Photomontage KEPS, + IA
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Dry January : Quand une campagne de santé publique nous permet de travailler notre conditionnement à l’alcoolisme

Publié le 6 janvier 2025 par Emeline

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Cet article parle de : #addiction

Chaque année, cette initiative mondiale invite des millions de personnes à suspendre leur consommation d’alcool pendant tout le mois de janvier. Lancé en 2013 par l’ONG britannique Alcohol Change UK, le Dry January offre une opportunité unique de réévaluer son rapport à l’alcool et d’améliorer sa santé.


Mais si nous décidons de mettre en perspective cette initiative de santé publique, somme toute bienveillante, il est intéressant de l’éclairer sous le prisme de la période de fêtes de fin d’année hautes en couleurs, en capitalisme et en consumérisme, poussant les individus à la surconsommation gastronomique, matérielle et in fine, d’alcool – un grand merci au Secret Santa ainsi qu’aux soirées de Noël d’entreprise sans lesquels rien de tout cela n’aurait été possible !

PARLONS PEU, PARLONS PAVLOV ET CONDTIONNEMENTS COMPORTEMENTAUX
En 1904, Ivan Pavlov, un physiologiste russe se rend célèbre par une expérience qu’il a menée sur le comportement des chiens, démontrant comment un stimulus peut influencer nos réflexes.

L’expérience de base est que Pavlov faisait tinter une clochette avant de donner de la nourriture à un chien. Après plusieurs répétitions, le chien se mettait à saliver rien qu’en entendant la clochette, même sans nourriture.
Voici comment ça fonctionne :

  1. Stimulus inconditionnel (SI) : La nourriture provoque naturellement une réaction (la salivation).
  2. Réponse inconditionnelle (RI) : Le chien salive automatiquement devant la nourriture.
  3. Stimulus conditionnel (SC) : La clochette, au départ neutre, finit par provoquer une réponse après avoir été associée plusieurs fois au SI (la nourriture).
  4. Réponse conditionnelle (RC) : Le chien salive en entendant la clochette, sans nourriture.

En transposant cela à nos habitudes de consommation d’alcool, les « stimuli » (les comportements sociaux et culturels liés à l’alcool) fonctionnent de manière similaire. Les stimuli sociaux, comme un apéro entre amis ou une fête, sont souvent associés à la consommation d’alcool. Avec le temps, ces événements deviennent des déclencheurs conditionnés, créant une envie automatique de boire.
Après les fêtes, vous ne pouvez probablement pas encore affirmer que vous êtes alcoolique, mais bel et bien conditionné à prendre du plaisir en vous récompensant d’avoir fini cette interminable année en buvant des verres avec ceux qui vous sont chers, ou pas, d’ailleurs – Youhou.

LES BIENFAITS DU DRY JANUARY POUR VOTRE SANTÉ
Et parfois, la dissociation a du bon ! En effet, en vous proposant une pause temporaire dans vos habitudes de consommation, vous allez progressivement dissocier les stimuli (récompense ou moment de stress) de la réponse conditionnée (consommation d’alcool).
C’est le moment d’investir votre sphère créative en créant de nouvelles réponses comme boire une tisane, de l’eau gazeuse, aller faire du sport, vous promener – les possibilités sont infinies.


Cette rupture avec les schémas inscrits ont permis de mesurer des bienfaits comme :
·   Une meilleure qualité de sommeil ;
·   Un regain d’énergie ;
·   Une peau éclatante ;
·   Une économie financière.

Que fait le Dry January pour votre santé ?
Une étude réalisée par Alcohol Change UK en 2021 montre que 70% des participants maintiennent une consommation réduite six mois après le défi. Ce mois sobre agit comme un outil de réinitialisation pour votre corps et votre esprit.

DRY JANUARY OU MODÉRATION ?
Une question fréquente est de savoir si le Dry January est préférable à une modération constante. Dans une logique de réduction des risques, et contrairement aux perceptions, il ne s’adresse pas uniquement aux buveurs excessifs, mais à toute personne souhaitant réévaluer sa relation à l’alcool.
Le Dry January offre une rupture nette, utile pour évaluer sa dépendance potentielle, tandis que la modération peut être plus adaptée sur du long terme.
L’addictologie distingue les usages à risque des usages problématiques. Participer au Dry January peut aider à identifier des comportements préoccupants, comme une difficulté à s’abstenir ou un besoin impérieux de consommer de l’alcool (craving). Cela peut vous permettre de vous ouvrir à une réflexion personnelle ou à une consultation avec des professionnels.
Des outils proposés par les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) ou Alcool Info Service peuvent vous accompagner si vous souhaitez approfondir cette démarche.

Nos conseils pour un Dry January réussi !

Comment tenir le Dry January ?
·       Fixez-vous des objectifs clairs.
·       Prévenez votre entourage afin qu’il vous soutienne.
·    Rejoignez une communauté : des hashtags comme #dryjanuary ou #dryjanuaryoptions peuvent vous permettre de rester motivé grâce à une communauté qui vous offre du soutien.
·    Expérimentez des alternatives sans alcool : cocktails sans alcool populaires (Virgin Mojito, Spritz 0%, smoothies vitaminés), bières sans alcool (explorez des marques artisanales), vins désalcoolisés (une option élégante pour les déjeuners).  

Vous souhaitez poursuivre ce mood après janvier ? Des trackers ou des applications sont assez utiles pour favoriser cette démarche ! Et pour en savoir plus, voici une vidéo avec Carla qui vous explique tout sur les trackers, ces aides faciles à mettre en place.

 

À touste, nous vous souhaitons un joyeux mois de sobriété. 😊

 

Source :

Clément, C. (2013). Chapitre 2. Conditionnement pavlovien. Conditionnement, apprentissage et comportement humain. (p. 23 -35 ). Dunod.

Richard O. de Visser & Nicholls, J. (2020). Abstinence temporaire pendant le mois de janvier sans alcool : facteurs prédictifs de réussite ; impact sur le bien-être et l’auto-efficacité. Psychology & Health, 35 (11), 1293-1305. 

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