
En plein confinement, une rencontre sur un site Internet bouleverse la vie de l’auteur : entre baise, drogue et discussions passionnées, sa relation avec T devient un refuge autant qu’un terrain d’exploration politique et amicale. Loin des discours catastrophistes sur le chemsex, il témoigne d’une expérience qui, pour lui, a été salvatrice.
« Quand j’ai rencontré T, c’était en plein confinement. Déjà, j’étais vraiment pas bien à ce moment–là. Plus de taf, plus d’appart, je squattais un peu où je pouvais entre chez ma maman et ceux qui voulaient bien me prêter un bout de canapé. Autant te dire que c’était la merde.
On s’est rencontré sur un site Internet, pas une appli sur le téléphone, le bon vieux site à l’ancienne. Il me plaisait pas plus que ça, mais il avait l’air sympa, il était chaud et avait une bite qui me faisait envie. J’avais envie de me lâcher, je suis allé chez lui avec la ferme intention d’oublier toutes les merdes qui entravaient ma vie.
Ça paraît con à dire, mais je crois que ma rencontre avec T a changé ma vie. Cette première nuit qu’on a passée ensemble c’était le feu. On a tapé quelques traces de 3, on a bu des bières et on a fumé des pétards, certes mais surtout, on a baisé comme j’avais pas baisé depuis des années. Le sex était incroyable, mais ce qui était encore meilleur c’est la connexion qu’il y avait entre nous. Pendant toute la période du Covid et ses confinements et couvre-feux, on s’est revu toutes les semaines. Parfois plusieurs fois.
T est un ancien « punk », comme il se décrit lui-même. Il a vécu en camion pendant des années. L’héroïne, les bastons avec les keufs et les groupes de fafs… on parlait des heures, autant qu’on baisait. La drogue a joué un rôle essentiel dans cette relation. Cette relation qui était plus que sexuelle, elle était politique, amicale. On refaisait le monde, ce monde qu’on trouvait malade, on le pensait à notre sauce, à notre image.
Ça a duré deux ans comme ça. Ça s’est terminé quand je me suis mis avec mon mec actuel. T est resté un ami, que je vois souvent. Pendant toutes ces années de baise et d’amitié j’avais jamais osé lui demander s’il était amoureux de moi. Du coup un jour, y’a pas longtemps, je lui ai demandé. Il m’a dit que jamais. Que pour lui je suis son pote, son ami, qu’aucune ambivalence n’avait existé pour lui. J’étais content parce que je ressens la même chose.
Ça me fait chier quand on parle de chemsex comme d’un truc horrible, dont on sort pas et on se tue à petit feu. Le chemsex que j’ai fait avec T, il m’a sauvé. C’est pas T qui m’a sauvé, c’est l’expérience qu’on a vécue ensemble.
Je veux pas dire que « ouais le chemsex c’est génial ». Juste que c’est peut–être un peu plus compliqué que ça, et que ça serait cool de réfléchir à nuancer la façon dont on en parle. Moi j’ai bien aimé. »
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