Film-Santouri-DARIUSH-MEHRJUI
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« Santouri » amour, drogue, violence et religion

Publié le 18 octobre 2023 par Maxime

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Cet article parle de : #culture #fictions #films

Une histoire d’amour contrariée par la dépendance dans un contexte tendu autour de la musique et de pression religieuse. Le réalisateur du film Daryush Mehrjui agé de 83 ans et sa femme Vahideh Mohammadifar ont été assassiné à leur domicile en octobre 2023 dans des circonstances politiques troubles. 

 

Le film relate la vie d’un joueur iranien de santour nommé Ali Bolourchi, qui ne peut plus travailler en raison des préjugés du pays religieux contre la musique. Il sombre alors dans l’addiction et gagne péniblement sa vie en jouant dans des noces et des réceptions, en échange d’argent ou de drogue. Le film est émaillé de nombreux flashbacks, où on voit le personnage et sa femme, Hanieh, avant qu’elle ne le quitte. 

 

Il est à noter qu’en persan jouer du santour est aussi une métaphore pour s’injecter de l’héroïne ; taper du doigt sur la veine du bras en vue de se préparer pour une injection évoquant le geste de jouer de l’instrument.

Descente aux enfers

On suit la descente aux enfers d’Ali, qui s’enferre dans sa consommation, devient violent avec Hanieh et s’auto-détruit complètement. Les scènes musicales sont poignantes et l’histoire d’amour d’Ali et Hanieh est touchante (jusqu’à ce qu’il vrille complètement et se comporte de façon absolument odieuse, ce que la consommation n’excuse évidemment pas). 

C’est difficile à regarder, tant la déchéance du personnage est totale. On est ici dans la trajectoire classique de la pure dégringolade, comme dans de nombreuses œuvres qui abordent les questions d’addiction (« Requiem for a Dream », « Christiane F. », etc.). 

Le personnage d’Hanieh (ex-femme d’Ali) est très intéressant, on sent l’impuissance qu’elle ressent face à la situation et elle refuse de se laisser entraîner dans la chute de son mari. Malgré l’immense peine qu’on devine, elle a bien compris qu’elle ne pourrait pas le sauver et que rester impliquerait sa propre perte. 

Le film insiste également sur l’importance du contexte social et politique dans le rapport aux produits du personnage : l’impossibilité d’être accepté par sa famille, la corruption, la bigoterie, la précarité. Les deux personnages rêvent d’un ailleurs, Hanieh y parvient par la musique, Ali par la drogue. 

 

Des enseignements RdR à tirer du film ? Non, pas vraiment. Les personnes consommatrices, rebuts d’une société présentée comme fermée et intolérante, sont envoyées aux marges de la ville, entassées comme du bétail sous les ponts et dans des garages abandonnés. Étant issu d’une famille plutôt aisée, Ali est envoyé par son père dans une clinique de « désintox » où il subira électrochocs, sevrage forcé, entraves physiques, etc. À terme, il finit par se libérer de l’addiction mais n’ose plus sortir de la clinique, de peur de replonger immédiatement.

 Santouri  (connu sous le titre anglais de The Music Man, en persan  سنتوری  est un film dramatique iranien réalisé par Dariush Mehrjui, sorti en 2007.

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