Chromatographie en phase liquide à haute performance

Synonymes : HPLC

Définition

Tester ses produits, c’est s’assurer de ce qu’ils contiennent. Pour éviter les surdoses, les mauvaises surprises ou ingérer des produits de coupe toxiques. Ici on se penche sur une méthode spécifique : la chromatographie en phase liquide à haute performance, ou HPLC.

Pour commencer, faire analyser tes produits, pour quoi faire ? Le principe de la réduction des risques (RdR) vise, en partie, à informer les usagers concernant leurs usages, leur mode de consommation et les risques liés aux produits qu’ils consomment. La loi de modernisation du système de santé adoptée en 2016 reconnaît aux intervenants (ça c’est nous) la mission d’analyse de produits.

Le fait de donner aux usagers la composition des produits qu’ils consomment permet de :

  • Placer l’usager comme acteur de son parcours ;
  • Faire support à l’échange avec la personne sur ce qu’elle a ou va consommer ;
  • Informer sur la nature du produit et les risques liés aux différents paramètres de sa consommation (mode, fréquence, contexte) ;
  • Promouvoir la santé en explorant les liens entre composition d’un produit, effets ressentis et impacts sur la santé ;
  • Entretenir les connaissances des intervenants sur les produits qui circulent et les usages sur leur territoire d’intervention.

En outre, en permettant le recueil d’informations et la collecte de données sur la composition des produits en circulation, et bien que ce ne soit pas son but premier, cet outil de RdR peut également venir enrichir et compléter les dispositifs d’analyse quantitative de la veille sanitaire.

Alors, comment ça marche ? Comme la CCM (chromatographie sur couche mince), l’HPLC a l’avantage de séparer les différents constituants et de pouvoir ainsi analyser une poudre complexe, mais elle est bien plus précise. Cette technique nécessite du personnel qualifié, un laboratoire, des étalonnages précis des machines, des solvants et du matériel aux noms chelous. On pourrait penser que c’est pas compatible avec le testing sur site (festival, free party, clubs, etc.), bah en fait, si ! Par exemple, le projet Safer Party, en Suisse, le fait, et nous-mêmes à Marseille travaillons à développer ce type d’actions. Pour le moment, les produits sont donc analysés en différé de la collecte.

Une analyse précise, qualitative et quantitative

L’HPLC donne une analyse précise, à la fois qualitative (quels produits sont actifs ?) et quantitative (quel est le ratio de ces principes actifs ?). Ce qui est cool, c’est qu’une très petite quantité de produit suffit à obtenir des résultats précis : entre 0,008g et 0,012 g. Le produit analysé est pesé avec précision puis mélangé à des solvants. On le conditionne ensuite en mini-fioles (c’est ça, les Eppendorf) qui passent dans le chromatographe : une sorte de colonne qu’on appelle une « phase stationnaire de fine granulométrie » (en gros, c’est des « grains » de très petite taille) où l’échantillon est « poussé » par un liquide (la « phase mobile »), ce qui entraîne une augmentation de la pression et permet de séparer les composants le long de la colonne et grâce à l’action des solvants.

Tu suis toujours ? Alors après, une fois séparées, les molécules sont identifiées par un détecteur composé d’une multitude de diodes miniatures sensibles à la lumière ultraviolet (UV). On obtient alors un chromatogramme (un diagramme avec des pics) qui permet d’identifier les molécules à l’aide de leur spectre UV et du temps qu’il leur a fallu pour traverser la colonne. Certaines molécules ont des spectres très caractéristiques et peuvent être identifiées formellement. Malheureusement, certaines molécules n’absorbent que très peu la lumière UV, et on peut les confondre avec d’autres molécules.

Si on n’est pas sûr d’identifier formellement une molécule, ou qu’on n’y arrive pas du tout, nous avons la possibilité de faire analyser les échantillons par des laboratoires universitaires partenaires, en comptant des délais un peu plus longs. Quoi qu’il en soit, cette méthode est précise, pratique et plutôt rapide. L’analyse d’un échantillon dure seulement 12 min, mais il faut également compter le temps de préparation.