A Girl Walks Home Alone at Night est un film fantastique américain d’Ana Lily Amirpour, sorti en 2014, tourné en noir et blanc et en persan.
Dans la ville de Bad City se côtoient un jeune homme désabusé et son père drogué, un dealer, une prostituée et une étrange femme qui se balade la nuit sans fin. Dans la nuit déserte de la ville presque fantôme, on accumule les cadavres dans le lit d’une rivière asséchée sans que personne ne s’en préoccupe. Entre les puits de pétrole et les maisons, un chat se promène.
C’est un objet de cinéma inhabituel : tout ce noir et blanc, ces plans longs, cette ville fantomatique, le peu de dialogues, les thèmes abordés donnent l’étrange impression de ne rien comprendre. On serait même tenté de dire qu’on est à deux doigts de l’exercice de style cinématographique obscur et opaque qui ne veut parler qu’à une poignée d’initiés. Mais pourtant, si on force un peu, on se laisse embrigader dans l’univers et c’est tant mieux : l’étrange n’est-il pas un des intérêts du cinéma ? Attention aux gens qui aiment les rythmes rapides : ici tout prend son temps, c’est la lenteur. L’étrange à la frontière de l’ennui, donc. Mais c’est quali !
Harcèlement de rue, deal, consos…
La langue est belle et les thèmes sont inhabituels. On ne sait pas vous, mais nous, on n’a pas l’habitude de voir des films qui parlent en persan, pour aborder des thématiques telles que le harcèlement de rue, le deal, les consos, l’injection, la prostitution et la fête. Ces thèmes sont rarement abordés au cinéma de manière aussi neutre. Les personnages n’émettent pas de jugement sur les pratiques des autres, le film non plus. Il faut dire que ce n’est encore une fois pas un film très bavard. Mais c’est ça qui permet de garder un ton presque naturaliste. On regarde, mais jamais le film ne nous dit clairement si tel personnage est une pourriture ou non. D’ailleurs, des pourritures, il y en a.
Le film bafoue à peu près toutes les notions de base de la réduction des risques liés à l’usage de drogues ! Il soulève également que l’usage de drogue ne disparaît pas si on arrête d’en parler (coucou la prohibition et la santé publique, ça va toujours aussi mal entre vous deux ?). Il sous-entend également qu’un accès à l’information (une information claire et objective) tend à « éduquer » les gens sur les « bonnes pratiques » en matière de « prises de risques ». Attention, on ne drogue pas les gens et on utilise du matériel neuf et strictement personnel !