El Pico a été un tel succès à sa sortie qu’un second volet a vite été mis en boîte. Le long métrage démarre son intrigue tout de suite après le final du premier opus dont il garde l’essentiel des personnages principaux. 13 mois à peine séparent les deux films, un sacré retour de couche en somme.
Peu de temps après le premier film (dont on parait ici), Paco et son paternel déménagent à Madrid chez la grand-mère. Exit donc la vie de famille avec les jeunes sœurs et la mère mourante : l’intrigue ici ne tourne qu’autour du père et du fils. Grand-mère s’inquiète de la santé du jeune garçon qu’on entend faire les cent pas dans sa chambre toute la nuit. La bonne fait les poubelles et trouve une seringue à insuline… Le jeune garçon est donc diabétique ?!
Les expatriés à Madrid cherchent un traitement de substitution pour calmer les crises de manque du jeune héroïnomane : la docteure leur conseille la méthadone. Seul traitement efficace pour les symptômes ressentis malgré son interdiction. Le jeune homme se défait du manque et peut envisager alors une vie plus simple. Mais c’est sans compter un journaliste fouineur qui ne tarde pas à faire coffrer Paco pour le double meurtre du boiteux et sa femme. Alors que Paco se fait incarcérer, le père cherche un moyen de le faire sortir (les moyens sont illégaux). Dès lors, deux intrigues se tiennent en parallèle.
Un parcours carcéral
D’une part, le parcours de Paco en prison. Placé en détention provisoire, il arrive comme un bonbon dans une prison pleine de testostérone. Telle la blanche neige juvénile qu’il incarne là–dedans, il entre vite en interaction avec deux caïds qui pratiquent le sexe entre hommes et la coercition. Il est rapidement passé à tabac par des voyous et dépouillé. Comme il n’a plus accès à la méthadone, le manque réapparaît. Quand on lui propose une dose d’héroïne contre quatre rapports sexuels forcés, il s’execute. Si le sordide de la situation est au max, le réalisateur fait preuve d’une certaine pudeur dans la mise en scène. D’ailleurs, le film est globalement moins trash que le premier, excepté une timide scène de sexe et un gros plan de va-et-vien dans une veine. On enchaîne donc les démonstrations virilistes, les humiliations et les exactions des détenus entre eux. Deux caïds se démarquent des autres : El Tejas (le méchant dealer et violeur de son état avec son gang) et El Lehendakari, le voyou-gentil et son amoureux·se transgenre qui prévoit de s’échapper. Ce dernier chaperonne Paco. Paco se fait un autre ami, Pirri qui aura cependant une place limitée dans l’intrigue.
Une institution corrompue
Pendant ce temps, Evaristo Torrecuadrada (le papa de Paco) s’échine à essayer de sortir son gosse de prison mais se frotte à de nombreux problèmes. Premièrement, il découvre que le boiteux et sa femme étaient des indics pour la Guardia Civil. Ensuite, il y a un reporter bien déterminé à faire coffrer le gosse d’un flic. Le père essaie de lui mettre la pression et de faire taire un témoin. Pas classe. Au bout d’une heure de film, le fiston est libéré par papa, mais les choses ne s’arrêtent pas là. S’ensuit une récidive en bonne et due forme de Paco qui s’acoquine avec El Lehendakari pour relancer un petit business de came. Puis les enjeux grossissent, ils sont poursuivis, se retranchent avec des armes dans une bicoque avec un menu butin, il y a des coups de feu et des morts. Ç’aurait pu être un beau moyen de pointer du doigt que la prison ne sert pas à grand–chose, qu’être dans la galère invite à la récidive en sortie de peine, mais non. Le film nous offre une fin en forme de doigt d’honneur…
Conclusion décevante
Le film se termine donc par un jugement expéditif qui nous est raconté avec des images fixes et une voix off. Après avoir fait son service militaire (qui l’aura remis dans le droit chemin), Paco s’engage dans les traces de son père et fonde une famille avec Betty. On découvre qu’avec le petit en bas âge, il vendent eux–mêmes de la came, bouclant ainsi la boucle avec le premier film en les présentant dans la même situation que les vilains de l’opus précédent.
Réalisé par Eloy DelaIglesia, El Pico 2 est sorti en 1984 en Espagne. Il dure environ deux heures et est disponible sur la plateforme de streaming Filmo.fr (et aussi à la médiathèque de Marseille).