Photomontage KEPS.
Photomontage KEPS.

Témoignage | Boire un verre ? Ça ne m’intéresse pas

Publié le 8 janvier 2025 par X

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Cet article parle de : #drogues-legales #alcool #temoignage

Dans le témoignage du jour X nous raconte les outils mis en place pour suivre sa consommation d’alcool. Une conso qui commençait à lui poser des problèmes de conscience. 


« Alors voilà, j’ai commencé à utiliser le Picole Pixel en 2023. Je trouvais que je buvais plus que de raison, je fais de la zic dans un groupe, je fais pas mal de festivals puis pendant les confinements et après le Covid je me suis mis à beaucoup boire. En tout cas trop pour ce que j’avais envie de picoler. J’ai eu deux parents profondément alcooliques, c’est un peu un repoussoir. Néanmoins j’ai hérité d’eux un goût prononcé pour l’alcool et une descente très rapide. Par contre je ne tiens pas, donc je bois vite. Et à la troisième pinte en une heure je me cogne la montée d’alcool cumulée. Bref. 

J’AI BU 136 JOURS SUR 365 EN 2023

Comme j’suis un peu toqué, je voulais utiliser le Picole Pixel sur une année entière. C’est un copain qui m’a montré le sien, il le tient depuis des années. J’ai donc commencé en 2023. Quand l’année s’est finie j’ai pu avoir le compte, disons… objectif. 

Donc j’ai bu 136 jours sur 365 en 2023. Pas si grave me direzvous, ça fait plus d’un jour sur trois. Mais le vrai problème c’est les quantités que je buvais à chaque fois. J’ai enchaîné les blackout et les soirées dont je me rappelais qu’à moitié. Alors bon, j’crois que j’ai pas fait trop de dingueries mais en même temps : comment me rappeler de ce que j’ai oublié ?

Comment être sûr que je ne dépassais pas les bornes (pour le dire gentiment). Plus clairement, l’angoisse qui m’est montée c’est : comment savoir si je ne suis pas un agresseur en puissance quand j’suis éclaté au point de ne pas m’en souvenir ? 

J’veux dire, je ne suis pas spécialement porté cul en soirée. 

Et je ne suis pas un embrasseur intempestif fort heureusement mais quand même, comment être sûr ? Je fais souvent plein de bêtises drôles vu de ma chapelle quand j’suis eclatax. J’aime trop jouer à la bagarre : je redeviens un gamin mais un gamin hyperactif.

Bref, à la fin de l’été j’avais cumulé 11 blackout (dont deux pendant mon Dry January) et 47 « trop de verres ». Alors c’est un outil subjectif dans la manière dont on catégorise nos consommations. Mais en gros, moi je m’étais mis en unité d’alcool. Donc les catégories que j’avais, c’était : 1 unité / 2 unités / entre 3 et 5 unités / 5 à 10 unités / et blackout. Je buvais pas tous les jours mais en revanche je pétais les plafonds à chaque fois. Je faisais des semaines à plus de 15 unités. Alors que je buvais seulement le week-end. 

 

J’AI DRASTIQUEMENT RÉDUIT MA CONSO

Mais en fait j’aime bien me défoncer, pas tant l’alcool. Boire un verre ? Ça ne m’intéresse pas. Boire pour le goût non plus. Comme j’aime pas spécialement le goût, autant laisser les bons vins à ceux qui les aiment. Et puis comme je bois vite, la bière la plus légère possible fait très bien l’affaire. Tout ça pour dire que j’ai drastiquement réduit ma conso. 

Pour l’année 2024, j’ai cumulé seulement 79 jours où j’ai bu et seulement 3 blackout. Ça fait moins d’un jour sur 4. Et les quantités ont été vues à la baisse. Ce que j’aime c’est l’ivresse. Donc les verres les plus faciles à faire sauter, c’étaient ceux qu’on boit à l’occasion sans volonté de se mettre une cartouche. Ce qui fait que je buvais moins souvent, et que donc l’ivresse m’est venue différemment. En buvant moins (j’ai fait plusieurs fois des mois entiers sans alcool) j’étais plus conscient des effets de l’alcool. Cette petite décharge de dopamine libérée à l’occasion d’un moment plaisant, eh bien je la sentais beaucoup plus forte. Du coup je me suis mis à chercher moins l’ivresse (la défonce) que cet état d’euphorie (qui m’était trop souvent caché par la défonce). 

Ça a aussi fait baissé mes conso. Disons qu’après deux bières, résister à une trace de stim c’était mission impossible. Boire moins ça m’a aussi permis de mettre les mots sur mes schémas de consos « non merci je ne vais pas taper sinon après je vais avoir envie de finir ton pochon alors qu’en fait, là comme ça, j’en ai ni envie ni “besoin” ». 

In fine ça m’a aussi permis de ne plus aller dans des soirées où je n’avais pas spécialement envie d’aller simplement pour m’ouvrir le crâne.

 

COMMENT SOIGNER MA TÊTE ?

Le revers de la médaille, j’avoue je ne l’ai pas vu venir. Je suis pas sûr que ce soit directement lié à ça, ou si c’est un truc que j’ai mis en place tout seul dans ma tête, mais ça m’a éloigné d’une façon bizarre de mes groupes sociaux. Même si je vais encore dans plein de soirées, d’événements et de festivals sans forcément consommer. Ou alors juste des drogues et pas d’alcool. Ou alors rien du tout. Enfin, ça je l’oralise à chaque fois. 

Du coup que l’essentiel des moments de sociabilité des collègues c’est se poser et boire des bières ben je me suis privé de l’essentiel de ces moments. Pas simplement à cause de l’alcool mais aussi et surtout car mes liens avec ces collègues se sont détériorés. Je ne sais pas si c’est moi qui ai changé ou eux ou mon regard sur nos relations mais en tout cas, j’ai vraiment vu un truc se briser et ça m’a rendu triste. Triste parce que j’aimais vraiment les moments qu’on passait ensemble. Et aussi, et surtout parce que maintenant je me sens en décalage énorme quand on est ensemble et que je ne suis ni vraiment sûr que c’est fondé, ni vraiment sûr que ce soit dans ma tête.  

Le côté anxiolytique de l’alcool me manque. J’suis gavé par des pics d’angoisses qui, je le sais, seraient chassés par une p’tite bière. Mais si j’essaie de soigner mon corps en buvant moins, comment soigner ma tête ? Voir un psy ? Ouais, ouais je sais. »


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