L'entrée du festival by night - Son Libre 2024 - Kepsmag
L'entrée du festival by night - Son Libre 2024 - Kepsmag

On a été bénévoles au Son Libre 2024 et voilà ce qu’on en a pensé

Publié le 20 mai 2024 par Maxime

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Cet article parle de : #milieux-festifs

À Collias dans le Gard, se déroulait début mai les 10 ans du Son Libre ! On a testé pour vous l’expérience du bénévolat et on vous raconte notre ressenti sans filtre. Spoiler : on s’est super bien amusés ! Mais on a quand même deux trois trucs à redire.

Le Son Libre est un festival de musique électronique présent depuis 2014 avec 3 scènes : une tekno, une trance et une chill. De nombreux stands de nourriture, un cadre naturel magnifique et de la musique non-stop sont au programme de cet évènement qui fait débat du côté des habitants des villages alentour. Des fêtards et fêtardes de toute la France mais aussi des pays voisins assistaient au festival qui a mobilisé autour de 400 bénévoles. On a passé un bon weekend à blaguer avec les festivaliers, et à faire des allers-retours entre les coins chill à l’ombre et les zones. Nous apprenons par voie de presse qu’une personne est décédée le dimanche, pendant la rédaction de cet article. On espère que toute la lumière sera faite sur cette affaire où la piste du suicide est privilégiée par les autorités, et on apporte tout notre soutien aux organisateurs. 

In Dust We Trust

Pour commencer, on pourra dire que tout le temps que nous avons passé en présence des festivaliers et festivalières était cool. L’ambiance sur les différentes scènes et dans les parkings et campings (les deux se sont naturellement un peu mélangés dans le week-end) était vraiment chouette, on n’a pas vu d’embrouilles ni de relous, ni de gens trop dans le mal. En plus, les agents et agentes de sécurité qu’on a croisés étaient maxi-chill, c’était très plaisant de ne pas subir d’intimidation et de se faire parler correctement. Évidemment, ce point de vue est subjectif et ne provient que de notre perspective : relous, embrouilles et gens dans le mal font partie de la société et se retrouvent immanquablement dans ce genre d’événement qui regroupe plusieurs milliers de personnes. On a croisé plusieurs personnes qui ont dit avoir été embêtées même si on n’a pas vu les relous en question. Beaucoup de contrôles policiers pour les conducteurs à l’entrée et à la sortie. 

Les scènes étaient particulièrement décorées, mention spéciale pour la Chill-Stage avec son décor orientalisant en bois : c’était particulièrement beau et ombragé le jour mais aussi très bien éclairé la nuit. La scène trance et son impressionnant mapping était aussi vraiment troublante de nuit (on imagine à peine l’effet sous certains produits !), et la canopée décorative faisait un max d’ombre, un vrai bon point. La scène tekno nous a un poil moins convaincus (pas d’ombre, et un décor un peu trop statique à notre goût). Sur chaque scène : de la moquette au sol pour éviter de soulever trop de poussière et finir avec une infection des poumons. Le sol étant en argile et le temps étant très sec, c’est souvent une ambiance désertique avec la poussière qui finit dans les poumons. A priori pas très écolo mais très profitable à l’expérience festivalière. D’ailleurs, la poussière fait tellement partie intégrante du décorum du festival que sur l’affiche de l’année dernière, il était écrit « In Dust We Trust ». 

 

La scène trance et son énorme canopée - Son Libre 2024 - Kepsmag
La scène trance et son énorme canopée – Son Libre 2024 – Kepsmag
La scénographie en bois complètement folle de la scène Chill - Son Libre 2024 - Kepsmag
La scénographie en bois complètement folle de la scène Chill – Son Libre 2024 – Kepsmag

Shrink-Flation

On notera que, depuis l’an dernier, le festival a lieu début mai au lieu de fin juin. Un décalage temporel profitable à tout le monde qui a été magnifié cette année par le printemps pluvieux que nous avons eu dans le Sud : tout était verdoyant. Le terrain était particulièrement accidenté et on a eu peur tout le long de nous fouler une cheville, mais ça, c’est le lot de la nature et nullement imputable aux organisateurs, évidemment. 

 

Entre les deux scènes, l’immense (et le seul) bar central (largement suffisant vu la taille du festival). Il y avait en général peu d’attente, et pour une fois, c’était facile de se « retrouver au bar » du coup. Concernant les éco-cups floquées aux couleurs du festival, il s’agissait d’un achat pour 1 € non remboursable mais échangeable à chaque nouvelle commande. La pinte était à 45 cl, ce qui devient un nouveau standard dans les festivals. On s’interroge de cette shrinkflation qu’évidemment on déplore. L’eau gratuite présente sur le site du festival étant impropre à la consommation, la seule eau consommable provenait des bouteilles de Cristalline d’1,5 litre vendues à 1,50 €. Pas très cher, mais pas gratuit. L’accès à l’eau (qui plus est par des températures caniculaires) est un vrai moyen de réduire les risques liés à l’usage de substances mais aussi ceux liés à la chaleur (on en parlait dans cette vidéo). 

