La Fille du train est un thriller psychologique écrit par l’autrice britannique Paula Hawkins, édité en 2015.
L’histoire est racontée du point de vue des trois personnages féminins : Rachel, Anna et Megan. Rachel Watson est une femme de 32 ans, qui a sombré dans la dépression et l’alcool depuis son divorce avec Tom. Son ex-mari s’est depuis remis en ménage avec sa maîtresse, Anna, et leur fille, dans l’ancienne maison du couple.
Afin d’occuper ses journées et tromper sa colocataire sur la perte de son emploi, Rachel fait l’aller-retour vers Londres quotidiennement en train, passant près de son ancienne adresse. Assise tous les jours à la même place, elle voit depuis la fenêtre un couple voisin de Tom et Anna, qu’elle a surnommé Jason et Jess et qu’elle imagine comme un couple heureux et sans histoire. Un soir, elle voit « Jess » avec un autre homme, et apprend quelques jours plus tard la disparition de cette femme, de son vrai nom Megan Hipwell. Persuadée qu’elle a vu quelque chose concernant la disparition de Megan pendant une nuit d’ébriété, Rachel va se rapprocher de Scott/« Jason », devant ainsi recroiser à nouveau Tom et Anna.
Le livre est très prenant et on a du mal à lâcher une fois qu’on est dedans ! L’alternance des points de vue fonctionne très bien et permet de rentrer alternativement dans la tête des trois personnages, jusqu’au dénouement final. Le personnage principal reste cependant celui de Rachel, une jeune femme alcoolique qui essaie tant bien que mal de se remettre de sa séparation. On s’attache très vite à elle et on a vraiment envie qu’elle aille mieux. Cette plongée dans son quotidien et ses pensées permet d’aborder un bon nombre de mécanismes liés à la dépendance à l’alcool : l’isolement social, la honte, le jugement des autres, la stigmatisation, la nécessité de boire pour s’engourdir, pour éloigner la souffrance, pour gérer les émotions négatives. On voit le cercle vicieux dans lequel elle est enfermée : la haine de soi la pousse à boire, et boire renforce cette haine. Plus ça va mal et plus elle boit, et plus elle boit, plus ça va mal.
On voit également l’ampleur et la violence du mépris à son égard, en tant que femme qui boit. Tout l’enjeu du livre réside dans le souvenir altéré par l’alcool de cette fameuse nuit de la disparition. En dépit du fait que Rachel sait dès le début qu’elle détient les clés de cette affaire, personne ne la croit, et même elle doute d’elle-même et de ses propres souvenirs.
En plus d’être un thriller haletant, le livre offre donc un portrait de Rachel touchant et sensible et aborde la question de la dépendance à l’alcool à travers les yeux de la personne concernée. On recommande !
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/02/14/un-temoin-alcoolise-est-il-fiable_1832935_1650684.html