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Retour à Brooklyn – Le vrai requiem pour un rêve

Publié le 18 avril 2025 par Maxime

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Cet article parle de : #drogues-illegales #culture #films

La saviez-vous ? Le célèbre film « Requiem for a Dream » est adapté d’un roman américain publié en 1978. Plus intéressant que le film à plus d’un titre, il n’en demeure pas moins difficile d’accès… Focus.

De quoi ça parle ?

Le point de départ est le même que le film, d’ailleurs la première scène avec la télévision, la chaîne et le prêteur sur gages est identique. C’est après que l’écart se creuse entre l’adaptation et le matériel d’origine. Harry, un jeune homme juif, et Tyrone, un homme noir américain, se la coulent douce dans le Brooklyn ultra pauvre des années 1960. L’héroïne occupe leur journées même s’ils essaient de se persuader qu’ils ont le contrôle. Marion, jeune fille de bonne famille, détourne l’argent destiné à sa psychothérapie avec la complicité de son psychiatre, elle sort avec Harry et consomme de temps à autre. Veuve, Sara (la mère de Harry) reçoit un jour un formulaire pour s’inscrire à une émission de télévision, elle mettra dès lors tout en place pour se faire belle pour le jour J. Marion et Harry finissent par se mettre ensemble et l’histoire peut enfin partir en cacahuète…

C’est moins un livre qui parle de la dépendance et des drogues que des destins croisés et abîmés de quatre personnes, que leurs rêves ne sauveront pas d’une vie de misère et d’isolement.

SPOILER ZONE 

Si vous avez vu le film, vous avez les grandes lignes, sauf que le livre approfondit l’exploration de la psyché des personnages et multiplie leurs péripéties… et pas pour le meilleur !

Sara prend tarif, vraiment. Surtout qu’elle est malmenée par le système médical qui la dope aux coupe-faim à base d’amphétamines sans lui donner le moindre avertissement. Forcément, elle finit par dérailler, murée dans son isolement et malgré l’intervention de ses copines de palier. L’acharnement médical dont elle est l’objet est déchirant et les réponses que lui réservent les employé·es de la TV (qu’elle appelle plusieurs fois par jour) n’arrangent rien.

Marion subit un sort plus pudique, les scènes durant lesquelles elle a ses rendez-vous avec son psy (avec qui elle finit effectivement par coucher en échange d’argent) sont bien moins graphiques que celles du films. Sa relation avec Harry est aussi bien moins triste, même si les deux amoureux s’entraînent plus que de raison dans la dépendance. Leur relation est quand même plus belle, plus humaine. 

Le récit se déroule dans les années 1960, la ségrégation raciale n’est pas bien loin, et c’est ainsi surtout parce que Tyron est noir que les deux compères finissent en prison ! Ils se font littéralement embarquer par les keufs directement dans le centre médical où Harry venait consulter pour abcès spectaculaire… 

Pas simple à lire 

Le livre est difficile d’accès, les 50 premières pages sont franchement pénibles à lire. Une fois qu’on s’est habitué ça va mieux mais quand même, qui aurait idée d’intégrer les dialogues et les pensées des personnages dans les mêmes paragraphes et sans aucune ponctuation ? Voilà une petite idée du côté déstabilisant ! Mais c’est suffisamment bien écrit pour qu’on réussisse à reconnaître qui parle et quand. Celà a dû être une galère à traduire ! D’ailleurs en parlant de traduction… les drogues sont presque toutes appellées « merde » (d’après le mot d’argot « shit » invariablement utilisé à l’époque pour les désigner). C’est une galère à lire, et ça donne vraiment l’impression que c’est une consigne du ministère de la Culture de l’époque, histoire de s’aligner sur l’adage « la drogue, c’est de la merde ». Le traducteur aurait pu enrichir le vocabulaire avec les expressions locales utilisées pour désigner l’héroïne : meuh, came, dope, etc.

C’est le deuxième livre que l’auteur Hubert Selby Jr consacre à Brooklyn, c’est d’ailleurs sûrement ce qui a motivé le changement de titre de la version française (Requiem  for a Dream en anglais). Last exit to Brooklyn, son premier roman – qui racontait plusieurs histoires dans les basfonds de Brooklyn avait été un succès monumental dopé par les censures et polémiques réactionnaires. L’éditeur a peut-être voulu surfer sur la vague en faisant croire à une suite (vilain capitalisme !). 

Retour à Brooklyn est un livre écrit par Hubert Selby Jr initialement publié en 1978. Il est disponible aux éditions 10/18, c’est un beau bébé de 303 pages. Vous pouvez lire les avis des lecteurs sur Babelio ou encore le commander en occasion sur momox-shop.

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