Le bar avec l’animation de la caravane musicale - Son Libre 2024 - Kepsmag
Le bar avec l’animation de la caravane musicale – Son Libre 2024 – Kepsmag

Il y avait une dizaine de stands de nourriture situés à l’écart des deux grosses scènes, près du chill et de la petite scène. On a eu un énorme coup de cœur pour « la maison des (t)raviolis » avec leurs pâtes et leurs sauces maison, ainsi que leur cuisine low-tech ; et la « Pita Stage » avec leurs sandwichs cochon ou végé avec pleurotes, pains et sauces maison pour pas cher. Deux énormes coups de cœur, des portions autour de 10 € pour une cuisine de qualité.

 

Sur le site étaient également présentes plusieurs associations de réduction des risques et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Axess Festif (que vous pouvez suivre sur Instagram et Facebook) de Montpellier et TKT Take Kare Tekno Crew – (que vous pouvez retrouver sur Instagram et Facebook) qui déployaient masse d’intervenant·es, et avec la quantité de drogue qui tournait partout ce n’était clairement pas de trop. Les services proposés allaient de la prise en charge des bad-trip et des réassurance, la distribution de materiel, un espace de réassurance à un chill en mixité choisie sans homme cis hétéro et l’analyse de drogue. Merci à elle·ux ! 

 

Les stands de RdR de TKT et Axess en plein milieu du festival - Son Libre 2024 - Kepsmag
Les stands de RdR de TKT et Axess en plein milieu du festival – Son Libre 2024 – Kepsmag

Expérience bénévole mitigée

Concernant l’expérience bénévole, nous sommes mitigés. Il faut d’abord dire que tout le monde a été très sympa, que l’ambiance était détendue, que l’eau des douches était chaude et que la nourriture était bonne. Mais plusieurs points méritent d’être pris en compte et d’être discutés

La communication en amont du festival s’est très bien passée, des échanges de mails clairs, des appels de relance pour les oublis de délai, et un drive bénévoles avec plusieurs documents très utiles, notamment un livret d’accueil avec les valeurs du festival, le planning de tous les bénévoles, des plans, un livret de sensibilisation aux violences sexuelles et sexistes concocté par TKT, une charte d’engagement bénévole, une charte de bienveillance, et le récapitulatif de tous les postes. De la lecture intéressante et bienvenue.

 

Les bénévoles jouissent donc d’un QG – avec des bouteilles d’eau fraîches accessible en permanence, une zone d’ombre, des canapés et des jeu – d’un camping privatif ombragé situé derrière les scènes suffisamment grand pour tout le monde avec un conteneur douches CHAUDES !, une zone de repas couverte, une cuisine, une plonge et une cacaravane. Une caravane équipée de 3 toilettes sèches vraiment mignonne et agréable avec musique, déco, lumières et nettoyage régulier. Un bonheur !

L’incroyable CACAravane du côté des bénévole - Son Libre 2024 - Kepsmag
L’incroyable CACAravane du côté des bénévole – Son Libre 2024 – Kepsmag

Mériter sa pitance

Notre premier shift était au parking de 8h à 12h le jeudi matin. On nous a demandé d’arriver la veille autour de midi. Pas de chance, de gros ralentissements en sortie de Marseille nous ont fait arriver à 14h. Nous n’avons pas eu de brief et avons juste chillé. On aurait pu partir plus tard, nous préparer mieux, dormir plus… Bref, plutôt que de venir pour rien, on aurait nous donner une heure plus tardive avec un brief pour le lendemain matin. D’ailleurs, le premier matin : pas de p’tit déjeuner ni de café pour les bénévoles. On nous a dit « on a de l’eau chaude si jamais vous avez des sachets de thé », autant vous dire qu’on a âprement râlé. Fashion faux pas corrigé pour les jours d’après, heureusement.

En gros, les shifts bénévoles durent quatre heures (c’est très honnête, ça passe vite) et les rdv se font une quinzaine de minutes avant ces horaires au QG des bénévoles. Où le responsable, une fois venu, nous emmenait au lieu de la mission. Le premier shift se passe sans encombre, on indique au public la route à suivre pour se garer efficacement en fonction du gabarit de leur véhicule. Une fois cette tâche effectuée, les responsables bénévoles bipent notre bracelet nous gratifiant de 12 € et d’un repas au catering. Il faut donc mériter sa pitance. L’ensemble de l’équipe semblait très marquée par les taux d’absentéisme des bénévoles des précédentes éditions. 

