Manifestation journée des droits des femmes
©️ Aakash Dhage pour Unsplash

Journée internationale des droits des femmes : time to fight, time to shine !

Publié le 8 mars 2025 par Meureh

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Cet article parle de : #histoires-vraies

Des messages publicitaires pour bouquets de fleurs, des boîtes de chocolats, voire même des aspirateurs ou produits d’entretiens… Vous l’aurez compris, c’est la Journée internationale des droits des femmes que certains adorent maquiller en « Journée de la femme », baignant dans des stigmas misogynes à des fins commerciales.

Et pourtant, plus que jamais nous nous devons de protéger ces droits et de nous inscrire collectivement dans la lutte perpétuelle pour les conserver, et qui sait, peut-être même en acquérir de nouveaux ! En effet, quand il s’agit de discuter des droits des femmes et des minorités de genre, tout le monde a un avis à donner surtout les personnes non concerné.es par la violence patriarcale et la question est loin d’être absente du débat politique, elle est simplement traitée de la mauvaise manière.

Pour exemple, Emmanuel Macron avait annoncé qu’il ferait des droits des femmes la grande cause de l’un de ses quinquennats. Et depuis ?

ET ON NOUS DIT QUE C’EST BON, L’ÉGALITÉ, ON L’A

Au-delà des grandes déclarations de principe, la réalité est tout autre : les femmes et minorités de genre sont celles qui subissent le plus les emplois à temps partiel, qui sont payées moins que les hommes à poste égal, qui ont la charge la plus importante des tâches ménagères, qui sont victimes de violences conjugales… Et quand on liste les discriminations, on omet très souvent la précarité, alors que 70% des travailleurs pauvres sont des femmes.

L’année 2024 a été marquée par un nombre élevé de féminicides et par le procès Pelicot, véritable tournant où l’on révèle au grand jour que les violences sexistes et sexuelles sont partout, ancrées dans l’entourage, et perpétuées par ceux que l’on pourrait désigner de « bons pères de famille » ou de « monsieur tout le monde ». En bref, ce que nous disions déjà depuis des années et qui était étouffé dans l’indifférence générale, s’est retrouvé en place publique, levant l’omerta (merci Gisèle) qui sévit depuis bien trop longtemps.

Malgré cet état de fait désolant, les budgets alloués par l’État à ce qui devrait être le fer de lance du quinquennat n’ont toujours pas connu d’augmentation significative, contrairement aux discours tenus.

ET ON NOUS DEMANDE DE RESTER CALMES

Pire encore, l’avenir qui se dessine est assez sombre. Car même si l’IVG a enfin été inscrite dans la Constitution française, l’ascension de l’extrême droite aux quatre coins du monde et la banalisation des idées qui l’accompagnent ont ouvert un boulevard aux discours réactionnaires, faisant émerger des attaques sans précédent contre les femmes et les minorités de genre, dont les luttes sont naturellement indissociables.

Aux États-Unis, le retour de Trump au pouvoir et de son idéologie réactionnaire a déjà été synonyme de positions misogynes et transphobes avec des reculs significatifs, le tout en affirmant un masculinisme décomplexé. En Italie, Meloni a interdit la reconnaissance parentale des couples lesbiens et s’est attaquée au droit à l’avortement. En France, Emmanuel Macron a même osé le « réarmement démographique », réduisant les personnes dotées d’un utérus à de simples appareils reproductifs, pendant que Retailleau se distinguait en proposant d’interdire le voile à l’université et aux mères accompagnant les sorties scolaires, et en félicitant par ailleurs le collectif d’extrême droite Némésis, auto-proclammé féministe et qui instrumentalise le combat pour les droits des femmes à des fins racistes.

LA RÉDUCTION DES RISQUES, VRAIMENT POUR TOUSTES ?

Pour les femmes ou minorités de genre concernées par l’usage de drogues, c’est la double peine. Le patriarcat qui touche chaque sphère de notre société les vulnérabilise et les stigmatise encore plus, leur limitant de fait l’accès aux soins

Bien que moins nombreuses et moins visibles dans l’espace public, on estime qu’un usager sur trois est une femme, alors qu’elles ne sont qu’une sur cinq à pousser la porte d’une structure médico-sociale. Prenant de plein fouet la mauvaise répartition de ce type de prise en charge sur le territoire, certaines usagères présentent des niveaux élevés de stress post-traumatique et/ou de dépression et sont également victimes de discriminations qui les poussent à renoncer aux parcours de soins. En proie aux stigmates associés au genre féminin ou assignées comme, notamment à travers l’exigence d’avoir une posture de « care » et de douceur, elles subissent l’invisibilisation et le mépris, voire la maltraitance : le traitement notamment moral de ces questions engendre ainsi des processus de hiérarchisation. Être identifiée comme une femme usagère de drogues comporte de nombreux enjeux et peut avoir des conséquences dramatiques, comme d’être cataloguée « mauvaise mère » et de s’exposer à perdre la garde de ses enfants.

De manière générale, ces inégalités les poussent encore plus à une situation d’extrême pauvreté où les parcours de rue sont empreints d’une violence décuplée. Les femmes de minorités ethniques en situation de précarité ou en errance sont particulièrement criminalisées par l’usage de drogues. En cumulant toutes ces oppressions, elles font partie des plus en danger sur l’échiquier sociétal, avec peu de marge de manœuvre pour être accompagnées dans l’addiction.

Face à cette situation, c’est collectivement que nous devons nous saisir de ces enjeux, et marteler qu’il est nécessaire de mettre en place des politiques qui œuvrent pour l’émancipation des femmes et minorités de genre, en prenant en compte leurs besoins spécifiques et en s’inscrivant dans une démarche d’égalité et de non jugement. Le 8 mars n’est pas une célébration de « l’identité féminine » et des clichés qui l’entourent, mais une journée de lutte, à l’intersection de toutes les discriminations qui gangrènent notre société.

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