Top of the Lake, une série télévisée sortie en 2013 sur les chaînes BBC Two, Sundance Channel, UKTV, créée par Jane Campion.
Dans la petite bourgade néo-zélandaise de Laketop, une jeune fille de 12 ans est retrouvée par l’équipe de l’école primaire toute habillée dans le lac réputé maudit par les locaux. La jeune Tui Mitcham est enceinte de plusieurs mois. Si tout le monde ne s’émeut pas de la même manière, Robin une inspectrice de police de Sidney spécialisée dans les affaires d’agression sexuelle prend rapidement le dossier en main.
Quelques jours après, Tui disparaît et l’enquête prend alors une tournure particulière. Rythmée par l’échéance de l’accouchement de Tui, les souvenirs de jeunesse de Robin qui vivait dans les lieux quinze ans auparavant, et entrecoupée des business illégaux et du trafic d’influence du père Mitcham sur la petite ville. En parallèle, on suit une communauté alternative de femmes ayant été blessées par des hommes qui s’installent sur une propriété revendiquée par le père de la jeune Tui.
C’est beau et c’est lent. C’est beau parce que les paysages gris et verts s’affichent avec une sobriété bienvenue qui pourrait en rebuter certains. D’autre part, c’est plutôt très lent, mais l’enquête progresse et chaque épisode apporte de nouveaux éléments qui envoient l’enquête vers une nouvelle direction. Pour une série datée d’avant l’affaire Weinstein, la place qui est laissée à la question des dominations masculines et des agressions sexuelles (leur spectre, leurs conséquences, les traumatismes, etc.) est saisissante.
Nombreuses scènes éprouvantes
Spoiler (si vous ne voulez pas de spoiler, allez directement à la section d’après) :
La série est maline dans sa construction. Car si finalement l’identité de la personne responsable du viol de Tui n’est pas réellement une surprise, c’est parce qu’un sujet encore plus gros émerge. À savoir : quelle place prend un caïd local sur le fonctionnement d’une petite ville repliée sur elle-même ? Une fois que toutes les autorités sont dans la connivence ou la complaisance avec un effet de tranquillité réciproque ? Que se passe-t-il dans le respect de la justice et dans le respect de règles morales quand il se trouve que le caïd local permet à tous les habitants de garder leur vie sur place sans devoir céder à la misère ou devoir vivre l’exil ?
Alors, est-ce qu’on y retrouve une démarche de réduction des risques ? Évidemment non, d’ailleurs TW ++ car il y a de nombreuses scènes particulièrement éprouvantes pour des gens qui auraient été victimes d’agressions sexuelles.