Plan Perché est un documentaire français sorti en 2021, produit par le Corevih Vallée-du-Rhône et réalisé par Barbara Arsenault, et disponible sur Vimeo. Il rassemble les témoignages de cinq chemsexeurs dont les propos sont accompagnés d’images d’illustrations.
C’est bien. Bon sang, ce que ça fait du bien de voir aborder ces sujets-là sans misérabilisme ni langue de bois. Les cinq personnes qui acceptent de témoigner développent des idées et (se) posent des questions qui résonneront chez toutes les personnes qui usent de drogues (avec ou sans sexe,) sans distinction de genre, de pratiques ou d’orientation sexuelle.
Les témoignages sont riches et reflètent une certaine pluralité d’expériences en mettant en lumière les mécanismes qui les lient. Comme un certain mal-être, un désamour de soi, des inhibitions physiques ou des complexes sexuels. Sans vouloir faire de généralités abusives, le documentaire tisse des liens entre les différents parcours. D’ailleurs ce qui revient souvent, c’est la difficulté à percevoir un besoin d’aide, et la difficulté à trouver l’aide dont on a besoin.
Articulés en quatre segments (« L’entrée dans le chemsex », « Le consentement dans le chemsex », « L’impact du chemsex dans le quotidien », « Et après le chemsex…? »), les témoignages ne sont pas circonscrits dans les pratiques à risques mais abordent au contraire les répercussions à court et long terme du chemsex.
Sans sensationnalisme ni misérabilisme
Dans la forme comme dans le fond, le film fait du bien et permet d’ouvrir le dialogue et de poser des questions (sans rendre sexy la pratique du chemsex). Ainsi, on est sur un genre de podcast illustré, les images d’illustration où des comédiens jouent les témoins évoquent un quotidien au lieu de suivre mot pour mot le récit qui est fait. Alors même que des choses très dures sont racontées, ça a un double avantage : éviter le voyeurisme d’une part, et ne pas déconcentrer l’attention du spectateur sur ce qui est raconté. Les moments où le son s’arrête sont les cartons d’introduction des différents chapitres précédés de l’outro documenté de faits et de chiffres de la partie d’avant.
Alors, est-ce qu’on s’inscrit ici dans une démarche de réduction des risques ? Oui, comme toute production qui laisse parler les concernés sans sensationnalisme ni misérabilisme. En vérité, offrir à des gens la possibilité de se poser, de se raconter a posteriori les épisodes troubles qu’on a traversés permet toujours de mettre en lumière des stratégies d’adaptation et de protection (qu’elles soient conscientes ou non) et de faire apparaître des problématiques qu’on n’envisageait pas quand on avait la tête dans le guidon.
En définitive, c’est ce dont tout le monde a besoin, une oreille attentive et non-jugeante pour vider son sac et faire le point. Si cela ne constitue évidemment pas un remède miracle à tous les maux, c’est d’un secours certain.