Le livre raconte les histoires entremêlées de Benoît, de Désiré Johnson et de Maître Pataki dans lesquelles la présence de la cigarette est éminemment problématique.
Benoît est fonctionnaire à la mairie dans un futur proche légèrement dystopique. Suite à un grand plan de restructuration des effectifs qui a conduit au départ de la moitié du personnel, le bâtiment de la mairie est désormais pour moitié utilisé comme une garderie d’enfants. Benoît est heureux en ménage depuis dix ans avec Latifa. Il ne veut pas d’enfant, petites créatures qui l’agacent au plus haut point. Il est aussi passablement accro à la cigarette, cigarette qui est vivement montrée du doigt. Un jour, alors qu’il enfreint le règlement en fumant dans les toilettes dont il a mal fermé le verrou, une petite fille entre. C’est le début de problèmes judiciaires qui vont le mener loin.
Désiré Johnson est un condamné à mort (qui clame son innocence) qui demande, le jour de son exécution, en guise de dernière volonté, de pouvoir griller une cigarette. La loi exige qu’une dernière volonté soit accordée aux condamnés à mort, mais fumer dans un établissement public est complètement interdit. Et il est impensable de laisser sortir momentanément le condamné, même sous bonne garde. Un dilemme improbable qui fait les unes des journaux et provoque un imbroglio judiciaire hyper médiatisé.
Maître Pataki enfin, une avocate commise d’office dont la mauvaise réputation lui vaut le surnom de mort subite. C’est elle qui défend les deux premiers protagonistes dans leurs affaires respectives.
À tout ça vient s’ajouter une autre intrigue plus distante, une téléréalité pirate appelée Martyr Academy où des otages retenus par des fondamentalistes religieux sont contraints de réaliser des défis et des performances afin de sauver le plus populaire d’entre eux.
Attention spoilers
Seigneur que c’était pénible à lire. Le format BD, d’habitude un super outil pour raconter des histoires, est ici d’une lourdeur sans fin, malgré seulement 250 pages. Les dessins sont déconcertants (même si c’est évidemment un parti pris esthétique) et il est dur de suivre correctement l’histoire.
Tout un pan de l’intrigue raconte les fausses accusations de pédocriminalité à l’encontre de Benoît par la petite fille qui l’a surpris en train de fumer aux toilettes. Accusations qui semblent nourries par la mère de la petite dans le but d’en tirer profit. On ne sait pas vous mais franchement, on a trouvé ça assez nauséabond. Surtout qu’il y avait certainement d’autres moyens pour dévoyer Benoit que de l’accuser à tort de ce genre d’ignominies.
S’ensuit un long simulacre de justice où le pouvoir est donné aux enfants qui jouent tous les rôles. Durant ce long et gênant processus, Benoît perd son sang-froid et finit par demander d’être échangé avec un otage de la Martyr Academy. Il finit par se faire décapiter, le livre se termine par l’image fumer tue.
Si ça semble tirer vers la satire, on n’a vraiment pas été convaincus par l’ouvrage, qui est passé de mains en mains avant de tomber sur quelqu’un qui a eu le courage d’aller au bout de la manœuvre.
Peut-être faudrait-il lire le roman original pour saisir la complexité du propos dans sa subtilité ? C’est un grand mystère, mais on ne va pas s’y mettre tout de suite.
La petite fille et la cigarette , est une bande dessinée française de Sylvain Moizie adaptée du roman du même nom écrit par Benoît Duteurtre sorti en 2016 aux éditions La boîte à bulles.