en général en flacon de verre à 50 dollars (235 F) pour une utilisation à plusieurs. Elle se sniffe après avoir été cuite à 100° pendant une heure et refroidie au frigo. Dans chaque groupe de «drug buddies», il y a toujours une personne qui en prend un peu moins que les autres, de façon à contrôler la prise de chacun. C’est un peu l’équivalent moderne du « boire ou conduire, il faut choisir », où il y a toujours un conducteur sobre qui ramène les poivrots à la maison. Les utilisateurs sniffent la drogue, en général à l’aide de capuchons de stylos Bic (d’où l’apparition incongrue de cet objet anodin dans la scène nocturne, devenant un code reconnu). »

AFFIRMATION n°4 :

« Et survient ce qu’on appelle le K hole (le « trou de K »). Le consommateur est alors assommé sur place et, même s’il ne perd pas connaissance, il est physiquement incapable de faire le moindre mouvement. Cette sensation paniquante peut durer trente minutes ou plus, selon l’intensité du « trou ». On sent alors une impression très déconcertante de mouvements extracorporels avec des hallucinations extrêmement puissantes. Le premier K-hole peut faire complètement perdre les pédales, jusqu’à se demander si l’on est encore humain. Le plancher se dérobe sous les pieds. »

[Mention spéciale à l’indispensable traduction français « trou de »]

AFFIRMATION n°5 :

« La scène new-yorkaise étant, avec celle de Londres, une des plus jusqu’au-boutistes qui soient, les amateurs de Special K se droguent désormais dans la seule optique de tomber dans un K-hole. « Peut-être faut-il lier cette attirance morbide avec le défaitisme imposé par le sida dans une ville désormais trop marquée par la mort pour ne pas déboucher sur des comportements autodestructeurs », s’interroge Jim Dolinsky. On peut le rattacher à la réapparition des drogues dures telles que l’héroïne, même dans des milieux socioculturels très favorisés. Un K-hole transforme n’importe qui en zombie avec communication sociale au niveau zéro : l’immeuble peut s’écrouler, la vie continuera probablement ailleurs. » [YOLO]

Un « pallier » de kétamine

Cependant, des intemporels demeurent ! Encore aujourd’hui, le K-hole c’est quoi ?  C’est quand on atteint un « pallier » avec une prise de kétamine, à partir duquel le corps est plus ou moins incapable de bouger, et que « l’esprit » se détache plus ou moins du corps. S’ensuit alors pendant entre une et trois heures un voyage psychédélique dans le cerveau qui peut sembler durer beaucoup plus longtemps (ou beaucoup moins, ça dépend de si le voyage est agréable ou badant). Le K-hole, c’est aussi un état qui est recherché par certaines personnes. Il convient, pour des raisons de sécurité évidentes, de ne pas se mettre en K-hole quand on est seul ou qu’on a quelque chose sur le feu.

Si tu es avec des gens en K-hole : tu les surveilles, le K-hole ne dure pas éternellement, faut juste s’assurer qu’ils ne sont pas partis trop loin et ne risquent pas de s’étouffer avec leur vomi s’ils vomissent. Si tout le monde respire, alors « tout va bien ». Si c’est toi qui est en K-hole : garde en tête que c’est que temporaire (même si le temps peut s’étirer vertigineusement) et prends le temps de méditer sur tes consommations tant qu’à faire.

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