Belgica est un film belge de Felix Van Groeningen, sorti en 2016, qui retrace le parcours de deux frères qui transforment un petit bistrot en lieu incontournable de nuit.
Encore jeune, et fêtard invétéré, Jo tient à Gand un petit bar qui attire de plus en plus de monde. Son frère, Frank, plus âgé que lui, marié et père de famille, lui donne un coup de main derrière le bar. Rapidement, on s’y bouscule, la drogue s’invite dans l’arrière-salle, les DJ viennent mixer. Les deux frères décident alors d’investir dans un local beaucoup plus grand. Plusieurs semaines de travaux plus tard, le Belgica ouvre ses portes.
C’est un film inhabituel : plutôt tranche de vie que véritable film construit en trois actes, comme la formule commerciale a l’habitude de nous en proposer. Pas de grand méchant, pas d’objectif clairement défini. C’est un film qui ne sera pas apprécié par tous, néanmoins le réalisateur aborde la fête et l’addiction aux drogues d’une manière naturaliste épurée de jugement de valeur. C’est clairement la force du film : ne pas dire que les gens vont mal mais les montrer aller mal. Le cinéma, c’est l’image et l’image parle beaucoup dans ce film. Le grand frère est assez stupéfiant dans ses excès, ses colères et ses dérapages. Les ennuis arrivent les uns après les autres, tous sont prévisibles. C’est dire à quel point cette histoire est universelle, en dépit de son décor spécifique (le Belgica, le bar qui donne son titre au film). Le réalisateur s’inspire librement de la vie de son père, le tenancier du bar Le Charlatan, à Gand en Belgique.
Comportements qu’on ne veut plus voir
Attention, certaines scènes sont d’une rare violence (alors que tout est hors-champ) et peuvent heurter les personnes sensibles. Aucun des personnages n’est fondamentalement mauvais mais tour à tour, tous ou presque sont machistes, sexistes, misogynes, violents, méchants, racistes, vulgaires, agresseurs ; l’occasion de montrer que c’est dans les personnes « normales » que se cachent aussi les comportements qu’on ne veut plus voir en soirée et dans la vie. Personne n’est à l’abri de dépasser les limites et parfois, savoir regarder ses erreurs, c’est réussir à avancer.
On regrettera cependant le pseudo happy-ending et le dernier plan-séquence qui ressemble à une apologie de la vidéosurveillance.
Alors, est-ce qu’on y retrouve une démarche de réduction des risques ? NON. Pas un brin. L’alcool et la fête entraînent des consos de produits sur fond d’idées toutes faites et d’accoutumance grandissante. On y fait tourner sa paille aux quatre tapeurs rassemblés autour du plateau, un billet qui plus est. Fashion faux pas ! On y fuit un quotidien morose et un héritage familial embarrassant en allant toujours plus loin dans les consos, on assiste au naufrage d’un frère sous les yeux de ses proches qui ne savent ni comment lui parler (il n’y a pas de mode d’emploi) ni quoi lui dire.