Chemsex

Définition

C’est quoi le chemsex ? Comprendre les spécificités d’une pratique communautaire.

Le chemsex est un néologisme issu de la fusion des mots anglophones « Chemicals » (produits chimiques, drogues) et « Sex », qui désigne la consommation de substances psychoactives en contexte de sexualité. Pourtant, il existe des spécificités à la pratique du chemsex, qui se distingue de l’usage sexualisé de drogues. Explorons un peu ces notions.

L’usage de substances en contexte sexuel est un phénomène ancien et présent dans toutes les cultures. Cet usage sexualisé des drogues peut parfois faire rencontrer des difficultés, parfois non… comme dans n’importe quel autre contexte en fait ! Pour l’instant, rien de neuf sous le soleil, mais alors : d’où vient cette nécessité de distinguer l’« usage sexualisé des drogues » (USD) du « chemsex », et pourquoi ?

Premièrement, pour des raisons culturelles : le terme s’est vulgarisé dans certaines communautés à partir des années 2000 aux États-Unis et au Royaume-Uni notamment, et prend son essor en France vers 2010. Le chemsex est originellement issu de la communauté gay, et a été à ce titre marqué par des habitudes, des codes et des facteurs culturels indéniables. Si le chemsex reste largement pratiqué par les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), la diffusion de certaines pratiques au-delà de leur communauté d’origine est anecdotiquement observée, mais existe.

La pratique du chemsex peut être liée à une forme de libération identitaire : le plaisir de vivre son homosexualité sans l’inhibition résultant de la sérophobie, de l’homophobie intériorisée, et en s’affranchissant des injonctions sociales en matière de genre, de comportement, de performances sexuelles. Certains auteurs ou représentants associatifs sont attachés à garder le terme de chemsex comme étant spécifique et identitaire de la communauté HSH. Ainsi, David Stuart évoque une « appropriation culturelle offensante » lorsque l’on utilise le terme au sein d’autres populations.

Un concept récent dont la définition évolue

Par ailleurs, pour des raisons de pratiques : si l’on observe certaines caractéristiques constantes, le concept de chemsex est récent, et sa définition a souvent évolué au fil des années. Cependant, sa composante la plus notable et la plus consensuelle, issue du terme même de chemsex, est la consommation de substances psychoactives dans un but sexuel, pour initier, faciliter, prolonger ou améliorer les rapports sexuels grâce aux effets des molécules consommées. C’est donc la notion d’intentionnalité ou d’objectif de sexualité, dans l’usage de substances, qui semble être le premier élément fondamental de cette pratique. Mais ce n’est probablement pas un élément suffisant pour définir totalement le chemsex.

En effet, il existe une troisième composante essentielle : l’utilisation des réseaux sociaux et des applications de rencontres, qui peut aboutir à un besoin excessif d’utiliser les plateformes de rencontres jusqu’à ne plus pouvoir s’en passer. Le chemsex rassemble donc plusieurs objets d’addiction qui peuvent se résumer en une seule : une expérience. Cette expérience s’accompagne de comportements avec la difficulté, voire l’impossibilité, de les contrôler, malgré leurs conséquences somatiques, psychologiques et sociales.

Pour résumer, on devient dépendant d’une expérience, pas d’un produit. En répétant cette expérience et en perdant le contrôle, elle peut entraîner une insatisfaction sexuelle ou une absence totale de relations interpersonnelles qui peuvent être frustrantes. Elle peut donc conduire à un isolement au point de causer des difficultés au niveau du fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres sphères importantes de la vie.

Comprendre ce qui fait les spécificités du chemsex est indispensable pour accompagner les personnes qui le pratiquent et qui rencontrent des difficultés. Parler de chemsex, c’est parler d’usage de drogues, mais c’est aussi parler de sexualité dans ce que celle-ci a de plus intime, et c’est aussi parler de socialisation (numérique ou pas). Mais il est cependant très difficile de faire exister les trois sujets dans un même suivi médical, social ou psychologique…

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