Une bande dessinée de Dav Guedin qui parle de la sexualité vue par un jeune garçon. Si vous pensiez qu’on parlait du Guide du zizi sexuel de Titeuf, vous allez être déçu·es !
Cette BD au titre trompeur (le narrateur ne restant pas puceau bien longtemps) est un recueil de planches parues dans les pages du magazine Aaarg!, dans lesquelles il explore des souvenirs relatifs à ses premiers émois. Dès la page 54, la messe est dite. Avant ça, les enfants tournent autour du pot avec un intérêt certain (et un peu gênant).
Car si la BD peut avoir un bon côté, c’est en effet de montrer que les enfants aussi ont une sexualité. Et ce, dès le plus jeune âge. Cela en choquera peut-être certain·es, mais c’est une réalité renseignée par la science : les terminaisons nerveuses des enfants sont déjà construites et fonctionnelles ! Ainsi, il n’est pas rare de voir de très jeunes enfants se frotter aux coussins, à leur doudou ou même à leur couche. C’est un travail à plein temps que d’expliquer qu’il y a des espaces et des moments pour ça dès le plus jeune âge.
Si ce sujet vous intéresse, vous pouvez creuser du côté de l’article concernant Le développement psychosexuel de 0 à 3 ans.
« Chez les bébés et les tout-petits, le développement psychosexuel est avant tout guidé par la curiosité et l’exploration. De l’éveil des sens du nourrisson à la découverte de la différence des sexes, les comportements sexuels font partie du développement sain et normal des jeunes enfants.
Connaître les étapes du développement psychosexuel de l’enfant vous permettra d’accompagner plus facilement votre tout-petit dans ses découvertes, de bien réagir lors de la manifestation de comportements sexuels et de savoir quand et comment lui parler de sexualité. Voici ce qu’il faut savoir sur le développement psychosexuel de 0 à 3 ans. »
BIF BOF
Quand on lit le livre de Dav Guedin, on est en droit de se demander quel genre d’adultes sont devenus ces enfants. Que deviennent ces garçons qui peuvent réunir en une œuvre graphique leurs souvenirs sexuels et être reçus avec les honneurs de la presse spécialisée sans qu’un mot ne soit échangé autour du consentement ?
Les éditions Rouquemoute sont un boys-club comme il y en a tant (déso pas déso). Au risque de passer pour d’énormes wokistes, on dénonce un ouvrage bif bof qui ne profite jamais de ses pages pour mettre en valeur une sexualité positive. Et s’il y a bien une scène durant laquelle saint Dav Guedin s’empêche avec un ami de commettre un viol en réunion après avoir préalablement attaché la demoiselle au lit (laquelle manifestait jusque-là un consentement moyennement enthousiaste), c’est bien Dav, mais pas assez pour recevoir les honneurs. Surtout quand le chapitre en question annonce être en total décalage avec le reste du livre. Spoiler : il ne l’est pas. L’ensemble de ces souvenirs d’enfance regorge de VHSS (violences et harcèlement sexistes et sexuels).
Aucun adulte ne semble être présent·e dans ces souvenirs pour dire non au petit garçon qu’il était.
- Non : on ne regarde pas les filles faire pipi.
- Non : on ne fixe pas du regard une dame qui se douche à la piscine.
- Non : on ne touche pas le sexe des filles à la piscine.
- Non.
L’éducation à la vie sexuelle, relationnelle et affective dès le plus jeune âge est nécessaire pour le bien commun. Ne serait-ce que pour apprendre aux mômes que leur corps leur appartient, qu’ils n’ont à le donner à personne et que personne ne doit leur demander de toucher un autre corps. L’éducation à l’intimité est même inscrite dans la loi française.
Hélas, comme souvent, la législation française est pleine de lois inapplicables ou inappliquées, sans aucune conséquence. Du côté de chez KEPS par exemple, on aimerait moins de délits de faciès sur les fumeurs de shit et plus d’application de la loi du 4 juillet 2001.
« Loi du 4 juillet sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et la contraception.
L’éducation à la sexualité devient obligatoire dans les écoles, les collèges et les lycées (au moins trois séances par an). Elle ajoute à la prévention, les questions sociétales (égalité filles-garçons, violences sexuelles, pornographie…). L’EAS entre dans le code de l’éducation (articles L.121-1 et L.312-16). »
Il ne faut pas grand–chose pour transformer un objet culturel en objet politique. Une page de garde, un disclaimer ou une postface avec quelques ressources et un rappel des bases du consentement, par exemple. On pourrait se dire qu’après toutes ces années, l’auteur a pu intérioriser et comprendre certains concepts absents de sa BD, mais en guise de postface, on a un album photos. Des photos de certaines de ses amoureuses, dont une qu’il n’a jamais revue malgré de nombreux courriers échangés. Ça ne semble pas grand–chose mais pour nous, c’est le signe que le consentement – en l’occurrence le droit à l’image – ne vaut pas grand–chose dans cette histoire.
La bande dessinée Confessions d’un puceau par Dav Guedin a été rééditée en 2019 par les éditions Rouquemoute, actuellement en difficultés financières, dont vous pourrez trouver le catalogue à prix réduit sur leur site Internet. Confessions d’un puceau s’y trouve pour la somme modique de 10 €.
