Sauvage est un film français de Camille Vidal-Naquet sorti en 2018 au cinéma, qui donne à voir le quotidien d’un jeune homme qui se prostitue.
Le film est organique, très intime. La caméra colle au plus près les pérégrinations de son personnage principal. Ses errances et ses expériences limites. Le film n’est pas très généreux en dialogues. De nombreuses choses sont soit suggérées soit frontalement exposées. Ce jeune homme est un doux rêveur qui cherche à travers ses clients une forme de tendresse et de douceur que le monde lui refuse. Avec un mode de vie alternatif qui comprend rupture familiale, vie en squat sans domicile fixe et usage répété de drogues, sa santé en prend un coup.
S’il ne dresse pas un portrait-robot de l’usager type (loin de là), il illustre quand même une personne qui paraît familière et sur laquelle le réalisateur pose un regard empreint de tendresse en dépit de la rudesse des faits. Et malgré certaines scènes un peu poussives (boire dans les flaques d’eau, par exemple) le portrait que fait le film est touchant.
Est-ce qu’on y retrouve une démarche de réduction des risques ? Non évidemment, le personnage prend pléthore de risques. De nombreuses scènes de consommation de drogues sans aucune notion de réduction des risques nous sont montrées.
Deux choses nous semblent importantes à relever qui mettent en lumière des choses marquantes. Le plan à 3 avec le couple de clients : c’est une scène sordide. Empreint de violence, le couple de clients a une attitude exécrable, parle mal, médit, et dépasse les limites. La scène est abjecte et illustre parfaitement le faisceau de violences qui peuvent se dérouler dans l’intimité, notamment celui des personnes prostituées et des travailleur et travailleuses du sexe. La deuxième, c’est la scène avec la doctoresse : trouver des soignants bienveillants qui posent les bonnes questions sans jugement apparent, ça semble être un véritable chemin de croix. C’est une vraie respiration de bienveillance dans le film qui est quand même assez dur dans l’ensemble.