Un film de série Z qui raconte comment une bande de marginaux se défoncent avec des vers de terre psychoactifs. Chronique d’une déception.
On se baladait sur Filmo dans le but de trouver un film susceptible de rentrer dans nos thématiques. Dans la sélection « bad trip », on est tombés sur « Full of worms » et son résumé aguicheur. Voyez plutôt…
« Roscoe est l’homme d’entretien d’un motel miteux. Toxicomane, il tombe sur une drogue puissamment hallucinogène. Accompagné de sa nouvelle copine, il s’embarque dans une odyssée délirante faite de sexe et de violence. »
Évidemment là, comme nous, vous vous dites certainement « Sacrebleu, un beau moment frappadingue en perspective ! » En tout cas, nous, c’est ce qu’on s’est dit. Hélas, la déception fut grande. Retour en détails sur une promesse non tenue.
On pensait tomber sur un film mené tambour battant. Une durée resserrée de seulement 1h10 laissait penser qu’on n’aurait pas le temps de s’ennuyer. Malheureusement, la durée ressentie du film avoisine les 3 heures.
Un ver après l’autre (hips !)
Le début était plutôt chouette. On assistait sur un écran de télévision cathodique à la retransmission de l’interview d’Angelo Inglesian, un personnage fictif dont il est dit que « quand les autres enfants de quatre ans s’amusaient avec des jouets, Angelo Inglesian jetait des sorts païens, se droguait et avait des relations sexuelles avec des femmes adultes » (Rappelons tout de même que sur cette dernière réplique, on se permettra d’ajouter qu’il s’agit de prédation et de pédocriminalité).
Apparaît alors un vieux monsieur moitié Christopher Lee moitié Jean Rochefort, mais sinistre. Ensuite, on nous présente brièvement les personnages qui incarnent le récit qui nous est donné à voir :
- Roscoe, l’homme d’entretien qui vit avec Samantha, sa copine portée sur les drogues, et semble entretenir un semblant de ménage à trois.
- Bennie, un homme seul aux désirs de paternité louche et angoissant.
- Henrietta, une travailleuse du sexe étrange qui semble vivre dans le motel ; qui consomme des vers psychédéliques.
Donc, tous sont portés sur la défonce. Si le film ne s’embarrasse pas à décrire une réalité socio–démographique connue – l’ennui et la précarité grandissante de toute la classe moyenne, ainsi qu’un appétit toujours renouvelé de drogues sur ordonnance –, on peut facilement observer qu’aucun des personnages ne pète la forme. Tous et toutes usant allègrement de ce qu’ils peuvent pour tromper l’ennui.
Bref, l’étrange Bennie se fait livrer une poupée étrange, l’occasion d’un truculent dialogue où le postier ne sait plus où se foutre. Bennie a une panne d’érection avec sa prostituée. Bennie se fait offrir une boîte de vers de terre stupéfiants. Bennie et Roscoe décident de gober des vers au bord de l’eau… À un moment, il y a même le roi des clowns qui baise avec une dame sur le couvercle d’une poubelle. C’est un malfrat, il est menaçant, mais c’est lui qui fuit devant un Roscoe médusé.
Une idée inaboutie
Ce film aurait pu lorgner vers le body-horror crasseux à la Cronenberg, vers l’étrange foutraque de Julia Ducournau, vers le hautement psychédélique à la Terry Gilliam ou encore vers l’énergique film de défonce à la Gregg Araki, ou le scabreux à la Larry Clarke. Mais rien de tout cela n’est véritablement assumé, ces multiples influences sont à peine effleurées. La jolie mise en scène du début est vite remplacée par une image terne et générique de mauvais téléfilms. L’intérêt va décroissant et jamais un frisson ne vient briser l’ennui dans lequel on est plongé de force. Par contre, la musique est assez cool.
L’argumentation de Filmo pour promouvoir le film est, à ce titre, particulièrement trompeuse : « Parce que Full of Worms est une œuvre dont on ne ressort pas indemne et qui redéfinit la définition de dégoût. Un sommet d’immondice face auquel même les estomacs les plus solides auront du mal à résister. »
« Full of worms » est un film fantastique états-unien d’Alex Philips, sorti en 2022. Il dure 71 minutes et est disponible sur la plateforme de streaming Filmo.fr.