Programme d’échange de seringues
Définition
L’acronyme PES désigne ce qu’on appelle les programmes d’échange de seringues. Des lieux où on peut venir déposer son matériel d’injection et en récupérer du propre. Par matériel d’injection, on pense évidemment aux seringues, aux Steribox®, aux kits Exper’, ainsi qu’à toutes les fournitures au détail. Pour que chaque usager puisse avoir le matériel dont il a besoin. Ces dispositifs sont souvent portés par des structures de type Caarud ou Csapa, au sein desquelles des équipes pluridisciplinaires aident les usagers à accéder à un plus haut niveau de connaissances sur les risques encourus et mettent à disposition des services permettant d’améliorer leur qualité de vie ou même de mettre en place des soins ou un sevrage.
Leur mise en place est intimement liée à la lutte contre le VIH/sida.
C’est en 1972, dans un contexte de guerre à la drogue, que Chaban-Delmas signe un décret qui va supprimer la vente libre des seringues en pharmacie et exiger une vente, soit sur ordonnance, soit sur une commande écrite avec identité de l’acheteur majeur. Nous sommes une petite dizaine d’années avant que l’épidémie de sida ne dise enfin son nom. En 1984, on enregistre le premier décès d’un usager de drogue lié au sida (il est possible qu’il y en ait eu avant qui n’aient pas été surveillés). Le sida devient alors la première cause de mortalité chez les usagers de drogues.
À partir de 1985, l’association Aides commence à distribuer gratuitement et illégalement des seringues. Les médias font leurs choux gras, entre les pro et les anti. Dans la foulée, certain·nes pharmacien·nes commencent à braver l’interdit.
En 1987, la ministre de la Santé d’alors, contre son parti, lance à titre expérimental la vente libre de seringues juste après avoir fait abroger la loi du 31 décembre 1920 qui interdisait la distribution du préservatif sous couvert d’arguments natalistes. Il faudra quelques années avant que l’offre soit connue et montre des résultats. Ce sont des années plus tard que le nombre de nouvelles contaminations diminue.
En 1989 s’ouvrent les trois premiers programmes d’échange de seringues (Marseille, Saint-Denis et Paris), le cadre juridique est alors encore très flou. En 1992, le Steribox® (voir nos précédentes définitions) est expérimenté par un millier de pharmaciens volontaires et fin 1994, le ministère de la Santé et l’Ordre des pharmaciens étendent l’expérience à échelle nationale. Le soutien de l’État permet alors de garantir un prix fixe (5 fr la trousse avec deux seringues). Dans la foulée, les premiers automates de distribution apparaissent. En 1995, les associations obtiennent l’autorisation de distribuer gratuitement et légalement ces trousses. En 2011, l’association Safe met en place le programme d’échange de seringues par voie postale.