addiction aux jeux d’argent
KEPS - Addiction aux jeux d'argent - Lilartsy, Shvetsa et Ace de Pexels

Qui gagne vraiment ? Les jeux d’argent, une addiction lucrative !

Publié le 24 novembre 2025 par Maxime

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Cet article parle de : #addiction #sante-mentale

Si les publicités font miroiter fortune et liberté, la réalité est tout autre : pour chaque joueur en difficulté, les grands opérateurs encaissent. Entre surendettement, souffrance psychologique et impacts familiaux, l’addiction aux jeux d’argent révèle le vrai visage d’un business en or pour quelques-uns.


🎯 3 infos clés sur l’addiction aux jeux d’argent

  1. L’addiction existe vraiment
    🧠 1,1 million de Français sont à risque, dont 360 000 de manière excessive. Comme pour l’alcool ou les drogues, le cerveau peut perdre le contrôle à cause de la dopamine et du frisson du jeu. 
  2. Un marché qui rapporte… surtout aux opérateurs
    💸 En 2024, les jeux d’argent ont généré 14 milliards d’euros. La Française des jeux, le PMU et les casinos encaissent, que vous gagniez ou perdiez. 
  3. Il y a des solutions
    🤝 Endettement, isolement, stress : ce sont des risques réels. Mais écoute, accompagnement et interdiction volontaire de jeu existent. Vous n’êtes pas seul·e et demander de l’aide n’est pas une honte.

L’addiction aux jeux d’argent, ça vous parle ? Vous pensez peut-être que contrairement aux « drogues dures », les jeux sont presque innocents ? Eh bien vous vous trompez ! Comme toutes les conduites addictives, il est question, encore une fois, du circuit de la récompense. En effet, tout comme pour l’alcool ou les drogues illicites, c’est la dopamine et son rôle dans le circuit de la récompense ainsi que la noradrénaline qui peuvent amener les gens à perdre le contrôle. Le frisson du jeu est un moteur à part entière. Que le jeu soit gagnant ou perdant arrive en second plan. Focus sur une addiction comportementale encore trop peu prise au sérieux par le grand public.

DE QUOI PARLE-T-ON ?

Le code de la sécurité interieure définit

« Sont réputés jeux d’argent et de hasard et interdits comme tels toutes opérations offertes au public, sous quelque dénomination que ce soit, pour faire naître l’espérance d’un gain qui serait dû, même partiellement, au hasard et pour lesquelles un sacrifice financier est exigé de la part des participants ». 

Plus loin :  

« Les jeux d’argent et de hasard qui, à titre dérogatoire, sont autorisés en application de l’article L. 320-6 ne sont ni un commerce ordinaire, ni un service ordinaire ; ils font l’objet d’un encadrement strict aux fins de prévenir les risques d’atteinte à l’ordre public et à l’ordre social, notamment en matière de protection de la santé et des mineurs. À cet effet, leur exploitation est placée sous un régime de droits exclusifs, d’autorisation ou d’agrément, délivrés par l’Etat. » 

Un marché qui a enregistré 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024 (+4,7% par rapport à l’année précédente), soit environ 264 € par Français et par an rapporté au nombre total de Français en âge de jouer. Pas mal, non ? 

C’est un marché assez réglementé, à base de monopoles : celui des tickets de grattage et de tirage (en point de vente et en ligne) pour la Française des jeux, des courses hippiques pour Pari mutuel urbain (PMU), et des machines à sous, jeux de casino et des clubs de jeu pour les casinos. Pour ce qui est du jeu en ligne comme les paris sportifs, hippiques ou le poker, quelques opérateurs agréés se partagent un juteux marché (2,3 milliards d’euros de CA en 2023). Ces chiffres sont issus du rapport « Drogues et addictions, chiffres clés 2025 » publié par l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT).

QUI JOUE ?

S’il faut théoriquement être majeur pour pouvoir jouer aux JAH, 27,5% des jeunes de 17 ans déclarent avoir eu une pratique de jeu dans l’année. Essentiellement des jeux de tirage (34,2%), de grattage (30,9%) et des paris sportifs (6,7%). 

Du reste, c’est la moitié de la population générale (1875 ans) qui a joué à un JAH dans l’année, dont 11% au moins une fois par semaine.

Parmi ces joueurs et joueuses, 1 160 000 sont considérés comme à risques de pratiques problématiques, dont 360 000 à risque excessif. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Peut-on déjà parler d’addiction aux jeux d’argent ?

