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Témoignage | « Tout ce qui me soulageait, c’était le cannabis »

Publié le 5 novembre 2025 par X

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Cet article parle de : #drogues-illegales #cannabis #medicaments #addiction #temoignage

Aujourd’hui, X nous confie un témoignage poignant, pour exprimer son épuisement.  Entre douleurs chroniques, dépendances médicamenteuses et recherche de soulagement, iel raconte comment le cannabis est devenu un refuge, son refuge. Un texte sur la douleur invisible, la stigmatisation, et l’urgence de changer notre regard sur les usages, les interdits et la santé mentale.


« Si le cannabis, et sa légalisation (ou au moins sa dépénalisation), me tient tant à cœur, c’est non pas considérant que c’est une panacée, ou un psychotrope totalement inoffensif, mais parce que c’est un moindre mal, parce que sur tous les plans, sanitaire, social, judiciaire, sécuritaire et économique, la société tout entière gagnerait à ce que ce produit, de consommation courante malgré son illégalité, soit relativement accessible.

J’imagine bien que ça soit difficile à concevoir pour certains qui n’ont jamais souffert d’addiction, de troubles psychiques, qui n’ont jamais eu maille à partir avec la police ou la justice, ni jamais bénéficié d’inclusion ou d’insertion sociale. Et pourtant, je peux vous assurer que sa prohibition, sa stigmatisation, sa non-accessibilité même pour un usage thérapeutique ou en automédication, fait bien plus de mal, brise bien plus de vies, que son usage en lui-même en raison des éventuels effets néfastes que pourrait causer sa consommation.

Un mal nécessaire pour certains

Je souffre de nausées, de maux de ventre, de céphalées, d’un profond état dépressif, de stress et d’anxiété, depuis toujours.

J’ai toujours été sous traitement, des neuroleptiques aux antidépresseurs, analgésiques, en passant par les anxiolytiques, aux doses les plus fortes qui soient. Et pourtant, rien n’y fait, je reste malade, handicapé, et je ne parviens pas à vivre convenablement, normalement.

Tout ce qui me soulageait et me permettait de vivre plus en paix, c’était bien le cannabis. Oui, j’en ai abusé, comme j’ai abusé d’autres psychotropes pourtant destinés à un usage médical, prescrits par mon médecin traitant. Et malgré tout, ce n’est pas l’abus de cannabis qui m’a fait le plus de mal, mais bien l’abus, l’addiction, aux médicaments, aux benzodiazépines particulièrement. Ces cachets m’ont brisé, et encore une fois, c’est le cannabis, à un usage plus modéré, qui m’a permis de m’en défaire.

Bien sûr, l’idéal étant de vivre sobre, sans avoir recours à des psychotropes, mais pour certains, c’est un mal nécessaire. Quand un quart des Français sont (et seront probablement à vie) sous traitement psychiatrique, notamment sous antidépresseurs et anxiolytiques, il est totalement hypocrite d’interdire et de diaboliser encore le cannabis, dont le bénéfice risques/bienfaits n’est plus à démontrer scientifiquement, et bien plus favorable (bien que ça reste du cas par cas) que ces traitement médicamenteux prescrits à vie. 

Combien de vies gâchées ?

Personne ne peut nier le confort et soulagement quotidien qu’apporte cette plante, et pourtant, ses usagers, peu importe l’usage en question, sont en 2025, toujours réprimés, stigmatisés, voire criminalisés… 

Combien de vies gâchées par cette politique qui ne fait plus sens ? Par cette prohibition, dont les motifs semblent obscurs et fallacieux… Combien de règlements de compte du fait de son illégalité et de la récupération du marché parallèle dont il fait l’objet ? Où des mineurs sont exploités, des milieux défavorisés pris dans un cercle vicieux de violence et de soi-disant « argent facile » ? Des produits sans contrôle, pouvant présenter de multiples adultérations, bien plus nocives que le produit brut en question. Quid de l’absence de prévention ? Concernant notamment le mode de consommation, qui, certainement, reste le plus grand risque quant à l’usage de cette plante, quand 95% des usagers fument, sans même savoir qu’il s’agit là de la pire façon d’en consommer.

Un monde idéal où cette plante ne serait plus pénalisée

J’écris ce texte sous l’effet de benzodiazépines qui, hier encore, ont eu raison de moi, qui encore une fois m’ont fait du mal, et qui, dans un monde idéal, à deux pas de là, auraient pu être remplacées par cette herbe stupéfiante, à dose réduite, en vaporisation, qui m’aurait causé bien moins de tort. Mais cette herbe est illicite, je dois me cacher pour en user, je risque une mention au casier judiciaire, voire une condamnation si je suis pris sur le fait, soit en la consommant, même dans l’intimité de mon logement, ou en la cultivant par mes soins, en l’important d’un pays où elle est licite, ou en me fournissant, achetant sous le manteau sans pouvoir être certain de sa composition, en prenant un risque sanitaire, en plus du risque légal, de la présence d’adultérant.

Qu’est-ce que changerait une France dans laquelle cette plante ne serait plus pénalisée, voire serait légale, distribuée, soit en pharmacie, sur prescription, ou dans des dispensaires spécialisés ?

Qu’est-ce que cela changerait à la vie du citoyen français, non-usager ?

Et quel bienfait ça pourrait apporter à ses usagers ? À ceux qui pourraient en bénéficier ? »



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