La course de vélo-tout-nu du film "La merditude des choses" réalisé par Felix Van Groeningen.

La merditude des choses – L’alcool vécu comme drame familial et intime

Publié le 27 août 2023 par Lisa

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Cet article parle de : #addiction #culture #films #histoires-vraies #drama

La merditude des choses est un film belge de Felix van Groeningen, sorti en 2009, qui suit un jeune garçon qui vit chez sa grand-mère avec son père et ses trois oncles alcooliques.

« La Merditude des choses conte l’histoire de Gunther Strobbe, qui habite chez son père, sa grand-mère et ses trois oncles dans un village flamand fictif, Reetveerdegem. La famille Strobbe est une famille marginale : le père de Gunther et ses oncles ne font que boire de l’alcool, séduire des femmes et flâner dans des cafés. Cette routine finit soudain quand l’assistante sociale Nele Fockedey force Gunther à quitter la famille.
Des années plus tard, Gunther devient père d’un enfant non-désiré. Peut-il encore améliorer sa vie, ou est-il déjà trop tard pour se débarrasser de la merditude des choses ? »

C’est triste. Il y a quelque chose de profondément triste dans le quotidien de ce garçon qui erre entre des repères familiaux inexistants et des schémas relationnels qu’il ne comprend pas. Les amis à l’école, l’école elle-même ; en définitive, tout ce qui ne se joue pas dans un bar. Les hommes avec tout leur orgueil refusent qu’on les traite de marginaux et pourtant, leurs comportements ne poussent pas à penser que ce sont des adultes responsables : on fait boire ce gamin, on le frappe, on dit de lui que ce n’est pas un homme, un vrai. Il est témoin de scènes de drague, d’alcoolisation, et de sexe (jusque dans sa propre chambre).

Ici, l’alcool est vécu comme un vecteur de drame familial, personnel et intime (mais aussi public). On doit tous et toutes connaître quelqu’un qui subit ou a subi un quotidien assombri par l’alcoolisme des adultes, voire le nôtre. De défis stupides en exploits éthyliques, cette famille vogue sans fin sur un radeau chancelant entre l’absurde et le profondément pathétique. Si certains ont des souvenirs d’enfance pas joyeux : attention à vous, ça risque de vous remuer.

Boire comme un trou, fumer comme un sapeur

Alors, est-ce qu’on y retrouve une démarche de réduction des risques ? Non ! Et c’est d’autant plus intéressant qu’il n’y a aucune autre consommation de stupéfiants que l’alcool et la clope. Ce sont les risques banals démultipliés par l’inconscience des protagonistes. Boire comme un trou, fumer comme un sapeur = risques + + (et même si tu critiques les gens qui fument des pétards ou ceux qui tassent en soirée pour te dire que « le tox, c’est l’autre » : t’es qu’un gros drogué toi aussi ! Nah !).

Une séquence du film implique un concours de buvage de bière. Les pintes y sont servies par plateau de 10 à chaque participant et les cul-sec s’enchaînent. Qu’on se le dise : un concours de bière, c’est juste du binge drinking. Un terme anglais qui désigne le fait de boire (très) vite une grosse quantité d’alcool. Imagine, on organisait des concours de traces dans les fêtes au village l’été !

Le film pose la question du Drug, Set et Setting. Ouais, parce que bon, faire un concours de beuverie, c’est déjà pas bien top niveau santé publique (mais bon, on ne jette la pierre à personne), mais le faire quand on est littéralement à un mètre d’un passage à niveau et des rails d’un train qui ne bénéficie d’aucune barrière (de garde-fou ?), c’est franchement dangereux. On s’attendait vraiment à ce que quelqu’un se fasse couper en deux !
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