Avec le temps, ce juteux business mute et s’adapte. L’e-sport est par exemple devenu une source de revenu et de spéculation pour certains, jouer aux jeux vidéo de manière compétitive, est-ce du jeu d’argent ?

Et que dire de la spéculation sur les cryptomonnaies et des investissements boursiers largement popularisés auprès du grand public via l’entremise d’influenceurs qui font rêver sur leur vie à Dubaï ? Sont-ce une forme de pari ?  Plusieurs articles alertent sur ces opérations, parfois qualifiées d’arnaques.

QUELLES CONSÉQUENCES?

Quelles conséquences négatives peut entraîner une pratique de jeu problématique ou pathologique ? Quand nos pratiques de jeux commencent à empiéter sur nos dépenses destinées à la vie quotidienne, les premiers soucis peuvent arriver. Pour une personne seule, ça peut se gérer un temps et au pire des cas, on est seul·e à être impacté·e. Même si le surendettement peut venir vite.

Si on a une vie de famille, c’est une autre paire de manches. La perte de revenu peut dégrader le contexte familial, entraînant conflits, séparations et isolement. Et c’est encore plus dommageable quand il y a des enfants dans l’équation : les adultes jouent et les enfants subissent. Moins de revenus pour le foyer peut vouloir dire moins de nourriture également. 

Qui dit surendettement dit dettes évidemment, mais pas seulement « dettes de jeux » : il peut aussi s’agir d’impayés d’abonnements de la vie courante qui ne peuvent être soldés car le compte est dans le rouge (électricité, Internet, téléphones coupés…). On peut aussi être interdit bancaire, ce qui complique d’autant la vie de la famille. 

Niveau santé mentale, le tableau n’est pas plus joyeux : l’anxiété et la culpabilité entraînées par la perte de contrôle (ou d’argent) peuvent conduire à des troubles anxiodépressifs amplifiés par la consommation concomitante de tabac, d’alcool et de cannabis (produits les plus consommés par les joueurs problématiques). Certaines personnes, acculées, peuvent aller jusqu’au suicide. 

QUELLES SOLUTIONS ?

Quand on est accro au jeu et qu’on essaie de s’en défaire, on doit faire face à une publicité agressive constante. Qu’il s’agisse des spots tv à l’approche des grosses cagnottes ou des affichages dans les transports en commun pour les paris sportifs : la publicité est partout. Et on ne parle pas des tirages du loto en prime time, des portraits de vainqueurs de gros gains diffusés dans les journaux télévisés ou des bars PMU. Le bandeau de prévention doit faire office de bonne foi mais ce n’est pas suffisant lorsqu’on lutte avec un comportement compulsif. Tout cela peut alimenter l’addiction aux jeux d’argent.

Si vous vous posez des questions concernant vos pratiques de jeux, vous pouvez vous documenter sur le site dedié joueurs-info-service.fr où vous trouverez des informations, les questions-réponses des usagers, un service d’écoute (téléphonique ou par tchat) ainsi qu’une carte interactive de l’offre de soins autour de chez vous.

Si vous n’arrivez pas à contrôler la frénésie du jeu, vous pouvez vous faire interdire de jeu volontairement, une démarche qui peut aussi être faite à la demande d’un juge ou d’un tiers. Cette interdiction est prononcée pour trois ans avec reconduction tacite il faut faire une demande pour qu’elle soit levée. Si vous êtes face à une montagne de dettes, vous pouvez tenter de faire un dossier de surendettement.

VOUS N’ÊTES PAS SEUL·E

Dans tous les cas, vous n’êtes pas seul·es, vous n’êtes pas nul·les. Sachez qu’en 2022, 4 500 personnes étaient prises en charge (pour une addiction aux jeux) en Csapa (centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie), et que 58 319 personnes étaient volontairement interdites de jeu en 2023. Il n’y a pas de honte à demander de l’aide, et pas de honte à avoir perdu le contrôle.

Pour conclure, on vous dira que quelle que soit la somme que vous gagnez, les vrais gagnants sont les actionnaires ou la Française des jeux. Si vous perdez, c’est un gain direct pour eux, si vous gagnez, vous alimentez la propagande pro-jeu qui sous-entend que tout le monde a sa chance (1 sur 19 millions), et donc c’est encore des gains pour eux.

On vous laisse avec le podcast de Maad-digital.fr qui parle justement de ce sujet :

 

 

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