On remarque la place importante prise par les nouveaux produits de synthèse sur le marché ces dernières années. Difficile d’y voir clair : quels enjeux cela soulève-t-il ? Comment réduire les risques face à ces nouvelles substances ?
S’il y a des gens qui ne manquent pas d’imagination, c’est certainement dans les laboratoires illégaux qu’on peut les trouver. Associer un intellect avec un porte-monnaie est une pratique courante pour qui veut s’enrichir rapidement en faisant fi des lois en plus (coucou Breaking Bad).
Cette catégorie de produits possède plusieurs « noms », qui veulent sensiblement dire la même chose. Ce nom n’est ni relatif à leurs effets, ni à leur famille de molécule, ni à la personne qui les a découvertes/synthétisées/utilisées/commercialisées. On les appelle NPS (nouveaux produits de synthèse) ou RC (Research Chemicals) ou Designer Drugs, parfois aussi sels de bain (mais cette dernière appellation est souvent réservée aux journaux mainstream).
En gros, ce sont des molécules produites à une vitesse folle, en laboratoire, et qui sont souvent vendues sur le Net. Ce sont leurs raisons d’être :
- Entretenir le business en vendant des produits psychoactifs ;
- Trouver des méthodes de fabrication qui maximisent toujours plus le bénéfice (plus de quantité, moins de coût, même prix de vente) ;
- Contourner les lois de classification des stupéfiants (c’est ce qui fait qu’une molécule, ou une famille de molécules, devient interdite). Chaque pays a la sienne et c’est un jeu du chat et de la souris juridique qui s’engage entre les producteurs et les gouvernements.
Leur jeune âge fait qu’on n’a aucun recul sur :
- Les dosages : beaucoup de RC sont actifs à des doses infimes (parfois quelques centaines de microgrammes) et franchement dangereux à des doses plus fortes ;
- Leurs effets à court, moyen, et long terme (et notamment les effets récréatifs) ;
- Leurs effets secondaires (on dit aussi indésirables) et leur fréquence ;
- La puissance et l’intensité des effets en fonction des différences biologiques entre les individus (on parle de génétique, de sexe, de poids, de taille, de maladie chronique) ;
- Des interactions possibles avec d’autres molécules légales ou non.
« Produit inconnu »
Pour tout vous dire, certaines molécules sont si récentes que nos méthodes d’analyse ne nous permettent pas toujours de savoir à quoi on a affaire (la machine dit « produit inconnu », et on compare ensuite l’échantillon à tout un tas d’autres échantillons pour trouver des correspondances). En un mot, et sans dramatiser, avec ces produits-là, le cobaye, c’est le consommateur final.
Malgré tout, certains RC sont usités et connus des usagers depuis longtemps, par exemple le 2-CB qui est parfois considéré comme un RC (alors que c’est Shulgin qui l’a synthétisé en 1974). Certaines molécules gagnent en popularité, de manière dangereusement vertigineuse : les cathinones avec la 3-MMC en tête. D’autres tombent en désuétude : qui se souvient de la méthoxétamine ? Certaines deviennent plutôt bien connues, à coup de trip report : comme les 1P-LSD et autres hallucinogènes. D’autres sont oubliées pour revenir dix ans plus tard tranquillou : genre la famille des 2C- qui ramène sa fraise régulièrement. Les cannabinoïdes de synthèse sont aussi des RC ! Et tout ce qu’on a dit plus haut s’applique également à eux : dosage dangereux, effets inconnus, prix dérisoire, rentabilité maximale.
Les trajectoires sont différentes, notamment en fonction du marché, du travail de prévention, du relais entre justice-santé-éducation, des consommateurs, etc.
Quelques conseils :
- Fais analyser ton produit avant de le consommer, une fois que tu seras certain de ce que tu vas consommer, tu pourras regarder sur la mine d’or qu’est Internet pour adapter tes dosages.
- Préviens quelqu’un que tu vas tester des nouveaux trucs, et évite de consommer seul.e.
- Note tes consos (dosage, heure de prise, etc.) pour éviter les surdoses et adapter ton « programme » des prochaines consos.
Si les effets sont trop forts/trop badants/t’emmènent à l’hôpital, etc. : fais remonter l’information aux urgences, aux Caarud/Csapa autour de toi, forums type Psychoactif.org, bref, à tout le monde possible pour vérifier qu’il n’y a pas de cas ailleurs et si jamais, lancer une alerte produit.
