« On l’appelle drogue de l’amour mais c’est bien souvent la mort qu’elle sème », rapporte l’intro du reportage d’Enquête exclusive dédié à la MDMA, qu’on aimerait bien retrouver en streaming (Bernard de la Villardière, si tu peux faire quelque chose pour nous). C’est un discours extrêmement alarmiste assez récurrent quand on parle de drogue dans les médias. Alors, quels problèmes pose ce genre de discours quand on veut réduire les risques ?
On peine à trouver un intérêt à ce genre de discours télévisé, sinon celui de faire fonctionner l’audimat à plein régime et de pouvoir vendre des espaces publicitaires aux annonceurs en quête de cerveaux disponibles (le modèle économique de la TV est basé sur ça, vous devez le savoir). Car c’est non seulement un discours abusif mais aussi racoleur. Mais c’est aussi le meilleur moyen de faire en sorte que les gens ne dialoguent pas en campant sur leurs positions.
En 2022, selon l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT), on dénombre 1,9 million de personnes (11-75 ans) qui ont fait usage au moins une fois de la MDMA. L’enquête annuelle Drames (décès en relation avec l’abus de médicaments et de substances) menée par le CEIP-A (centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance – addictovigilance) dénombre, quant à elle, 28 décès liés aux amphétamines sur un total de 619 décès toutes « catégories confondues » pour l’année 2020.
La MDMA est une amphétamine, certes, toutes les amphétamines ne sont pas de la MDMA. Mais même en tenant ce 28 comme une valeur absolue, si on l’associe avec le nombre d’expérimentateurs de l’année, cela donne un taux de mortalité de 0,001%. À titre de comparaison, l’alcool, avec ses 47 millions d’usagers dans l’année et ses 45 000 décès annuels présente un taux de mortalité à 0,09%. Mais c’est sans compter les maladies chroniques liées à l’usage de l’alcool diagnostiquées chaque année.
Comprenons bien : il ne s’agit pas de banaliser. Nous sommes conscients des risques inhérents aux drogues, particulièrement celles qui sont illégales mais il est dans nos valeurs d’encourager à s’informer avant de consommer des produits.
Lien vers l’enquête Drames 2020 : https://addictovigilance.fr/wp-content/uploads/2022/11/Resultats-DRAMES-2020.pdf