Théo et Hugo dans le même bateau - un film de Jacques Martineau et Olivier Ducastel
Théo et Hugo dans le même bateau - un film de Jacques Martineau et Olivier Ducastel

Théo et Hugo dans le même bateau – Un film rare sur le VIH et la prévention post-exposition

Publié le 26 décembre 2025 par Maxime

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Cet article parle de : #sante-sexuelle #sexualite #vih #fictions #films

Théo et Hugo dans le même bateau est un film traitant du VIH sorti en 2016. À l’époque, il mettait en scène quelque chose que nous n’avons toujours pas revu au cinéma : le TPE, pour traitement postexposition


Une scène d’ouverture réaliste et déroutante

Le film s’ouvre en fin de nuit sur une longue scène de sexe de groupe non simulée dans les backrooms d’un bar à cul du Marais (L’Impact). Lumière rouge, regards, sexes en érection. Bref, de quoi surprendre le public non-averti (un peu comme nous qui avons innocemment pris le dvd sur les rayons de la médiathèque). L’étincelle s’allume entre les deux hommes et passé 15 minutes, on sort du club. S’ensuit une promenade pleine d’amour en Vélib dans les rues de la capitale. 

Entre désir, tendresse et choc 

Les deux garçons ont eu un coup de foudre, mais il y a un hic ! La baise à été sans capote et… Hugo est séropositif. Du coup y’a un stop, une petite embrouille et un appel au 0 800 840 800 Sida Info Service pour en savoir plus sur la conduite à tenir pour limiter le risque de contagion. 

Le duo se sépare fâché, Théo souhaite aller seul aux urgences. Il arrive en salle d’attente et attend avant d’être pris en charge. Pendant ce temps, Hugo souhaite l’accompagner malgré tout. Un échange de sms plus tard et c’est les retrouvailles. Passage devant le médecin, explications sur la trithérapie d’urgence el famoso TPE et l’affaire est dans le sac. 

Pas rancuniers, les deux garçons rentrent ensemble pour s’endormir alors que le soleil se lève sur la capitale.

Un récit en temps réel et une alchimie évidente

Théo et Hugo dans le même bateau se regarde avec plaisir, la scène de sexe introductive est très tendre et particulièrement belle. Le film a le bon goût de ne pas faire traîner les choses : il se déroule en quasi temps réel, entre 4 et 6 heures du matin. Les acteurs ont une belle alchimie, tellement même que l’an dernier, les deux acteurs se sont mariés ! S’ils s’investissent à fond, on regrettera que la scène d’engueulade manque un peu de crédibilité. Mais qu’on se le dise : ça ne gâche pas le film. 

Une représentation positive de la santé sexuelle

On a particulièrement apprécié la tendresse des personnages. Des deux hommes qui prennent un risque et c’est le séropositif réagis le plus vivement du risque pris par le séronégatif. Cela nous semble presque être de la science-fiction au vu de la sérophobie ambiante qui semble encore dominer aujourd’hui. Les dix ans qui nous séparent de la sortie du film nous permettent également d’apprécier les évolutions en matière de prévention du VIH. Le traitement d’urgence ne comprend plus qu’un cachet qui contient les 3 molécules à prendre à heure fixe, et les fenêtres de dépistage sont passées de trois mois à six semaines. 

Un regard tendre et moderne sur le VIH

Est-ce que c’est RdR ? Vu le sujet du film, on peut dire que oui ! Même s’il est dommage que le personnage d’Hugo connaisse sa charge virale (indétectable). En effet, on le sait et on le rabâche depuis plusieurs années maintenant : I = I. Indétectable = intransmissible

Ceci dit, le film date d’une époque où cette information ne faisait pas encore consensus. Tourné en 2015 il précède de peu le slogan mondial lancé comme une révolution pour toutes les personnes porteuses du virus. Si du côté des militant·es le constat était déjà acté (grâce à la science, dès 2008) du côté des institutions cela a été un peu plus long. Bruce Richman a créé son association Prevention Access et a commencé à diffuser ce message fort à partir de 2016.

Indétectable = Intransmissible : le message essentiel

Être indétectable signifie que dans un millilitre de sang, le nombre de copies du virus est si faible (en dessous de 200) qu’on n’arrive plus à le détecter (pendant les analyses). Être indétectable rend la contagion impossible, il faut le répéter, le crier sur tous les toits. Le film aurait eu plus d’impact si le personnage avait été en rupture de traitement ou n’importe quelle autre raison qui lui aurait fait douter de sa charge virale, histoire de renforcer l’aspect dramatique du long métrage.

En 2025, difficile de dire si le film pourrait se tenir : la démocratisation de la PrEP a changé la vie des personnes les plus à risques. Ceci dit, les prises de risques, elles, continuent. En 2024 53% des nouvelles contaminations en France était lors de rapport hétérosexuels. Si ça se trouve, une version actuelle du film s’appellerait peut-être « Théa et Hugo dans le même bateau » ! 

Théo et Hugo dans le même bateau est un film de Jacques Martineau et Olivier Ducastel. C’est un drame romantique produit par Ecce Films, d’une durée de 97 minutes, interdit aux moins de 16 ans. Il a été récompensé de plusieurs prix (à Berlin, Guadalajara, Cabourg et San Diego). Geoffrey Couët et François Nambot y incarnent les rôles titres.

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