Ma vie en poudre est un livre français écrit par Yann B., sorti en 2022 aux éditions Les Impliqués. Il nous livre le témoignage du narrateur, qui sombre dans le chemsex à la suite d’un événement traumatique.
Yann nous livre son douloureux témoignage sur six ans d’addiction mortifère au chemsex. Comment une relation amoureuse paisible et bienveillante a permis l’existence d’une double vie qui s’est installée en parallèle au cancer de son amoureux. Ou comment la soupape de décompression se transforme en cocotte-minute et le met durement à l’épreuve à mesure que progresse le cancer. En trois parties distinctes et avec un grand recul sur ses pratiques, l’auteur livre ses expériences de sexualité et de produits.
Le style est direct, c’est du langage parlé qu’on a mis à l’écrit : du coup, c’est très agréable à lire (et ça se lit vite). On a rapidement l’impression d’écouter un podcast plutôt que de lire un livre. L’auteur a par ailleurs, semble-t-il, mis beaucoup de distance entre l’époque où les faits se sont déroulés et aujourd’hui. De nombreux « apartés » sont faits et donnent un éclairage différent aux évènements. C’est écrit sans complaisance et surtout, sans pleurnicheries : ça rend l’ensemble digeste.
Nombreuses prises de risques, de plus en plus extrêmes
Il faut dire qu’on a eu peur au début de tomber sur un livre sur l’enfer du chemsex avec pléthore d’appels à la pitié. Heureusement, ce n’est pas le cas. Plusieurs fois, on réalise que l’auteur est passé très près de la mort, que les conduites à risques s’enchaînent et que malgré tout, il a beaucoup BEAUCOUP de chance. En faisant l’inventaire des moments marquants de son parcours (car oui, inévitablement il y a des ellipses : on ne condense pas six ans de pratiques addictologiques en 200 pages), on traverse avec Yann les étapes qui l’ont construit ou détruit. Le mieux est de n’avoir pas froid aux yeux, certaines scènes orgiaques ou de consommations peuvent heurter les sensibilités des plus timorées.
Dans les faits qui sont relatés, les prises de risques sont nombreuses et de plus en plus extrêmes. Mais en même temps, à l’heure de les raconter, l’auteur fait un travail d’analyse bienvenu à travers un regard compatissant sur la personne qu’il était alors.
Certaines informations sur les produits usités sont incomplètes ou manquent de précisions mais comme ce n’est pas un guide de conso, on oublie assez rapidement.
Évidemment le discours est partisan : du point de vue de l’auteur, le salut vient de son arrêt des consos. Les produits consommés ont biaisé ses relations interpersonnelles. Et vu ce qu’il a traversé, on le comprend. Cependant pour certaines personnes, l’abstinence n’est pas une option, et accompagner un chemsexeur, ou plus généralement quelqu’un à qui l’addiction mène la vie dure, est plus compliqué que ça.
On salue très fort la volonté de fer de Yann qui lui a permis de se sortir de cette sombre période. Et merci pour ce long témoignage de 200 pages.