💥Ce qu’on s’est dit (et qu’on ferait bien de retenir)
La santé mentale n’est pas juste une affaire personnelle, elle est politique.
Le livre Full santé mentale redonne la parole aux concerné·es et bouscule les idées reçues.
Prendre soin, c’est aussi militer, écouter et faire collectif.
En bref :
Dans Full santé mentale, Christelle Tissot Grosset – fondatrice du média mūsae – explore la santé mentale sous un angle engagé et inclusif. Ni psy, ni universitaire, elle donne la parole aux personnes concernées, à celles et ceux qui vivent les troubles au quotidien. Le livre questionne les liens entre santé mentale, inégalités sociales, trauma, fête, identités et soin collectif. Ici, pas de vernis : parler de santé mentale, c’est parler de notre monde, de ce qui nous blesse et de ce qu’on peut réparer ensemble. Un outil essentiel pour comprendre, écouter et mieux prendre soin – individuellement et collectivement.
Full santé mentale, c’est le livre de Christelle Tissot Grosset, fondatrice de Mūsae, média partenaire chéri de KEPS qui démocratise et dédramatise la santé mentale. Ni professionnelle de santé, ni universitaire, Christelle est simplement une personne concernée qui met en lumière les regards croisés de celleux qui font bouger les lignes.
« C’est l’affaire de toustes, mais pas sans les concerné·es »
On l’a interviewée pour l’occasion et pour elle, la santé mentale est un sujet qui devrait toucher tout le monde. « Pour plusieurs raisons dans la mesure où on en a toustes une, c’est juste qu’on s’en est rendu compte il n’y a pas très longtemps, explique Christelle. On a l’impression que la santé mentale est née avec le Covid, alors qu’elle fait partie de notre santé, parfois la santé mentale et la santé physique communiquent même ensemble. On est toustes concerné.es et on devrait toustes s’éduquer et s’informer sur le sujet. Ne serait-ce que pour soi, en fait, pour apprendre à mettre des mots sur ce qui nous fait souffrir ou ce qui nous fait également aller bien. »
Soulignant qu’en France, treize millions de personnes sont atteintes de trouble psychique (environ une personne sur cinq) et qu’on connaît toustes une personne touchée, elle estime ainsi qu’« on aurait donc toustes à gagner à apprendre à écouter », « sans pour autant parler à la place des concerné·es ».
Et c’est de ça dont il s’agit dans Full santé mentale : « Au-delà de libérer la parole sur la santé mentale, passer un peu à la phase deux qui est de se former à l’écoute. » Car si « porter soin est un élément essentiel pour les personnes concernées », ça l’est aussi « pour les personnes traumatisées par notre société raciste, sexiste, validiste, LGBTIA+ phobe. »
Car « Parler de santé mentale, c’est aussi s’intéresser à la souffrance des gens »
À mettre absolument dans toutes les mains, ce livre dégage différentes thématiques (les identités, le Fomo, la diet culture, la solitude, les relations affectives, le burn-out, la fête et l’éco-anxiété) et se démarque comme étant une réelle ressource pour les concerné.es, leur entourage et la société dans sa globalité. « Ce livre a pour objectif de donner certaines clés pour comprendre aussi ce que des personnes concernées par des traumatismes peuvent vivre, parce que dans ce monde de brutes, il y en a quand même 2/3 qui sont liés à notre société validiste, raciste, LGBTQIA+phobe, psychophobe, etc. Parler de santé mentale, c’est aussi s’intéresser à la souffrance des gens. C’est un peu prendre le pouls de notre société, mesurer à quel point elle va mal ou elle va bien, et en dégager des inégalités socio-économiques, du racisme, toutes les formes de discrimination qu’il peut y avoir », nous dit Christelle.
« On ne vit pas dans un bocal fermé »
Car la santé mentale ne se traite pas seule, elle s’analyse sous le prisme des inégalités systémiques, de l’accès aux soins, et du contexte politique. Full santé mentale décortique les enjeux sociétaux et propose des outils pour survivre en milieu hostile, ainsi que des perspectives collectives. « Parce qu’exprimer une souffrance psychique, c’est souvent exprimer un isolement, un rejet, un mal-être qui est lié à nos structures sociétales, souligne Christelle. La santé mentale s’exprime à travers les questions d’identité, de culture, de solitude de travail, de burn-out, etc. Elle vient s’exprimer dans tout ce qui vient au quotidien aussi. On ne vit pas dans un bocal fermé, c’est carrément un enjeu collectif sociétal, citoyen et politique. »
« La fête, c’est aussi un espace de revendication pour les marges et la contre-culture »
Un des sujets phares de Full santé mentale et sur lequel nous nous sommes bien largement penché.es car extrêmement concerné.es, c’est bien sûr la fête ! Véritable guide, l’ouvrage nous fait réfléchir aux espaces festifs que l’on peut fréquenter, des fêtes de famille aux dancefloors endiablés, et à pourquoi on la fait, comment on la fait. Libératrice pour certain.es, anxiogène pour d’autres, mais surtout pas si binaire le plus souvent pour toustes, c’est l’occasion de revenir sur l’origine de la fête et son rôle bien plus fort qu’un simple divertissement. Réelle assise de pouvoir à certaines époques et dans certains contextes, on la retrouve aussi comme avant-gardiste de regroupements alternatifs.
« La fête, c’est aussi un espace de revendication pour les marges et la contre-culture, analyse Christelle. On peut le voir à travers les fêtes dans des squats, les raves, les soirées illégales, ou par exemple la Marche des fiertés qui était une Pride à la base. C’est une grosse fête qui donne de la visibilité dans l’espace public à des personnes qui ont été complètement invisibilisées, et ce que je trouve cool, c’est qu’on commence à avoir la même chose pour les personnes concernées par les troubles de la santé mentale, notamment à travers la Mad Pride (ou Fada Pride à Marseille) qui a eu lieu le 18 octobre. C’est un espace de célébration, mais aussi d’autodétermination et de revendication. »
« L’idée n’est surtout pas de diaboliser la fête »
Alors, comment créer des espaces réellement plus safe, plus militants et donc plus inclusifs ? Comment les femmes se sont-elles exclues de l’espace public pour fuir les VSS, quels enjeux de sensibilisation ? Christelle nous donne des éléments de réponse : « Certains espaces ne sont pas forcément bien gérés pour les personnes qui sont vulnérables physiquement ou psychiquement. Selon les lumières, la gestion des flux, la gestion aussi des drogues, des espaces différenciés, etc. La fête n’est pas toujours une bonne échappatoire quand t’as un trouble psy, mais elle peut l’être si elle est bien faite. Il y a des recommandations, notamment dans Full santé mentale où l’idée n’est surtout pas de diaboliser la fête mais juste d’en faire un espace safe qui correspond à l’équilibre que toi tu cherches. »
Quelle place pour les consommations de produits, à quel moment la prise de substances devient-elle problématique et comment marche l’addiction ?
Binge drinking, chemsex, besoins derrière la consommation, place de l’alcool, dry dating, Full santé mentale aborde sans tabous des problématiques présentes en milieu festif et offre des axes et des ressources pour mieux les aborder et mieux choisir ses espaces.
« Il y a de vrais acteurs qui se positionnent pour en faire un espace plus safe, qui viennent généralement de ce milieu et qui ont conscience des inégalités et à cœur de prendre soin des personnes qui sont vulnérables », nous confie Christelle.
Et le tout, en luttant contre les oppressions structurelles !