Climax est un film de Gaspar Noé, sorti en 2018, qui montre une troupe de danseurs qui se lancent dans une fête sans fin après avoir été drogués à leur insu.
« En 1996, à l’appel d’une chorégraphe de renom, un groupe de danseurs urbains se retrouvent dans un local de répétition isolé en bordure d’une forêt, par un temps enneigé. Dans un monde sans téléphone portable ni Internet, ils répètent une dernière fois avant de s’envoler pour les États-Unis. À l’issue de la répétition, les danseurs se lancent dans une fête pour décompresser. Mais très vite, il apparaît que quelqu’un a versé une substance illicite dans la sangria qu’ils buvaient. Quand certains s’entraînent dans une transe dansante sans fin, d’autres plongent dans la démence et l’horreur. » Wikipédia
Festival de Cannes 2018, trois ans après le sulfureux Love, Gaspar Noé entend bien retourner une nouvelle fois la Croisette. Climax, c’est un casting d’acteurs amateurs mais de vrais danseurs professionnels qui percutent l’écran, et se percutent entre eux. Entre images de fausses auditions, apartés face caméra en plan fixe ou exercice de style aussi hypnotisant qu’agaçant (la toute dernière partie du film), on ne peut pas être insensible. On adore ou on déteste, mais c’est la marque de fabrique classique de l’œuvre du réalisateur. D’ailleurs, mission accomplie, les critiques ont soit vomi sur le film, soit, crié au génie.
Le plan séquence vertigineux (sur une grue, t’as vu) de la scène de danse collective qui enclenche le vrai début du film est hyper bien. La choré est maîtrisée, tout s’enchaîne bien, les numéros sont divers. C’est beau, c’est joyeux, ça respire la vie, complètement le contraire du reste du film. Toujours aussi taquin ce réalisateur.
Le cauchemar commence
Une unité de temps, une unité de lieu. Ni plus ni moins. Dès qu’on a fini l’intro en forme d’audition face caméra pour présenter les personnages, on entre dans le ventre de la bête : la salle de répétition et ses couloirs protéiformes qui changent d’ambiance grâce aux éclairages. C’est presque abstrait comme cinéma, pas de héros, pas de vilain. Les personnages sont à la poursuite de rien, toutes les mécaniques du cinéma mainstream sont absentes. Vers la moitié du film, il y a un générique de fin qui se déroule et qui sous-entend qu’un nouveau film démarre : le cauchemar commence (TW : TOUT SAUF CANNIBALISME).
La caméra suit un personnage, puis un autre, puis un autre encore au gré des croisements, des cris, et de l’abondance de cruauté humaine dégénérée. Le tout, en une multitude de plans- séquences, d’une grande simplicité (une seule caméra, filmé à l’épaule) mais d’une efficacité étouffante. Ce point précis est aussi une des faiblesses du film, à l’usure, vers la fin, ça commence à être long.
Est-ce que le réalisateur a décidé de la playlist avant le tournage, est-ce que la BO était diffusée pendant le tournage ? Est-ce que Kiddy Smile a choisi les titres à la faveur de son rôle de disc-jockey de la soirée ? Des questions sans réponse, mais, encore une fois, le son est un atout.
1995 : pas de smartphone, pas d’appel aux secours possible, pas de réseaux sociaux, pas de flash pour éclairer la pénombre. De quoi donner du dépaysement à gogo pour un film « festif » des années 2010 et augmenter la dose de détresse due à l’isolement.
On ne drogue pas les gens !
Seule star du film : Sofia Boutella. La danseuse algérienne devenue actrice a su séduire les USA à travers une série de blockbusters au succès variable. Elle est dans ce film une des danseuses de la troupe qui s’apprête à performer aux States. Si tout ne finissait pas mal, on pourrait penser que c’est biographique. Son énergie explose dans la première partie, et même si les dialogues de la seconde partie du film sont « un peu » lourds (des AAAAAAH et des OOOOOOH hurlés en boucle), on ne peut que louer la force qu’elle met dans la débâcle de son personnage. Kiddy Smile est aussi présent pour un rôle qui colle à sa vraie vie, son premier rôle au cinéma, et lui, comme le reste de la troupe, reflètent leur cruauté et leur méchanceté avec un naturel effrayant. Pour ça, c’est fascinant de les voir s’en prendre les uns aux autres sous les yeux médusés des plus chépers d’entre eux.
Quel rapport avec la réduction des risques ? Tout d’abord, ON NE DROGUE PAS LES GENS À LEUR INSU. Si le film n’y va pas avec le dos de la main morte en ce qui concerne les conséquences de cette prise de drogue non voulue, il faut quand même reconnaître que le postulat de base est sacrément toxique. Droguer 50 personnes sans les prévenir, oui, c’est juste dangereux, et ça peut mener à des drames. On ne fait jamais, JAMAIS ça, c’est un peu injonctif comme manière de dire mais c’est vrai. En organisant une soirée, tu as la responsabilité légale de ce qui s’y passe.