Les HSA (Haltes soins addictions), ou salles de consommation à moindres risques (SCMR), sont des lieux de santé publique où les personnes qui consomment des drogues peuvent le faire dans un environnement propre et sûr, sous la supervision de professionnels de la santé. En France, ces salles ont récemment fait l’objet d’un débat politique, suscitant à la fois l’adhésion et la controverse. Mais qu’est-ce que les SCMR exactement ? Quels sont leurs objectifs et comment fonctionnent-elles ? Tour d’horizon des enjeux liés à ces espaces controversés.
Jusqu’à présent appelée salle de consommation à moindres risques (SCMR), la halte soins addictions (HSA) est une expérimentation qui répond à des impératifs de santé et de sécurité publique visant prioritairement à améliorer la santé des usagers injecteurs de drogues en réduisant les risques associés à l’injection tels que les risques de contaminations au VIH et au VHC ou les surdoses mortelles.
C’est un centre qui offre aux usagers de drogues un cadre d’usage sécurisé, leur permettant de consommer leurs produits dans de bonnes conditions d’hygiène et sous la surveillance d’un personnel qualifié capable d’expliquer les risques et de recommander des pratiques plus sûres. Les responsables de la salle sont des professionnels médico-sociaux travaillant depuis de nombreuses années avec une population d’usagers en situation de grande précarité.
Dans une salle de conso, on dispose d’un équipement stérile, d’une supervision médicale, et d’un environnement propre et sécurisé. Les personnes précaires, à la rue, qui ont recours à l’injection choisissent souvent des endroits peu fréquentés : parkings souterrains, tunnels, impasses, toilettes publiques, recoins sombres de parc public, notamment. Des endroits tout à fait inadaptés pour un tel usage, mais que voulez-vous, c’est le jeu de la répression qui veut ça. Dans cette salle, le personnel montre les bons gestes, fait de la pédagogie afin d’éviter les transmissions de virus (VHC et VIH en tête), abcès, cicatrices, infections, etc. Le risque d’overdose ou d’accident est minimisé et le temps de réaction en cas de problème est très court. On peut faire des dépistages, parler à du personnel qualifié, entamer des démarches, et être orienté vers un Csapa (centres de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie), un Caarud (centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues), ou d’autres services de santé. L’usager doit en revanche venir avec son propre produit.
D’abord la réduction des risques
Certaines voix crient à l’incitation (comme à chaque fois qu’on aborde l’usage de drogue à travers le prisme de la réduction des risques), mais comment leur dire que les usagers n’ont pas attendu que l’État les prenne au sérieux pour s’injecter au hasard de leur santé ?
Comme dit précédemment, les drogues ne sont en aucun cas fournies et les intervenants n’aident pas à la prise. L’objectif est d’abord la réduction des risques. En effet, le taux de morbidité, les risques de mortalité, ainsi que les nuisances suscitées par la consommation de drogues dans l’espace public, se trouvent réduits grâce à l’accès à un matériel d’injection propre et à un environnement surveillé.
Intégrées dans un réseau plus vaste de services proposés aux usagers de drogues, les haltes soins addictions ont également pour objectif d’établir un contact avec les plus marginalisés d’entre eux et de les orienter vers des dispositifs de soins ou services sociaux adaptés.
Ailleurs en Europe, la première salle d’injection a ouvert en 1986 en Suisse (un an avant la mise en vente libre des seringues en pharmacie chez nous et que les associations de RdR françaises de l’époque ne soient autorisées à en donner gratuitement), et en presque trente-cinq ans, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Espagne, la Belgique et l’Allemagne s’y sont aussi mis. Depuis que la Suisse a ouvert la voie, plus de 90 salles de consommation à moindres risques ont été implantées dans une dizaine de pays. En France, deux salles sont en cours d’expérimentation à Paris et à Strasbourg. Des Rencontres internationales de la réduction des risques se sont tenues en décembre 2022 à Marseille, afin d’ouvrir prochainement l’expérimentation avec une HSA dans la cité phocéenne.