Un livre d’il y a près d’un siècle pour parler de cocaïne, comment ne pas être tentés ?
« Dans un Moscou frappé par la Révolution, Vadim fait l’expérience irréversible de la cocaïne. Tour à tour amoureux et manipulateur, le jeune homme, sous l’emprise de la drogue, dissèque les tréfonds de son âme, jusqu’à tomber dans le cauchemar de la dépendance. Là se briseront les turbulences de l’adolescence. »
L’histoire débute en 1916, Vadim est un lycéen égocentré en quête de plaisirs d’un soir, de reconnaissance et d’exaltation. Le livre se divise en quatre parties, le lycée, sa rencontre avec Sonia, dont il s’éprend, la découverte de la cocaïne, et le développement de ses réflexions sur la nature de l’âme humaine.
Le livre est agréable à lire et se parcourt rapidement. Le chapitre sur la cocaïne arrive finalement assez tardivement. La grosse première partie de l’histoire décrit essentiellement les errances et les tribulations de Vadim, qui arpente les boulevards moscovites et nous livre ses analyses sur les rapports humains et amoureux. Le contexte social importe peu, tout est centré sur le personnage et le regard qu’il pose sur lui-même et les autres.
D’ailleurs, il est difficile de véritablement s’attacher au narrateur. Si on peut lui reconnaître une honnêteté radicale vis-à-vis de lui-même, il n’en reste pas moins odieux et cruel. Toutes ses réflexions sont empreintes d’une violente misogynie, il méprise et maltraite sa mère constamment, il est farouchement égoïste et présente une faculté à l’empathie extrêmement limitée.
Les derniers chapitres, consacrés à la drogue, sont néanmoins intéressants. On suit intimement sa rencontre avec la cocaïne, la description des effets, les distorsions de sa psyché, l’excitation des prises et l’angoisse des redescentes. Il décrit précisément l’impact du produit sur son corps et ses perceptions, et élabore une théorie sur la nature des passions humaines.
« Roman avec cocaïne » est un roman de M. Aguéev, paru en russe en 1934 à Paris.