Promising Young Woman est un film d’Emerald Fennell, sorti en 2021, qui dresse le portrait d’une jeune femme, profondément traumatisée, et bien décidée à se venger des agresseurs qui croisent son chemin.
Cassie a la trentaine. Elle était promise à un brillant avenir, mais à la suite d’un double drame durant sa scolarité, elle a complètement décroché, et a abandonné ses études. Depuis, elle travaille comme barista dans un coffee-shop et passe ses nuits dans les night-clubs, à piéger des agresseurs en puissance. À ses risques et périls…
En pleine Covida, le film est sorti en mai 2021 en France. Réalisé, écrit et interprété en premiers rôles par des femmes, le film porte en grand la marque du mouvement MeToo. On y aborde de nombreux thèmes et mécanismes qui ont été mis en lumière ces dernières années : la prédation, le sentiment de culpabilité des victimes, l’impunité des agresseurs, l’alcool, la drogue, la soumission chimique, le consentement, la protection des agresseurs, la justice inégale, le renforcement négatif, l’effet de meute, les stress post-traumatiques, sont abordés à l’économie des mots mais à renfort d’images. Pas de violence graphique en vue même si le métrage propose des scènes d’un grand malaise (notamment l’intro !)
Sans cesse surprenant, le scénario semble aller dans une direction, montre des images qui font se dire « mais non », et ensuite prend sans préavis un chemin différent. C’est sûrement dû à l’effet de surprise du premier visionnage mais le film est sans cesse étonnant et provoque de gros haut-le-cœur quand il nous semble que l’héroïne reproduit les violences subies. Cela va sans dire : ne regardez pas la bande-annonce, ne lisez pas les critiques, ne demandez pas à vos potes : l’effet de surprise doit être total pour être embarqué à 100%, et écrire sans spoiler est hyper complexe.
Les prises de risques sont légion
Outre l’actrice principale qui est d’une versatilité à faire peur, le casting est pour une grosse part masculin. Si quasiment tous jouent des pourritures de bas étage, l’équipe du film a choisi de caster les gentils seconds rôles des films et séries TV pour ados des années 2000. Ainsi, on retrouve donc les boy’s next door Piz de Veronica Mars, Seth Cohen de Newport Beach, Fogell de SuperGrave, Nick Pepper d’Ugly Betty, dans des rôles aux antipodes des attentes des spectateurs. Une vraie pertinence pour illustrer le fait que des hommes bien sous tous rapports peuvent, parfois, cacher des comportements violents d’agresseurs.
Pop, acidulée, girly, nostalgique : encore une bande originale de qualité qui transcende son film. C’est pertinent, ça sert joliment l’intrigue, entre remix et cover de titres cultes du début des années 2000.
Est-ce qu’on y trouve une démarche de réduction des risques ? Pas dans les pratiques montrées mais dans la réflexion proposée, oui. Les prises de risques (dans tous les sens du terme) sont légion, et plusieurs fois, on ne peut s’empêcher de se dire « mais non » ou « mais pourquoi ? ». Prendre soin de soi est aussi conditionné par l’état moral dans lequel on se trouve. Notre état moral conditionne aussi, pour une part du moins, les risques auxquels on est prêt à s’exposer. Et comme une partie du film se déroule dans des lieux festifs nocturnes, tissant des liens très précis avec l’alcoolisation, la prédation, et l’abus de faiblesse, on a quand même l’impression que ce film, si militant soit-il, a toute sa place dans notre rubrique cinéma.