
Aujourd’hui, X. nous livre son témoignage sur ses pratiques d’usager injecteur, les stigmatisations associées, l’isolement et les risques qui en découlent, même au sein des soirées où les gens consomment. Merci à lui !
J’ai hésité très longtemps à faire ce témoignage mais le climat actuel sur les espaces festifs et médiatiques me laisse penser qu’il est temps. Merci à Kepsmag de nous offrir la possibilité de mettre en lumière nos vécus dans le non–jugement et la bienveillance.
Je suis consommateur de stimulants depuis mes 17 ans et mon mode de consommation principal est l’injection intraveineuse (ou slam selon les groupes sociaux). J’ai caché secrètement ma pratique pendant plus de dix ans par honte et peur de rejet et grâce aux outils et aux accompagnements offerts par les structures de RdR et leurs acteurices, j’ai eu la possibilité d’appliquer une hygiène de consommation régulière et stricte très tôt.
Or cet été après plus de dix ans de pratiques, j’ai développé mon tout premier abcès ainsi que mon tout premier effet poussière (un effet secondaire dont les symptômes sont très proches d’un état grippal violent pendant plusieurs très longues heures, dû à une mauvaise filtration)
Comment, pourquoi ?
Eh bien je vais beaucoup en soirée tekno, ce qui me demande beaucoup de vigilance autour de ma pratique et au matériel associé. Or récemment, à cause de l’effet de peur et d’incompréhension grandissant autour du phénomène des piqûres, je suis terrorisé. Je suis effrayé, non pas seulement d’être une potentielle victime, mais d’être à tort accusé d’être un agresseur.
Il y a quelques semaines une fouille très violente a failli laisser un vigile tomber sur mon matériel. Par peur, je suis obligé de limiter le nombre de seringues dans mon sac à 1, voire 2. Sauf que c’est comme les pailles, la réutilisation c’est pas bon et mes consos habituellement encadrées avec du matos propre et stérile sont devenues des passages rapides aux toilettes avec des aiguilles émoussés car trop utilisées, un produit mal filtré, voire pas du tout ou une désinfection inexistante.
Vite et bien, ça n’existe pas. J’ai donc développé des dommages physiques dès la première soirée. Je n’y vais plus quasiment. J’ai trop peur de me mutiler ou de devenir un des visages que l’on aura plus facilement identifié comme potentiel agresseur car il aura des seringues dans son sac alors qu’elles ne servent qu’à consommer.
Je n’ai pas de solution et je ne cherche pas à en apporter particulièrement. Mais je ne suis pas un cas isolé et je redoute le moment où quelqu’un comme moi sera pointé du doigt pour des actes qu’il ne commettra pas.
Merci de m’avoir lu. Prenez soin de vous.
Les témoignages publiés sur KEPS et ses différents réseaux sociaux sont issus de notre communauté. Ils peuvent nous être envoyés par email, en messagerie privée, ou racontés de vive voix (et enregistrés puis retranscrits), ils sont le récit d’une expérience toujours subjective. Il convient de les prendre tels qu’ils sont : un morceau de la réalité d’une personne. La plus grande bienveillance est de mise et les propos tenus ici ne reflètent pas une position de Kepsmag ou de l’association Bus 31/32.
📞 Envie de réponses ou simplement d’être écouté·e ? 3615 KEPS ce sont les rendez-vous qu’on te propose le mercredi et jeudi de 14h à 17h. Envoie-nous un message, on est là pour toi.