On entend souvent que la MDMA serait la « drogue de l’amour ». C’est certainement lié à son effet empathogène et entactogène qui donne envie de faire des câlins à tout le monde. Attention cependant à respecter le consentement des personnes en face de vous. À force de simplification, on peut passer à côté de réelles problématiques et augmenter les conduites à risques.
La soumission chimique correspond à l’acte d’amoindrir les défenses psychiques et physiques d’une personne à l’aide de substances chimiques (par exemple l’alcool), des fins criminelles (vols, viols/agressions sexuelles). Très médiatisé ces dernières années, il s’agit d’un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur dans notre société, car largement sous-estimé pendant très longtemps. Depuis les années 1990, la communauté médicale internationale s’intéresse à ce phénomène.
Les nombreuses études publiées ont permis de clarifier le sujet dans certains domaines tels que la toxicologie médico-légale et la pharmacologie des produits employés. Pourtant, un grand nombre d’inconnues persistent vis-à-vis de ce comportement.
L’importance des mots
Bon, ce sont les chiffres de 2019, mais saviez-vous que d’après l’Agence nationale de sûreté du médicament, la MDMA a été dix fois plus utilisée que le GHB pour pratiquer la soumission chimique ? Pas qu’on veuille jeter l’opprobre sur une molécule plutôt qu’une autre (pas notre style), mais juste mettre en lumière l’importance des mots. La manière dont on nomme les choses ne colle pas toujours avec la réalité.
Appeler la MDMA la « drogue de l’amour » est aussi dangereux que d’appeler le GHB/GBL la « drogue du viol », d’un côté on banalise, de l’autre on diabolise. La réalité est toujours infiniment plus complexe que ces considérations simplistes de « c’est bien » ou « c’est mal ». D’ailleurs, à force de banalisation on augmente le risque de conduites à risques. Et à force de diabolisation, les personnes concernées ne vont plus oser demander de l’aide, parler de leurs problèmes.
Ajoutons à ça que 62% des victimes de plus de 12 ans avaient aussi consommé de l’alcool, le rapport précise « volontairement » mais est-ce qu’on est bien conscient quand on est déjà bleu-saignant ? Si faire boire son crush a pu être présenté comme une « technique de drague » au cinéma ou à la télévision (ou même dans des livres), c’est bien, aux yeux de la loi, de la soumission chimique. Oui, car l’alcool est une substance psychoactive. Faire consommer des produits psychoactifs dans le but d’obtenir d’une personne quelque chose qu’elle ne voulait pas donner sobre, c’est de la soumission chimique.