Super-bourrés , un film français de Bastien Milheau sorti en 2023. Le film raconte l’histoire de Janus et Sam, deux amis d’enfance, lors de leurs derniers jours de lycée dans un petit bled paumé du sud-ouest de la France.
Janus, le fils de la maire du village, une véhémente militante anti-alcool (son mari s’est planté dans un platane longtemps avant le début du film), n’a jamais pris une cuite et espère quitter la campagne pour la suite de sa scolarité. Sam, quant à elle, est une fille d’agriculteur bourrue et dotée d’un fort second degré, qui voit son avenir tout tracé dans l‘entreprise familiale qui produit des pruneaux.
Lorsque, pour les besoins du scénario, ils se retrouvent avec l’argent destiné à acheter l’alcool de la « teuf du gars cool » et qu’ils perdent l’enveloppe, le film nous emmène fouiller la cave de la maison familiale de Janus. Ils y trouvent un alambic et se lancent dans le distil d’une eau-de-vie de prune. Défiant les lois élémentaires de la production d’alcool, ils arrivent à la soirée les bras chargés d’alcool artisanal et la fête peut commencer.
Ce film est d’une douceur et d’une tendresse folle. Beaucoup l’ont comparé aux teen-movies américains, dont il s’est sûrement inspiré, mais le spectacle est bien plus bienveillant et bien moins insupportable. L’objectif n’est pas de baiser, de se venger, ou encore de réussir à tout prix un défi compliqué. Non, ici Janus veux juste prendre une cuite. Et malgré ce résumé, le film ne verse pas dans la publicité géante pro alcool. S’il est difficile de croire qu’il est possible de tirer une douzaine de bouteilles d’eau de vie en une après-midi, le côté cartoonesque de l’entreprise suffit à faire oublier cette invraisemblance.
On a bien rigolé, notamment grâce au personnage de Sam, qui est vraiment irrésistible : son humour et sa manière de recadrer Janus sont vraiment drôles. Leur amitié homme/femme qui ne finit pas en romance est d’autant plus touchante que l’alchimie entre les deux acteurs se remarque à l’écran. Le sous-texte sur l’exode rural des jeunes se dessine aussi avec les parcours de ces deux amis qui s’opposent dans leur manière d’envisager leur futur. Janus veut partir à la grande ville dans une école sur concours, tandis que Sam s’accommode de devoir reprendre l’exploitation familiale.
Le film ne donne pas de leçon ; malgré tout, les effets de l’alcool sont imagés ou énoncés de manière assez neutre. Notamment ceux relatifs à la mortalité routière. Lors de la petite sauterie de la fin du film, les personnages ouvrent plusieurs fois (sans faire exprès) la porte de deux personnes qui s’envoient en l’air et par deux fois, on leur demande si « tout est okay ? » On a beaucoup aimé cette normalisation de la vérification du consentement.
Bref, c’était vraiment un film trop mignon. Ça se veut potache comme un American Pie, mais sans la BO pop–rock, sans les blagues de cul et avec une bonne dose de safitude. L’histoire racontée par le film s’inscrit également dans une forme de réalité. L’alcool rural et la mortalité routière sont de vrais sujets…
En 2020, Santé publique France publiait des données inédites avec une analyse régionale de la consommation, de la mortalité et de la morbidité liée à l’alcool. En bref, on peut retenir qu’environ 10% de la population adulte consomme de l’alcool quotidiennement. 1 adulte sur 10. Avec quelques disparités géographiques : la Guadeloupe, la Martinique, et la Guyane seraient les régions où le taux est globalement plus faible qu’en Métropole (les chiffres datent de 2014). En Métropole, les chiffres datent de 2017 et c’est la région Occitanie qui obtient la première place sur le podium des buveurs quotidiens, avec un taux de 12,6%. C’est la région où prend place le film. La Nouvelle-Aquitaine et les Hauts-de-France complètent le trio de tête.
Jetons un œil aux chiffres du bilan de l’accidentalité routière ONISR. En termes de mortalité routière, les mauvais élèves sont l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine (ben didonc !), la Bourgogne-Franche-Comté et la Corse. L’alcool ou les stupéfiants sont impliqués dans 43% des décès (stable par rapport à 2015-2019), certaines régions sont plus fortement concernées (57% en Corse et autour de 50% en Pays-de-la-Loire, Hauts–de-France, Bourgogne-Franche-Comté et PACA).
https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2020/consommation-d-alcool-en-france-ou-en-sont-les-francais
https://www.senscritique.com/film/super_bourres/54753554