C’est le principal et énorme point noir de cette organisation (même si pour le coup c’était prévenu bien en amont dans les différents outils de communication). Un repas par jour, c’est trop peu : qui plus est, sur des journées aussi chaudes où la conservation des aliments est bof. On gardera aussi en tête que beaucoup de gens font du bénévolat dans les festivals car c’est une solution économique pour faire la fête. Bref, un seul repas par jour (fait maison, et très bon au demeurant), c’est pas assez. Tout comme les 12 € de consommations au bar (soit 4 Ginger beers ou 2 bières ou 8 bouteilles d’eau), un peu léger pour quatre heures de travail. Le meilleur moyen qu’avec le soleil, les bénévoles les moins fortunés aient privilégié l’alcool dans leur paquetage, sautent un repas et soient mal à cause de l’alcool. Ce qui nous est d’ailleurs arrivé : oups. On est bien loin d’autres festivals (le Reperkusound, pour n’en nommer qu’un) où la nourriture est en accès libre et où les bières sont à prix coûtant.

Les bières promises 

On a malheureusement souvent eu l’impression de ne servir à rien, et d’être là pour être là. D’ailleurs, certains responsables blaguaient à ce sujet. Honnêtement, on gagne en détente ce que l’on perd en motivation ; et on finit par se dire que louper un shift n’est finalement pas si grave. D’ailleurs, c’est sans regret que nous avons planté le dernier shift du closing pour partir plus tôt, ne pouvant de toute façon pas boire deux pintes qui nous étaient promises avant de pouvoir reprendre la route. Du coup, nous avons fait des tours de parking et de camping pour vérifier que personne n’était en sang ou en situation de malaise. 

Le shift de 04h à 08h du matin était plus questionnant, on nous a invités à faire de la RdR sur le parking, distribuer du matériel, donner des conseils et prévenir si on tombe sur des situations à risques. La RdR demande quand même un bouquet de savoir être et de connaissances et une posture qui ne s’apprennent pas sur le pouce : ça nous a un peu fait grincer. Même si encore une fois il s’agissait plus de faire une maraude bienveillance. À la question « comment on vous prévient s‘il y a un problème ? », nos responsables nous disent « on a une radio » c’est super mais nous non, ni réseaux ni batterie. 

Pas grave dans la mesure où on n’a rien vu de problématique. Heureusement ! 

Sinon, les bénévoles étaient très sympas et les festivaliers adorables. Se balader avec le gilet jaune du festival, c’était se recevoir un torrent de remerciements, de gentillesses et de bières offertes <3.

 

Le prix du week-end

Au niveau des billets, il y avait moyen de s’en sortir pour peu de frais en s’y prenant tôt. 1000 billets à 95 € ont été mis en ligne jusqu’au dernier tarif à 150 € (7 000 places étaient en vente à des tarifs plus attractifs). A ce prix, 3 nuits et presque 4 jours de teuf dans un plutôt bonne ambiance. Avec un parking tentaculaire, un soleil enthousiasmant, des nuits rafraîchissantes, des jeux en bois géant, un stand de maquillage fluo (gratuit). Une dizaine de douches, des spots de toilettes sèches (un dans le festival et 3 sur l’extérieur). Pour le coup, les toilettes sèches tenues par l’association Les Gandousier étaient toujours propres, toujours garnies de pq et toujours sous la surveillance de leur Mr ou Mme Pipi qui veillait au grain. Appréciable. 

Les jolies toilettes sèches des Gandousiers avec leur équipe propreté dédiée - Son Libre 2024 - Kepsmag
Les jolies toilettes sèches des Gandousiers avec leur équipe propreté dédiée – Son Libre 2024 – Kepsmag

Beaucoup de flics sur le site du festival, on imagine que c’est une condition sine qua non imposée à l’orga. On n’a pas été témoins de débordements. On aurait aimé une petite épicerie comme à Hadra ou à Ozora pour que les festivaliers (et les bénévoles, lol) puissent acheter des fruits et des repas à pas cher. En plus, c’est un cool job de bénévole de staffer dans ce genre de petite échoppe. 

Pour conclure, on a passé un bon week-end, mais c’est un bénévolat qui nous a coûté un peu cher alors que justement, le mode bénévole est censé être parfait pour les petits budgets. Le bénévole représente une économie folle au niveau des dépenses en ressources humaines, il est de bon ton de prendre leur accueil au sérieux. Surtout quand on a déjà 10 ans.

 

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